Présidentielle : Les candidats jettent leurs dernières forces dans la bataille

Présidentielle : Les candidats jettent leurs dernières forces dans la bataille

À J-9 du premier tour, quelles tactiques adoptent les candidats pour assurer leur entrée au second tour, alors que le premier tour s’annonce plus serré que jamais ?
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Faire de belles images, marquer les esprits, assurer une couverture sur les chaînes info et les réseaux sociaux : les derniers jours de campagne seront déterminants pour les candidats à la présidentielle, alors que les sondages laissent entrevoir le scénario d’un scrutin serré. Comment les principaux candidats vont-ils aborder les sept derniers jours de campagne officielle ?

Les meetings, pour l’image des rassemblements

Le meeting sera au centre des stratégies des différents candidats pour la dernière ligne droite. C’est « la forme privilégiée des fins de campagnes », considère Stéphane Rozès, président de la société de conseil Cap, et enseignant à Sciences-Po.

« Le meeting est la forme privilégiée des fins de campagnes », considère Stéphane Rozès
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Images : Samia Dechir

Chaque agenda traduit en tout cas l'état de chaque campagne.

Porté par une dynamique qui le rapproche jour après jour d’une qualification au second tour, l’objectif pour Jean-Luc Mélenchon est de la conforter et d’éviter le scénario de 2012, où l’élan était redescendu dans la dernière semaine. La France insoumise prévoit un meeting ce dimanche à Toulouse avant celui attendu mardi à Dijon, qui sera dédoublé dans six autres villes grâce à la technique déjà testée de l’hologramme. Une manière pour le candidat en campagne depuis février 2016 de ménager ses forces et de se démultiplier sur le terrain. Le candidat a prévu un autre évènement pour faire parler de lui : une tournée en péniche sur le canal de l’Ourcq, en Île-de-France.

En grande difficulté dans les sondages, Benoît Hamon, qui sera ce vendredi soir à Rennes, donnera l’un de ses derniers meetings à Toulouse, le 18 avril. Une tradition socialiste depuis François Mitterrand. Mais le candidat a revu ses ambitions à la baisse, choisissant le Zénith plutôt que le stade Ernest Wallon. Benoît Hamon veut également faire le pari d’une place de la République remplie, à l’instar de Jean-Luc Mélenchon qui avait mobilisé plus de 100.000 personnes le 18 mars dans sa marche pour la VIe République. Jeudi, sur notre antenne, il avait appelé les Français à investir le 19 avril ce lieu emblématique de la capitale pour un « grand moment festif ».

Marine Le Pen avait jusqu’ici concentré un grand nombre de ses déplacements et réunions publiques dans les territoires ruraux et les petites communes, une tournée dans ce qu’elle a nommé la France « des oubliés ». La dernière étape en date était le village de Pageas, en Haute-Vienne. Lundi et mercredi, la candidate du Front national mise sur les deux premières villes du pays, Paris (Zénith) et Marseille, capables d’offrir à ses meetings une large affluence.

Rattrapé par ses adversaires dans les enquêtes d’opinion, Emmanuel Macron prévoit plusieurs meetings à partir de lundi : à commencer par une nouvelle démonstration de force à Paris (Bercy), le même jour que l’autre favorite du premier tour Marine Le Pen. Sa venue à Charleville-Mézières est, elle, annulée : la page consacrée a d’ailleurs été supprimée. Le candidat d’En Marche devrait conclure son dernier jour de campagne par un marathon jusqu’à la dernière minute, en Normandie et dans sa région, les Hauts-de-France, avec pas moins de trois meetings organisés : à Rouen, Amiens  – sa ville d’origine – et Arras.

Le dernier meeting de François Fillon est encore un secret bien gardé. Pour l’heure, le candidat de la droite enchaîne les réunions publiques dans les grandes métropoles : ce vendredi soir à Montpellier, avant Nice le 17 avril, l’un des bastions de la droite, et Lille, une terre de gauche.

Les fondamentaux des candidats affichés dans leurs déplacements

En ce week-end pascal, François Fillon tente de renouer avec l’électorat catholique, celui qui l’avait massivement soutenu lors de la primaire. Le député de Paris devrait se rendre samedi au Puy-en-Velay, point de départ des pèlerinages, où son discours devrait aborder le patrimoine et les racines françaises, selon le Monde. Il pourrait également assister à une messe copte dans les Hauts-de-Seine le soir même. Mardi, le candidat est attendu à Calais, selon la Voix du Nord, probablement sur la question migratoire. Afficher une droite rassemblée est un autre enjeu. Alain Juppé pourrait s’afficher avec son ancien rival lors d’un déplacement, c’est du moins ce qu’affirmait jeudi sur LCI Bruno Retailleau.

De son côté, Marine Le Pen pourrait revenir dans les jours à venir sur les fondamentaux de sa famille politique. « Les principales préoccupations des Français sont la sécurité et l'immigration. Il faut donc redire ce qui fait la spécificité de Marine Le Pen. Nous avons dix jours pour le marteler », déclare ce vendredi dans les Échos Jérôme Rivière, l’ancien député UMP qui a rejoint l’équipe de campagne de la candidate.

Benoît Hamon veut, lui, sillonner les régions traditionnellement ancrées à gauche, de la Bretagne au sud-ouest. Le choix de ses déplacements montre une constance dans sa campagne : visite d’un chantier de métro, rencontre avec des habitants des quartiers populaires ou encore réunion sur le thème des perturbateurs endocriniens.

Pour Stéphane Rozès, qui avait notamment conseillé François Hollande en 2012, une fin de campagne ne doit pas être l’occasion de « réorienter les choses mais de travailler ses fondamentaux ».

À J-9 du 1er tour, les candidats "doivent travailler leurs fondamentaux", pour Stéphane Rozès
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Images : Samia Dechir

L'ancien directeur général de CSA estime ainsi qu'Emmanuel Macron devrait préciser un peu plus « sa conception de la France », tandis que Marine Le Pen devrait expliquer, dans sa logique de « repli », « en quoi la France ne se passerait pas des autres ». François Fillon, quant à lui, devrait tenir un discours sur sa « crédiblité » face aux réformes à mener mais aussi garantir aux Français que « l'intégrité politique régnera ». Pour Jean-Luc Mélenchon, l'enjeu serait de « rassurer » les électeurs sur certains éléments de son programme, estime Stéphane Rozès.

Critiquer les adversaires et répondre aux attaques

L’accélération de la campagne, avec le resserrement des courbes, pourrait également conduire les candidats à répondre davantage aux critiques formulées par leurs adversaires. Jean-Luc Mélenchon est notamment devenu une  cible dans les meetings de ses opposants, qu’il s’agisse de Marine Le Pen, de François Fillon, ou encore de Benoît Hamon, qui a en quelque sorte rompu le « pacte de non agression », en l’attaquant sur ses positions vis-à-vis de l’Union européenne.

Après avoir longtemps ménagé ses adversaires, Emmanuel Macron, qui a perdu son avance dans les sondages, a dû ces derniers jours durcir le ton et aller à son tour sur le terrain de la riposte. Dans ses meetings, et dans ses interventions dans les médias, le candidat d’En Marche se montre plus offensif. Mardi, sur Public Sénat et Sud Radio, il avait notamment accusé François Fillon d’être un « homme de peu de valeur ».

Ces stratégies ne seraient pas forcément payantes à en croire Stéphane Rozès, qui considère « si on attaque l’adversaire, c’est que l’on n'est pas suffisamment sûr de son propre propos ».

« Les candidats ne doivent pas se déterminer par rapport aux autres » (Stéphane Rozès)
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Images : Samia Dechir

Et les propositions de dernière minute ?

Dans une fin de campagne où l’indécision reste élevée chez les électeurs, les candidats pourraient-ils être tentés de mettre sur la table une ultime proposition choc ? Le Monde rapporte que la question a fait l’objet d’une réunion au siège d’En Marche le 12 avril, mais qu’aucune majorité ne s’est nouée. On se souvient que sa mesure d’exonération de la taxe d’habitation pour 80% des Français a été formulée tardivement dans la campagne, le 24 février. C’était également à cette même époque (le 27 février 2012), que le candidat François Hollande avait annoncé à la surprise générale une taxation à 75% sur les hauts revenus.

Interrogé sur cette hypothétique méthode, Stéphane Rozès l’observe comme un coup de « communication ».

« François Hollande pouvait se permettre se sortir au dernier moment quelque chose » (Stéphane Rozès)
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Images : Samia Dechir

Une chose est sûre, à J-9 du premier tour, jamais une élection présidentielle n’est apparue aussi ouverte entre quatre candidats.

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