En 2017, plusieurs dirigeants et ex-dirigeants internationaux avaient pris publiquement position en faveur des prétendants à l’Elysée. C’était le cas de l’ancien président des Etats-Unis, Barack Obama qui était sorti de sa réserve au lendemain du débat d’entre-deux tours dans une vidéo publiée sur le compte Twitter d’Emmanuel Macron. Le 44ème président des Etats-Unis avait indiqué en anglais : « Je veux que vous sachiez que je soutiens Emmanuel Macron. » Avant de conclure son intervention en français, « En Marche et vive la France ! »
De son côté, Marine Le Pen avait cultivé sa stature internationale en rencontrant au Kremlin, Vladimir Poutine, une rencontre interprétée à l’époque par les observateurs comme un « adoubement politique. » A la veille du second tour et en pleine guerre russo-ukrainienne, la candidate d’extrême-droite tente de se défaire de cette image de proximité avec le pouvoir russe. Interrogée sur BFM sur la nature des relations entre le RN et Moscou, la députée réplique : « Je n’ai pas de lien d’amitié avec Vladimir Poutine. Je l’ai rencontré une fois dans ma vie. »
Macron, le candidat « anti-Poutine »
L’irruption de la guerre sur le Vieux continent le 24 février et les prises de position de la candidate RN sur l’Union européenne ont conditionné les ralliements et les choix des responsables politiques étrangers pour cette élection présidentielle 2022. Le chancelier allemand Olaf Scholz, le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez et le Premier ministre portugais, Antonio Costa estiment que Marine Le Pen s’est rangée « ouvertement du côté de ceux qui attaquent notre liberté et notre démocratie. » Dans une tribune publiée le 21 avril dans les colonnes du journal Le Monde et dans plusieurs médias européens, le trio appelle les Français de manière implicite sans jamais nommer les deux candidats, ‘à faire le bon choix’entre un « démocrate qui croit que la France est plus forte dans une Union européenne puissante et autonome » et une candidate « d’extrême droite. »
Le Pen, une candidate sous influence du Kremlin ?
Derrière les murs de sa prison le 20 avril, Alexeï Navalny s’est exprimé sur le scrutin à venir dans une série de tweets en français. Le principal opposant à Vladimir Poutine apporte un soutien franc au chef de l’Etat et appelle avant tout à voter contre Marine Le Pen. « C’est sans hésitation que j’appelle les Français à voter pour Emmanuel Macron le 24 avril. » Il s’est dit « choqué » des connexions entre Moscou et le Rassemblement National. En effet, il dénonce l’emprunt contracté par la candidate et son parti auprès de la banque russe First Czech Russian Bank (FRCB), « une agence de blanchiment d’argent bien connue qui a été créée à l’instigation de Poutine », selon l’ancien avocat. « Je ne doute pas un seul instant que leurs négociations avec ces gens et leurs transactions avec eux comportent un accord politique secret. C’est de la corruption. Et c’est une vente de l’influence politique à Poutine », poursuit l’opposant politique.
Interrogé par BFMTV le 21 avril, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a également indiqué sa préférence pour le candidat LREM. « Je veux dire que bien évidemment j’ai des relations avec Emmanuel Macron et je ne voudrais pas les perdre », indique-t-il. Le chef d’Etat ukrainien se refuse d’aller plus loin dans ses déclarations : « Je ne suis pas persuadé que j’ai le droit aujourd’hui d’influencer ce qu’il se passe chez vous. » Il appelle également la candidate Marine Le Pen, « à reconnaitre qu’elle s’est trompée » sur ses positions pro-russes notamment au moment de l’annexion de la péninsule de Crimée à la Fédération de Russie.
Après avoir soutenu Jean-Luc Mélenchon au premier tour, l’ex-président brésilien Lula « prêt » à revenir en politique pour affronter Jair Bolsonaro à l’élection présidentielle d’octobre s’est positionné dans un thread Twitter en faveur d’Emmanuel Macron. « En ce moment décisif, nous espérons que les défenseurs de la liberté, de l’égalité et des droits humains s’uniront autour du candidat qui incarne le mieux les valeurs démocratiques et humanistes : Emmanuel Macron », précise-t-il.
Jeudi, c’était au tour du premier ministre canadien d’annoncer son soutien à Emmanuel Macron : « Je peux dire que ce serait une bonne chose pour le Canada et pour le monde qu’on puisse continuer de travailler avec Emmanuel dans les années à venir », a affirmé Justin Trudeau lors d’une conférence de presse à Ottawa.
Les amis européens du RN
Marine Le Pen peut compter sur le soutien des identitaires et des extrêmes droites européennes. A son meeting de Reims le 5 février, la candidate a affiché tour à tour ses soutiens étrangers avant son discours. Tom Van Grieken, président du Vlaams Belang, un parti en faveur de l’indépendance de la Flandre, Herbert Kick du FPÖ autrichien (parti de la liberté d’Autriche), le portugais André Ventura du Chega et Tomio Okamura, président du parti tchèque SPD (Liberté et démocratie) ont tous appelé les Français à voter en faveur de la députée du Pas-de-Calais le 24 avril prochain.
Marine Le Pen a également invité Matteo Salvini, chef de la ligue et ancien ministre de l’intérieur italien à s’exprimer. L’ancien ministre ne tarit pas d’éloges sur la candidate, « une amie, une alliée, une leader, une femme qui a toujours mis au centre de son combat politique, les citoyens et la France », explique-t-il. « Des millions d’Italiens espèrent qu’avec toi la France change pour que tous ensemble on puisse changer l’Europe, bonne chance chère Marine. » Seul dirigeant européen en poste, Viktor Orban s’est également exprimé dans une courte vidéo en faveur de la candidate Lepéniste.
Le 29 janvier, le Premier ministre hongrois avait déjà apporté un premier soutien à Marine Le Pen en marge d’un sommet réunissant plusieurs partis d’extrême droite. « J’espère que les Français éliront quelqu’un qui est engagé pour la famille pour les valeurs chrétiennes et qui est prêt à s’élever contre les migrations, voilà ce que j’espère. Et Marine Le Pen est clairement ce type de dirigeante. »