Présidentielle: les fonctionnaires privés de débat sur leur avenir

Présidentielle: les fonctionnaires privés de débat sur leur avenir

Les fonctionnaires, 5,4 millions de salariés, sont très présents dans la campagne présidentielle en termes d'effectifs et de coût, mais leur...
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Par Sandra LACUT

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Les fonctionnaires, 5,4 millions de salariés, sont très présents dans la campagne présidentielle en termes d'effectifs et de coût, mais leur mission et leur avenir, sont passés sous silence au risque de voir leur vote essaimer en faveur du Front National.

Au nom de la réduction de la dépense publique, François Fillon, candidat LR, propose d'en supprimer 500.000, l'ex-ministre de l'économie Emmanuel Macron 120.000. A gauche, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon veulent consolider les effectifs. Et à l'extrême droite Marine Le Pen prône des recrutements et des réductions en fonction des secteurs.

Ces discours "alimentent l'idée que les fonctionnaires ne seraient qu'un coût pour la société", dit Bernadette Groison, présidente de la FSU, 2e organisation syndicale de la fonction publique et première fédération de l'Education, qui fustige le "fonctionnaires bashing".

"Quelle est leur place dans la société de demain? Il n'y a pas de réponse pour l'instant" alors qu'"ils traversent une crise qui va au-delà des questions économiques et financières", résume Luc Rouban, directeur au CNRS (Cevipof) et auteur du récent "quel avenir pour la fonction publique ?" (Documentation Française).

Bernadette Groison, présidente de la FSU, 2e organisation syndicale de la fonction publique, le 7 septembre 2016 à Nantes
Bernadette Groison, présidente de la FSU, 2e organisation syndicale de la fonction publique, le 7 septembre 2016 à Nantes
AFP

"C'est là-dessus que les agents attendent de la clarté de la part des politiques", insiste Mme Groison.

Car, comme le montrent les études, les Français plébiscitent les services publics dont "la demande explose", dit M. Rouban.

Mais la fonction publique pâtit de ses "cinq niveaux d'administration" et "d'un système très hiérarchisé, très rigide et très fermé", dont la réforme a été "sans cesse reportée", estime le sociologue.

Il relève que son coût -- 220 milliards d'euros annuels -- "élevé en raison de la décentralisation", reste "nettement inférieur" à celui de la Suède, la Finlande et le Danemark, où "le climat social est bien meilleur et la démocratie se porte mieux". Ces pays emploient la majorité de leurs agents publics au moyen de contrats de droit privé.

Ecole, santé, sécurité, environnement...A François Fillon et Emmanuel Macron, Mme Groison demande de dire si ces services publics seront "privatisés", "externalisés" et "qui paie(ra)".

Du haut fonctionnaire dans un ministère, à l'assistante en école maternelle (ATSEM), les métiers et situations sont très divers, avec "une fracture entre les fonctionnaires de terrain, et les sommets de l'Etat et des collectivités locales, les cadres supérieurs et les cadres dirigeants", analyse M. Rouban.

"Manque de personnel et de moyens", "épuisement professionnel", course "à la rentabilité", "crise des institutions et de l'autorité", "perte de sens" : les personnels hospitaliers et les agents territoriaux se sont mobilisés en nombre à plusieurs reprises pour dénoncer un système au bord de l'implosion.

- Tentation FN -

"Le fonctionnaire n'a pas perdu ses convictions mais il doute de la place portée à l'intérêt général par les gouvernants", analyse Jean-Marc Canon, de la CGT.

Pour Mme Groison, le "sentiment de lassitude, d'abandon, de sous-estime voire de mépris" est fort.

Et comme pour le reste de l'électorat, ce sentiment, nourri du décalage de plus en plus fortement ressenti entre la réalité des missions et le discours politique, se traduit dans les intentions de vote.

Formant un réservoir de 5,4 millions de voix, soit 20% de l'emploi total, encore ancré à gauche en 2012 (37% avaient voté pour François Hollande), nombre d'entre eux disent vouloir voter pour Marine Le Pen, créditée de 22,8% à 25,7% des intentions de vote, explique M. Rouban, à l'appui de la dernière enquête électorale (début mars) du centre de recherches de Sciences Po (Cevipof).

François Fillon, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hammon et Marine le Pen avant le débat TV sur TF1 le 20 mars 2017 à Aubervilliers
François Fillon, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hammon et Marine le Pen avant le débat TV sur TF1 le 20 mars 2017 à Aubervilliers
POOL/AFP

Emmanuel Macron, "qui, selon le sociologue, rassemble des déçus du socialisme et du quinquennat, de vrais centristes et ceux qui croient voter utile en pensant que Hamon n'arrivera pas au second tour", recueille 24% à 26,6% des intentions de vote, contre 15,2% à 18,2% pour le candidat socialiste, 12,7% à 17,4% pour M. Mélenchon. Avec 11,5% à 14% des intentions de vote, François Fillon s'effondre.

La candidate FN arrive en tête chez les catégories C et B, les plus modestes, nombreuses dans la fonction publique territoriale et dans la fonction publique hospitalière où le sentiment de déclassement est fort, selon les syndicats.

Elle est créditée de 9% des intentions de vote chez les 860.000 enseignants et frise les 50% chez les policiers et militaires, où le vote FN est ancré depuis longtemps, selon le Cevipof.

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