La composition du gouvernement de Michel Barnier se fait attendre et la question d’une éventuelle hausse d’impôt, comme le casting, cristallisent les tensions. Le premier ministre a annulé au dernier moment une rencontre avec Gabriel Attal. Au sein de Renaissance, on met en garde Michel Barnier sur la tentation d’une politique trop éloignée du bloc central.
Présidentielle : les Français de l’étranger plébiscitent Emmanuel Macron
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Les résultats du 1er tour sont remontés un peu plus tard pour les Français de l’étranger, mais on en connaît maintenant le détail. Les « Français établis hors de France » représentent une partie non négligeable du corps électoral, avec plus d’1,4 million d’inscrits sur les listes électorales, soit plus de 3 % du corps électoral français, l’équivalent d’un département comme les Bouches-du-Rhône. Mais avec un taux d’abstention record à 64,88 %, et donc seulement un quart des inscrits qui se sont déplacés, les Français de l’étranger n’ont représenté que 500 000 voix dans ce premier tour de la présidentielle, sur environ 36 millions de votants, soit seulement 1,4 % de ceux qui sont allés aux urnes.
Emmanuel Macron à 45 %
Sur ces 500 000 voix, Emmanuel Macron en a rassemblé 225 000, soit 45 % des suffrages exprimés. Un plébiscite assez logique dans une population d’expatriés souvent plus aisée que la moyenne de la population française, surtout avec une participation aussi basse, qui, par des mécanismes d’abstention différentielle, favorise la participation d’un électorat macroniste comparé, notamment, à l’électorat de Jean-Luc Mélenchon ou surtout de Marine Le Pen. Les 11 circonscriptions des Français de l’étranger à l’Assemblée nationale ont d’ailleurs toutes été gagnées par des LREM ou des centristes en 2017, même si certains ont depuis viré de bord, comme Joachim Son-Forget, passé chez Éric Zemmour depuis.
Rapport de force inversé à l’extrême droite : Zemmour devant Le Pen
D’ailleurs, le candidat de Reconquête réalise des scores relativement hauts chez les Français établis hors de France, puisqu’il finit au-dessus de son score national (8,7 % contre 7 %) et surtout, devant Marine Le Pen, très largement en dessous de son score national avec 5,2 %. L’explication est sans aucun doute à chercher dans la sociologie particulière des Français de l’étranger, où les CSP + sont plus fortement représentés que sur l’ensemble du territoire national. Les circonscriptions des Français de l’étranger sont donc très défavorables à Marine Le Pen, qui rassemble un électorat populaire avec un niveau de diplôme relativement plus faible que celui de ses principaux concurrents.
Or, au sein de l’extrême droite, la composition sociale de l’électorat d’Éric Zemmour, plus urbain, plus aisé et diplômé, correspond plus aux milieux sociaux dans lesquels évoluent les « Français établis hors de France. » D’où un score un peu plus élevé que sa moyenne sur l’ensemble des votants d’Éric Zemmour, et surtout une performance très en dessous de son niveau national de Marine Le Pen. Même si le total de voix qui reviennent à l’extrême droite reste bien plus faible chez les Français de l’étranger que sur l’ensemble du territoire. Si l’on ajoute les 1,4 % de Nicolas Dupont-Aignan le total de voix de l’extrême droite représente un peu plus de 15 % des suffrages.
» Pour en savoir plus : Présidentielle : Age, profession, lieu de résidence… quel est le profil des électeurs ?
Jadot et Hidalgo surreprésentés par rapport à leur niveau national
À gauche, Jean-Luc Mélenchon obtient un score identique à son score national, avec 21,9 % des voix, tandis que Yannick Jadot est, lui, relativement surreprésenté chez les Français de l’étranger, avec 8,6 % des suffrages exprimés, presque le double de son score national (4,6 %). Là aussi, une composition traditionnellement urbaine et diplômée de l’électorat d’EELV a pu favoriser Yannick Jadot chez les Français établis hors de France, même si son score permet difficilement de dégager des tendances statistiques sur ce premier tour de la présidentielle 2022. Avec un électorat relativement proche de celui d’EELV, il n’est pas surprenant qu’avec 2,5 % des suffrages exprimés, Anne Hidalgo réalise, elle aussi, un score relativement plus élevé qu’au niveau national (1,75 %).
Pécresse ne tire pas parti d’une sociologie favorable, alors que le communisme, l’anticapitalisme et Jean Lassalle parlent difficilement aux expats
Valérie Pécresse n’a, elle, pas su profiter de cette sociologie particulière des Français de l’étranger, pourtant très favorable à Nicolas Sarkozy en 2012 par exemple, en réunissant 38 % des suffrages au 1er tour, contre 27 % au niveau national, et en finissant à 53 % au 2nd tour, contre 48,3 % au niveau national. La candidate LR obtient 4,2 % des suffrages, contre 4,8 au niveau national.
Sans surprise le communisme ne fait pas carton plein chez les Français établis hors de France, avec 0,6 % pour Fabien Roussel, contre 2,3 % sur l’ensemble du territoire, soit un score 4 fois inférieur. De même pour la gauche anticapitaliste, avec 0,6 % pour Philippe Poutou et 0,25 % pour Nathalie Arthaud. Dans un autre registre, Jean Lassalle non plus n’a pas séduit les Français de l’étranger, puisqu’il sous-performe avec 1,2 % des voix, presque le tiers de son score national.