Présidentielle: Marine Le Pen et Emmanuel Macron, pôles contraires
Ils se disputent le terme de "patriote", s'affichent chacun comme l'incarnation du renouvellement politique. Mais le pro-européen Emmanuel...

Présidentielle: Marine Le Pen et Emmanuel Macron, pôles contraires

Ils se disputent le terme de "patriote", s'affichent chacun comme l'incarnation du renouvellement politique. Mais le pro-européen Emmanuel...
Public Sénat

Par Béatrice LE BOHEC

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Ils se disputent le terme de "patriote", s'affichent chacun comme l'incarnation du renouvellement politique. Mais le pro-européen Emmanuel Macron et la nationaliste Marine Le Pen proposent à la France un avenir diamétralement opposé.

Emmanuel Macron, inconnu des Français il y a encore peu, a créé de toutes pièces son mouvement, "En marche!", pour mener la première campagne électorale de sa vie. Marine Le Pen qui a hérité de son père son parti, le Front national, a personnifié son propre mouvement "Le rassemblement bleu Marine" pour conquérir le pouvoir.

Dans un pays qui traverse une crise d'identité sur fond de chômage et de menace terroriste, chacun se revendique "patriote".

Marine Le Pen, 48 ans, se présente comme la candidate des "patriotes contre les mondialistes". Son nouveau slogan "choisir la France".

Second tour : un duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen
L'évolution positive de l'indice boursier allemand DAX sur un écran de cotation à Francfort le 24 avril 2017
AFP

Emmanuel Macron, 39 ans, se veut le "candidat des patriotes contre les nationalistes". Son slogan: "la France ensemble".

Dans leurs meetings, leurs partisans agitent avec fierté et enthousiasme des drapeaux français, l'hymne national ponctue la fin de leurs discours.

Les deux candidats citent aussi volontiers le général de Gaulle, héros de la résistance française sous l'occupation nazie, pour appeler leurs partisans à la liberté. Tous deux exaltent le destin national, l'Histoire de France, ses écrivains, ses faits de gloire...

Et tous deux veulent mettre fin au traditionnel clivage entre les deux grands partis qui définit la vie électorale française depuis plus d'un demi-siècle. Au premier tour, le 23 avril, ils ont créé le choc en éliminant de la course la droite (Les Républicains) et la gauche (Parti socialiste).

Ils se prétendent tous deux "anti-système" mais leurs adversaires leur rétorquent à l'un et à l'autre le même reproche: être des "héritiers", M. Macron étant accusé de vouloir poursuivre la politique du gouvernement socialiste auquel il a appartenu, Mme Le Pen étant elle accusée de perpétuer l'oeuvre politique de son père.

- 'David contre Goliath' -

Immigration, discrimination et laïcité : les différences
Immigration, discrimination et laïcité : les différences
AFP

L'avocate de formation, qui a repris le flambeau de son père en 2011 à la tête du parti Front national créé en 1972, participe depuis plus de quinze ans à la vie politique française. Elle est eurodéputée.

Pur produit des écoles de l'élite française, l'ex banquier d'affaires Emmanuel Macron est entré en politique en 2012 comme conseiller du président socialiste François Hollande avant de devenir ministre de l'Economie (2014-2016).

Quand l'un prône une "Europe qui protège", l'autre veut revenir à une monnaie nationale et propose un référendum sur l'appartenance à l'Union européenne. L'une bannirait voile et burkini de l'espace public, l'autre non. L'une veut abolir une loi libéralisant le code du travail, l'autre non.

Dans la campagne de l'entre deux tours où le ton est monté d'un cran, Marine Le Pen s'est posée en "David contre Goliath" face à un candidat soutenu par un "vieux front républicain tout pourri".

Son rival, lui, a promis qu'il ne laisserait "pas un centimètre d'espace, pas une seconde de répit, pas une once d'énergie" à Marine Le Pen.

Le discours d'Emmanuel Macron, libéral en termes d'économie et de société, plaît surtout aux jeunes urbains, aux classes moyennes et milieux d'affaires. Celui anti-immigration et anti-Europe de Marine Le Pen attire les classes populaires, les ruraux, les "invisibles" et capte le ras-le-bol des Français victimes d'un chômage endémique.

L'ambiance de leurs meetings est aussi aux antipodes. Il prône une "France ouverte, confiante et conquérante" à laquelle il veut rendre son "optimisme", elle promet de répondre aux peurs liées à l'immigration, l'islam et la sécurité pour "la défense de notre civilisation".

Les partisans de Marine Le Pen parlent de "démonstrations de force", sifflent les adversaires, scandent "On est chez nous". Emmanuel Macron, sourire aux lèvres, voit dans les foules une "démonstration d'envie" et prévient son public: "mes amis, ici on ne siffle pas".

Partager cet article

Dans la même thématique

SIPA_01059366_000001
7min

Politique

Bataille audiovisuel public/médias Bolloré : « Ce n’est pas la gauche contre la droite, mais un modèle démocratique contre un modèle illibéral »

Le paysage audiovisuel français est en train de se fracturer en deux blocs. L’animateur vedette, Pascal Praud a accusé la patronne de France Télévision, Delphine Ernotte de mettre « une cible » sur les journalistes sa chaîne, après que cette dernière a qualifié CNews de « chaîne d’extrême droite ». A moins de deux ans de l’élection présidentielle, l’Arcom, le gendarme de l’audiovisuel, subit une pression inédite. Son président, Martin Ajdari sera, auditionné dans quelques jours au Sénat.

Le

Présidentielle: Marine Le Pen et Emmanuel Macron, pôles contraires
5min

Politique

Mobilisation du 18 septembre : « Soit une politique de rupture est menée, soit on continue à mettre la pression »

A l’appel de l’intersyndicale, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue partout en France pour protester contre le projet de budget pour 2026. Dans le cortège parisien, les manifestants, pas convaincus par la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, sont déterminés à maintenir la pression sur l’exécutif. Reportage.

Le