Présidentielle : pourquoi le gouvernement est-il tenu à la réserve ?
Ce vendredi 18 mars débute la période de réserve électorale. Jusqu’à la fin de la campagne présidentielle, les membres du gouvernement sont tenus de se mettre en retrait et de limiter leurs interventions sur le terrain. Explications.

Présidentielle : pourquoi le gouvernement est-il tenu à la réserve ?

Ce vendredi 18 mars débute la période de réserve électorale. Jusqu’à la fin de la campagne présidentielle, les membres du gouvernement sont tenus de se mettre en retrait et de limiter leurs interventions sur le terrain. Explications.
Public Sénat

Par Pierre-Louis Boucé

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Muets comme des pierres, ou presque. À partir d’aujourd’hui, les agents publics, membres du gouvernement inclus, doivent respecter une période de réserve électorale, et ce jusqu’au dénouement de la présidentielle. Le 10 février, la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) précisait dans une circulaire qu’au cours de cette période, « les fonctionnaires de l’État doivent s’abstenir de participer à toute manifestation ou cérémonie publique de nature à présenter un caractère électoral ».

Le secrétariat général du gouvernement (SGG) demande également aux ministres de limiter le plus possible leurs déplacements, afin de ne pas perturber la campagne présidentielle. Le but est aussi d’empêcher les accusations d’utilisation des moyens de l’État à des fins électorales à moins d’un mois du scrutin.

 

Éviter un mélange des genres

Cependant, cette demande ne s’applique qu’aux déplacements et prises de parole des ministres dans le cadre de leurs fonctions. Les membres du gouvernement peuvent par exemple participer à des meetings, mais « en tant que personnalités politiques ». L’objectif est de prévenir toute confusion avec leurs activités gouvernementales. Si les ministres veulent jouer un rôle actif dans un organigramme de campagne, ils doivent auparavant quitter leur fonction. Ce fut notamment le cas de Nathalie Kosciusko-Morizet en 2012, qui avait démissionné du ministère de l’Écologie pour devenir porte-parole du candidat Sarkozy.

Il existe néanmoins deux exceptions : les ministres peuvent effectuer un déplacement officiel, soit dans un but symbolique (comme lors d’une commémoration), soit dans le cadre d’une crise. Ainsi, Jean-Yves Le Drian serait, en cas d’urgence, libre de se déplacer si le dossier ukrainien le demandait.

Cette période de réserve a cependant des implications économiques. D’après l’article L.52-8 du code électoral, la campagne du président sortant ne peut se faire aux frais de l’État. Ainsi, les frais liés à d’éventuels déplacements de ministres dans le cadre de la présidentielle pourront être comptabilisés dans les dépenses de campagne d’Emmanuel Macron par la Commission des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP). En 2012, la commission avait réintégré aux comptes de la campagne Sarkozy des coûts liés à plusieurs réunions électorales, qui avaient été organisées par Henri Guaino, alors conseiller spécial du président sortant.

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le

Marseille: Amine Kessaci candidate
4min

Politique

Assassinat du frère d’Amine Kessaci : le militant écologiste engagé contre le narcotrafic était « sous protection policière et exfiltré de Marseille depuis un mois »

Le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. L’hypothèse d’un assassinat d’avertissement est privilégiée et pourrait faire basculer la France un peu plus vers ce qui définit les narco Etats. C’est ce que craignaient les sénateurs de la commission d’enquête sur le narcotrafic. Le sénateur écologiste de Marseille Guy Benarroche, proche d’Amine Kessaci a pu s’entretenir avec lui, ce matin.

Le

Présidentielle : pourquoi le gouvernement est-il tenu à la réserve ?
2min

Politique

Assassinat du petit frère d’Amine Kessaci : revoir le documentaire sur le combat contre le narcotrafic du militant marseillais 

Mehdi, le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. En 2020, c’est l’assassinat de son grand frère Brahim, qui avait conduit le jeune garçon à s’engager en politique. Son parcours est le sujet du documentaire « Marseille, des larmes au combat », Anaïs Merad, à revoir sur Public Sénat.

Le

Présidentielle : pourquoi le gouvernement est-il tenu à la réserve ?
3min

Politique

Projet de loi anti-fraudes : « C’est un objet politique qui vise essentiellement à montrer du doigt la fraude sociale »

Invités sur le plateau de Parlement Hebdo, le sénateur Bernard Jomier (Place Publique) et le député Sylvain Berrios (Horizons) sont revenus sur le projet de loi pour lutter contre les fraudes fiscales et sociales, examiné par la Chambre haute depuis mercredi. La majorité rassemblant les élus de la droite et du centre au Sénat ont affermi le texte en commission, y ajoutant une batterie de mesures qui ne fait pas consensus.

Le