Présidentielle : « Que l’exécutif se mêle des parrainages est pour moi un scandale d’État! », tempête Patrick Kanner

Présidentielle : « Que l’exécutif se mêle des parrainages est pour moi un scandale d’État! », tempête Patrick Kanner

Sur Public Sénat, Patrick Kanner, le patron des socialistes au Sénat accuse l’exécutif de vouloir s’emparer de la question des parrainages pour assurer la qualification à l’élection présidentielle de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour, et ainsi renforcer les chances de réélection d’Emmanuel Macron.
Romain David

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« Je suis en colère, vous l’aurez compris ! » Et pas qu’un peu. Le sénateur Patrick Kanner, président du groupe socialiste au sein de la Chambre Haute, n’a pas mâché ses mots mercredi matin pour dénoncer l’initiative du Premier ministre, Jean Castex, qui doit recevoir jeudi plusieurs responsables politiques et représentants des partis pour évoquer la difficulté rencontrée par certains candidats à la présidentielle de réunir le nombre nécessaire de parrainages d’élus. Et c’est en citant Christian Clavier dans Les Visiteurs que Patrick Kanner, en bon cinéphile, a voulu pousser au micro de « Bonjour chez Vous », la matinale de Public Sénat, un véritable coup de gueule : « Mais qu’est-ce que c’est que ce bin’s ? Que vient faire l’exécutif dans cette affaire des parrainages, une semaine avant la fin de la procédure ? Le Premier ministre convoque les deux présidents de chambres et les présidents d’associations d‘élus pour leur dire qu’il y a un déni de démocratie et que tout le monde doit pouvoir candidater. Mais qui, tout le monde ? », enchaîne l’ancien ministre des Sports de François Hollande.

« Est-ce qu’il pense au modèle Bayrou avec sa braderie, non pas de Lille, mais des parrainages ! », tacle encore Patrick Kanner, en référence à la proposition du président du MoDem de mettre en place une « banque des parrainages », dont pourraient profiter les candidats crédités de plus de 10 % d’intentions de vote dans les enquêtes d’opinion. « François Bayrou veut choisir ses candidats. […] Mais de quel droit ? », interroge le sénateur. « En quoi la candidature de Madame Taubira serait moins légitime que celle de Monsieur Zemmour ? On soutient les fachos plutôt que ceux qui ont une vision démocratique de la société ? »

« C’est de la tambouille, du tripatouillage »

Surtout, l’élu du Nord reproche à l’exécutif de chercher à multiplier l’offre à droite de l’échiquier politique pour faciliter la candidature du président sortant. « Jean Castex n’a pas à se mêler de cette question à une semaine de la clôture, c’est de la tambouille, du tripatouillage », accuse Patrick Kanner. « L’objectif est de permettre à Marine Le Pen et Éric Zemmour d’avoir leurs parrainages parce qu’il ne veut pas voir Emmanuel Macron devant Valérie Pécresse, car elle peut le battre », finit par lâcher ce soutien d’Anne Hidalgo.

« Que les élus décident qui parrainer, c’est leur problème, mais que l’exécutif s’en mêle est pour moi un scandale d’État ! », poursuit Patrick Kanner. « Il y a une séparation des pouvoirs, une Constitution, des lois organiques », énumère le sénateur qui admet, néanmoins, que « cette règle des parrainages doit sûrement être adaptée. » « Mais nous l’avons proposé en février 2021 », ajoute-t-il, en référence à un amendement des socialistes au projet de loi organique relatif à l’organisation de l’élection du président de la République. Les élus avaient en effet proposé un mix entre 250 parrainages d’élus et 150 000 soutiens de citoyens. « À l’époque, que nous a dit le gouvernement ? Passez, il n’y a rien à voir ! […] Ce gouvernement est prévenu, archi-prévenu qu’il y a un problème démocratique dans notre pays », martèle Patrick Kanner.

Jean-Luc Mélenchon, en tête à gauche… mais pas encore assez de signatures

La candidate socialiste Anne Hidalgo, forte de ses 1 117 parrainages officiellement validés par le Conseil constitutionnel, a indiqué mardi sur France Inter qu’elle n’aiderait pas ses concurrents à obtenir leurs signatures. Il faut dire que la maire de Paris, qui, sondage après sondage, continue de stagner dans les profondeurs du classement, pourrait potentiellement récupérer quelques électeurs si plusieurs de ses concurrents de gauche ne parviennent pas à se qualifier.

« Je ne crois pas un seul instant qu’elle puisse être à 2,5 ou 3 % », balaye Patrick Kanner. « Je vous rappelle que sa candidature a déjà obtenu près de 1 200 signatures. Elle est très largement soutenue, c’est aussi une forme de sondage », argue-t-il. Une manière aussi de renvoyer dans les cordes Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la France insoumise, qui plafonne pour l’heure à 442 parrainages malgré les 10-11 % affichés dans les enquêtes d’opinion. Ce score a d’ailleurs poussé Ségolène Royal à reconnaître le député des Bouches-du-Rhône comme le candidat « le plus solide » à gauche. Une sortie qui n’a pas manqué de faire grincer des dents dans les rangs du parti à la rose. « Je réponds à Madame Royal que nous sommes en concurrence avec Jean-Luc Mélenchon, et cette gauche protestataire, incantatoire, capable de défiler avec les Frères musulmans », oppose Patrick Kanner, toujours sur Public Sénat.

« Ségolène Royal est passée de désir d’avenir à désir de nuire », raille l’élu. « Madame Royal a soutenu Emmanuel Macron, puis Valérie Pécresse. Elle soutenait le PS quand elle voulait être sénatrice. Et sans doute serait-elle aujourd’hui à ma place, parce que l’ambition est grande chez Madame Royal. Maintenant elle soutient Mélenchon… Attendons le prochain épisode. »

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