La sénatrice LR des Hauts de Seine, Christine Lavarde a réagi au micro de Public Sénat à la nomination de François Bayrou et esquisse le défi qui l’attend. « Il faut que chacun mette de l’eau dans son vin et accepte des choses qui ne sont pas forcément dans son ADN propre.
Présidentielle : qui sont les soutiens de Christiane Taubira ?
Par Romain David
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Le plus dur, certainement, reste à faire. Arrivée sans surprise en tête de la primaire populaire dimanche, Christiane Taubira, va devoir confirmer l’essai et imposer son leadership à gauche, puisque le rassemblement qu’elle appelait de ses vœux, en annonçant son intention de se présenter à l’élection présidentielle en fin d’année, semble toujours au point mort. L’ancienne ministre de la Justice, qui a égrené quelques propositions depuis le début d’année, se voit reprocher par ses détracteurs de faire campagne sous son seul nom. Même si les 67 % des 392 738 votants de la primaire populaire qui lui ont au moins attribué une mention « bien » renforcent la légitimité de sa candidature, elle va devoir engranger les soutiens et consolider sa campagne électorale pour espérer s’imposer sur le reste de la gauche. Pour l’heure, pas encore d’organigramme officiel, mais derrière elle une équipe plus ou moins structurée, qui compte pour l’essentiel d’anciens collaborateurs et des élus issus de la précédente majorité. Mais peu de visages connus du grand public.
La marque des frondeurs
Christian Paul, l’ancien député de la Nièvre, fut l’une des figures de la précampagne de Christiane Taubira. L’actuel maire de Lormes a été secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-mer sous Lionel Jospin. Mais on se souvient surtout de Christian Paul comme l’un des principaux leaders de la fronde socialiste sous le précédent quinquennat, un groupe d’élus issus de l’aile gauche du PS, opposés à partir d’octobre 2012 à la politique économique de François Hollande, jugée trop libérale. En 2017, Christian Paul avait soutenu la candidature d’Arnaud Montebourg à la primaire socialiste.
Dans son sillon, au moins un autre frondeur : l’ex-député de Seine-Saint-Denis, Daniel Goldberg, porte-parole de la candidate, également présenté comme responsable de la mobilisation territoriale dans l’équipe de campagne. Toujours du côté des parlementaires, notons la présence d’Erwann Binet, ancien député de l’Isère, fidèle « hollandais » pour sa part, qui fut le rapporteur du projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe, l’un des textes les plus emblématiques portés par Christiane Taubira durant son passage à la Chancellerie.
Elus locaux
Sans doute faut-il y voir l’influence des réseaux de Christian Paul, car on relèvera également la présence d’un certain nombre d’élus bourguignons parmi les soutiens de Christiane Taubira, comme Fabien Bazin, le président du Conseil départemental de la Nièvre, Patrick Molinoz, le vice-président du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. Et surtout, Marie-Guite Dufay, la présidente de région. Elle reste à ce jour le soutien le plus important décrochée par l’ancienne ministre de la Justice, d’autant que Marie-Guite Dufay s’est prononcée en faveur d’Emmanuel Macron en 2017. Elle a également avoué avoir été approchée en juillet 2020 par Jean Castex pour entrer au gouvernement.
Notons que Benoît Payan, le maire de Marseille, qui avait indiqué qu’il soutiendrait le vainqueur de la primaire populaire, confirme à Libération qu’il apportera bien son parrainage à la candidate, mais laisse entendre qu’il laissera la campagne électorale de côté. « Ça ne m’intéresse pas », lâche-t-il, se disant complètement focalisé sur sa tâche d’édile. En revanche, son adjointe, Olivia Fortin, qui était notamment montée sur scène à la Croix-Rousse juste avant que Christiane Taubira ne confirme sa candidature le 15 janvier, est désormais présentée comme l’une de ses porte-parole au côté de Daniel Goldberg.
D’anciens collaborateurs
Parmi les personnalités plus discrètes qui gravitent autour de la candidate : Axel Urgin, maire adjoint de Créteil, son directeur de campagne, et qui fut aussi le directeur de cabinet de Christian Paul, lorsque celui-ci était aux Outre-mer. Mais aussi d’anciens collaborateurs de Christiane Taubira lorsqu’elle était encore au ministère de la justice. Ainsi, Elie Patrigeon, qui fut son chef adjoint de cabinet, avant de rejoindre celui de Patrick Kanner, après le départ de la ministre en janvier 2016. Ou encore, selon une information du Parisien, Valentin Narbonnais, ancien responsable de sa communication. Désormais maire adjoint de Colombe, celui-ci a épinglé en tête de son compte Twitter un poste de 2016 où il pose bras dessus, bras dessous avec Christiane Taubira.
Christiane Taubira ne fait campagne sous aucune étiquette, mais elle dispose du soutien du Parti radical de gauche, dont elle avait porté les couleurs lors de la présidentielle de 2002. « Aucun autre candidat ne dispose d’une légitimité citoyenne aussi large, elle incarne le rassemblement. Christiane Taubira a déclaré sa candidature, elle avance, laissons quelques heures passer et venir les choses. Elle va appeler les autres candidats de gauche, elle a des capacités de conviction que personne n’ignore », a fait valoir, lundi matin, dans la matinale de Public Sénat, Guillaume Lacroix, le président du PRG. Surtout, le soutien d’un parti installé dans le paysage politique représente un atout majeur dans la collecte des 500 parrainages nécessaires pour valider une participation à l’élection présidentielle.
Relayer le projet
En termes de maillage territorial, la candidate pourrait s’appuyer sur le collectif « Taubira pour 2022 », lancé il y a plus d’un an, et qui revendique quelque 100 000 followers sur les réseaux sociaux, et 80 comités locaux sur le territoire au sein desquels s’activent « entre 40 et 60 personnes », selon des déclarations à BFM TV de leur porte-parole, Johan Jousseaume.
La mise en place d’une force militante reste un incontournable de campagne, pour organiser les opérations de tractage notamment, et porter sur l’ensemble du territoire les propositions de la candidate. Si Christiane Taubira n’a toujours pas présenté de programme complet, à la différence de ses principaux concurrents Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon, elle a déjà évoqué quelques mesures phares. Parmi elles : la mise en place d’un référendum sur l’avenir du nucléaire, une revalorisation du Smic à 1 400 euros net, un revenu mensuel de 800 euros pour les étudiants, ou encore le retour d’un impôt sur la fortune progressif, avec un taux de prélèvement variant de 1 à 3 % du patrimoine. Sur France info lundi matin, la candidate a également déclaré vouloir s’attaquer aux droits de succession, une mesure plutôt portée par la droite.
Dans le dernier pointage du baromètre OpinionWay, publié lundi, Christiane Taubira est créditée de 5% des intentions de vote, à égalité avec l'écologiste Yannick Jadot. Elle arrive devant Anne Hidalgo (3%) et Fabien Roussel (3%), mais reste toutefois largement derrière Jean-Luc Mélenchon, le candidat de La France insoumise (10%)