Présidentielle: tout est possible à deux mois du premier tour

Présidentielle: tout est possible à deux mois du premier tour

A deux mois du premier tour de l'élection présidentielle, l'incertitude n'a jamais été aussi forte sur l'issue du scrutin et tout semble...
Public Sénat

Par Dominique CHABROL

Temps de lecture :

5 min

Publié le

A deux mois du premier tour de l'élection présidentielle, l'incertitude n'a jamais été aussi forte sur l'issue du scrutin et tout semble possible, sous la pression des affaires et du rejet de la classe politique.

François Fillon est contesté dans son propre camp, Emmanuel Macron dans le flou, la gauche éclatée et Marine Le Pen en profite pour renforcer ses chances d'accéder au second tour.

Fillon touché, pas coulé

Hyper favori pour l'Elysée après sa victoire écrasante à la primaire de novembre, François Fillon est désormais un candidat affaibli, miné par les accusations d'emplois fictifs de son épouse et qui peine à faire campagne. L'image de l'ex-Premier ministre, qui se voulait le candidat de l'honnêteté en politique, est très dégradée. "Le problème, c'est que ça touche au mur porteur de sa candidature. Un peu comme si on apprenait que l'écologiste Yannick Jadot est un grand pollueur", souligne Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof. S'il a cédé du terrain dans les sondages, M. Fillon ne s'est pas effondré pour autant. Avec autour de 20% d'intentions de vote, il est régulièrement donné battu au 1er tour, mais peut espérer redresser la barre et s’en remet désormais "au seul jugement du suffrage universel".

Emmanuel Macron, candidat du mouvement En Marche! à la présidentielle, lors d'un meeting à Carpentras, le 17 février 2017
Emmanuel Macron, candidat du mouvement En Marche! à la présidentielle, lors d'un meeting à Carpentras, le 17 février 2017
AFP

Macron, on demande le programme

Environ 20% d'intentions de vote, c'est aussi le score qui permet à Emmanuel Macron d'envisager accéder au second tour. "Il a franchi la barre symbolique des 20% et le seuil de qualification pour le second tour se situera probablement au-dessus de cette barre", note Yves-Marie Cann, politologue à l'institut Elabe. A 39 ans, le leader d'En Marche! bénéficie d'une curiosité bienveillante des Français et du rejet des autres candidats, mais son programme reste vague. "Plus le temps passe, plus il va devoir clarifier ses positions en terme de programme. Et plus il sera concret et transparent, plus il risque de nourrir des déceptions", analyse François Miquet-Marty (Viavoice). La plupart des sondages donnent aujourd'hui l'ex-ministre de l'Economie face à Marine Le Pen au second tour. Si cette hypothèse se confirme, ce serait la première fois que ni droite ni gauche classiques ne seraient présentes au second tour de la présidentielle sous la Ve République.

A gauche, le piège de la désunion

Benoît Hamon, candidat de la gauche à la présidentielle, lors d'un meeting à Lisbonne, le 17 février 2017 au Portugal
Benoît Hamon, candidat de la gauche à la présidentielle, lors d'un meeting à Lisbonne, le 17 février 2017 au Portugal
AFP

La gauche fait les frais de sa dispersion. Après sa victoire à la primaire PS élargie, Benoît Hamon s'est hissé à environ 15% d'intentions de vote, dépassant Jean-Luc Mélenchon, qui stagne autour de 12%. Leurs scores cumulés -environ 27%, soit 9 millions d'électeurs potentiels- montre que le poids électoral de la gauche reste important en France. Mais la fragmentation des candidatures ne leur permet pas d'envisager d'être présents au second tour. D'autant qu'Emmanuel Macron mord sur une partie de l'électorat socialiste, qui juge Benoît Hamon trop radical. Beaucoup dépend des capacités de rassemblement. Si l'écologiste Yannick Jadot -crédité de 2%- tente de se rapprocher de ses concurrents, ni Jean-Luc Mélenchon ni Benoît Hamon n'envisagent pour l'heure une candidature unique.

Le Pen en position de force

Marine Le Pen, candidate du Front national à la présidentielle, lors d'un meeting à Clairvaux-les-Lacs, le 17 février 2017
Marine Le Pen, candidate du Front national à la présidentielle, lors d'un meeting à Clairvaux-les-Lacs, le 17 février 2017
AFP

Avec au-delà de 25% d'intentions de vote, Marine Le Pen dispose d'un socle solide, qui correspond aux scores du Front national aux élections européennes et régionales de 2014/2015 et la place en tête. Elle profite, comme Emmanuel Macron, des difficultés de François Fillon. Dans l'hypothèse d'un duel au second tour, elle serait battue par le candidat de la droite mais est actuellement créditée de 43% (Opinionway) à 44% (Elabe) d'intentions de vote et nombre d'électeurs de gauche rechigneraient à voter Fillon. Dès lors, pour François Miquet-Marty, "au moins statistiquement", l'hypothèse d'une victoire de la candidate FN n'est plus exclue. "Quand on est à 43% à quelques semaines d'un second tour, on n'est pas loin de 50%", souligne-t-il. Et Bruno Cautrès invite à la prudence : "Beaucoup de choses que l'on pensait impossibles sont en train de se produire".

La participation, une clé de l'élection

Ce sera l'une des clés du scrutin. Le renouvellement de l'offre, avec l'élimination de Nicolas Sarkozy, François Hollande, Manuel Valls, Alain Juppé..., joue en faveur de la participation. Mais la pauvreté de la campagne et l'absence actuelle de débats de fond incitent plutôt à l'abstention et pourraient favoriser la candidate FN. "Si on est plutôt sur le terrain des affaires que des programmes, ça pourrait nuire à la mobilisation, prévient Yves-Marie Cann. Beaucoup dépendra de la tenue de la campagne au cours des deux prochains mois".

Dans la même thématique

Paris: JL Melenchon Marche NUPES contre la vie chere
9min

Politique

Face aux tensions entre PS et LFI, le Nouveau Front Populaire en pleine turbulence

Alors que le PS fait un pas vers le socle commun, en proposant un pacte de non-censure pour sortir du blocage à l’Assemblée, LFI dénonce une trahison. Reçus par Emmanuel Macron ce lundi, les écologistes saluent la proposition du Président d’une réunion commune à plusieurs partis. Les communistes assument la main tendue.

Le

Présidentielle: tout est possible à deux mois du premier tour
3min

Politique

Nouveau gouvernement : Emmanuel Macron propose une nouvelle méthode, « un premier pas pour travailler en confiance », selon Marine Tondelier

En quête d’un Premier ministre, Emmanuel Macron a reçu les Ecologistes ce lundi 9 décembre. A la sortie de l’entrevue, Marine Tondelier a assuré que son parti serait « autour de la table » avec les différentes forces politiques pour échanger sur une « plateforme programmatique » voulue par le Président de la République.

Le