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Invitée de la matinale de Public Sénat, Sophie Primas a annoncé que le débat sur l’identité nationale, voulu par François Bayrou, sera lancé « début avril ».
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Par Public Sénat
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Martine Aubry soutient Benoît Hamon pour le second tour de la primaire. Il pouvait difficilement en être autrement. Mais ce renfort de la maire de Lille rappelle le film du quinquennat : le désaccord persistant entre ceux qu’on a appelé les frondeurs et François Hollande et Manuel Valls.
Cette bataille semble continuer pour l’entre-deux tours. Mis en difficulté après les résultats de dimanche, Manuel Valls se fait offensif et prévient qu’avec Benoît Hamon, c’est la « défaite assurée » à la présidentielle. Les soutiens de l’ex-premier ministre ont embrayé sur le même thème dès lundi. « Il y a une gauche qui exerce le pouvoir et une gauche de protestation. Ils sont sur l’analyse que la présidentielle est perdue et que la partie se joue sur la durée, ils posent des choses pour plus tard » estime le député vallsiste Philippe Doucet, interrogé par publicsenat.fr.
Ce matin, le porte-parole du candidat, Olivier Dussopt, invité de Territoires d’infos sur Public Sénat et Sud Radio, a défendu cette « gauche de gouvernement » aux propositions « réalistes et finançables ». « Manuel Valls ne veut pas être désigné et voir, comme l’a fait François Fillon, une partie de son projet mis sous le tapis, sitôt la primaire passée, parce qu’il serait inapplicable ». Regardez :
Benoît Hamon n’a pas voulu rentrer dans ce jeu des attaques. Sorti en tête du premier tour avec une confortable réserve de voix avec Arnaud Montebourg, il peut continuer à dérouler et expliquer son programme. « J’ai trouvé que les déclarations de Manuel Valls hier soir étaient extrêmement agressives. Il n’a pas retenu les leçons du résultat qui sanctionne un bilan au gouvernement et un comportement qui a fracturé la gauche » souligne le député Régis Juanico, porte-parole de Benoît Hamon, interrogé ce matin au pied de la tour Montparnasse, lieu du QG du candidat. Regardez :
Face à Manuel Valls, c’est bien une vision de la gauche, défendue par les frondeurs durant tout le quinquennat, qui semble en passe de remporter la primaire aujourd’hui. Une gauche qui avait d’abord demandé une vraie renégociation du traité européen, une loi de séparation des banques plus ambitieuse, une gauche qui s’opposait à l’accord national sur l’emploi. Pour ensuite demander un CICE sous conditions, puis dénoncer le Pacte de responsabilité, et qui, surtout, avait lutté contre la déchéance de nationalité et la loi travail. Apothéose de cette fronde : une motion de censure de gauche sur la loi travail, signée par 56 députés.
L’heure de la revanche des frondeurs a-t-elle sonné ? Réponse à publicsenat.fr du sénateur PS Jérôme Durain, qui a soutenu Arnaud Montebourg :
« On peut dire que c’est la revanche des frondeurs, mais c’est surtout celle des électeurs qui ont clairement fait leurs choix. Les résultats de Montebourg qui s’ajoutent à Hamon, ça fait une majorité de l’électorat de la primaire qui conteste dans toutes ses formes la politique de François Hollande et Manuel Valls ».
Le sénateur de Saône-et-Loire ajoute : « On vote en 2012 pour « mon ennemi c’est la finance ». Puis on applique la politique des 6% de Manuel Valls à la primaire de 2011, on perd toutes les élections intermédiaires, la déchéance et la loi travail sont contestés et on se rassure en disant qu’on n’est pas assez à droite… »
Laurent Baumel, qui avait été l’un des principaux frondeurs à l’Assemblée, ne reprend pas le terme de revanche, « qui peut paraître un peu infantile », ni celui de victoire, qu’il juge « belliqueux ». « Mais alors qu’on nous a dit ces dernières années qu’on était minoritaire dans le groupe, pas légitime dans nos critiques, ni pour déposer une motion de censure sur la loi travail, je constate que les électeurs ont mis en tête l’un des signataires de la motion… » souligne le député PS, qui a soutenu Arnaud Montebourg.
La sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann ne saute pas de joie non plus, mais elle remet les pendules à l’heure. « On leur dit depuis le début que leur politique n’est pas de nature à répondre aux attentes du peuple de gauche. Ils veulent passer en force, mais ils sont rattraper par le réel. Ils revendiquent être une gauche réaliste, mais le réalisme, c’est que leur ligne a toujours été minoritaire à gauche » souligne la sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann, qui soutient Benoît Hamon pour le second tour. Elle ajoute : « On nous a présenté l’évolution vers le social-libéralisme comme inéluctable, comme un grand mouvement historique, or on constate aujourd’hui qu’il n’en est rien ».
Pour cette figure de l’aile gauche du parti depuis de nombreuses années, « Manuel Valls confond politique de gouvernement et la politique de son gouvernement ». Celle qui a renoncé à se présenter à la primaire estime pour autant que ces deux gauches « ne sont pas irréconciliables. Les deux candidats ont dit qu’ils se désisteraient pour le vainqueur » rappelle-t-elle. Reste à voir s’il y aura des départs de certains vers Macron en cas de victoire de Hamon.
Philippe Doucet reconnaît une forme de sanction de la gauche gouvernemental. Mais selon lui, Manuel Valls paierait pour le chef de l’Etat, à qui il renvoie la faute : « Que des Français ne soient pas contents du quinquennat de François Hollande, bien sûr, Manuel Valls en paie le prix. Et paie le fait que les choix qui ont été faits n’ont pas toujours été assumés ».
Ce soutien de Manuel Valls tempère l’espérance des frondeurs. Il mise sur leurs différences, qui persistent à ses yeux : « On a vu que les désaccords de fond entre Hamon et Montebourg sont considérables : nucléaire, valeur travail, l’Europe ». Si bien qu’il pense qu’une partie des électeurs du troisième homme de la primaire peut se porter sur Manuel Valls pour le second tour. « Les choses sont encore ouvertes. Dans le zapping d’aujourd’hui, tout est possible » croit Philippe Doucet.
Le débat télé, mercredi soir, sera dans ces conditions encore crucial. « Ce sera son projet contre mon projet » a prévenu dès dimanche soir Benoît Hamon. « Le sens de la primaire au fond, c’était de trancher ce débat » pour Laurent Baumel. S’il est confiant sur le résultat, il n’est pas pour autant optimisme pour la suite : « Probablement, Manuel Valls sera battu dimanche. Et si c’est le cas, ce sera étonnant de voir que les deux leaders du quinquennat auront été désavoués par l’électorat. Je n’en tire pas d’enthousiasme, la gauche reste en grande difficulté ».
En Ardèche avec Mathieu Darnaud