Primaire : dans « une campagne à l’arrache » les candidats misent sur les débats

Primaire : dans « une campagne à l’arrache » les candidats misent sur les débats

Face à la durée extrêmement courte de la campagne de la primaire de gauche, les débats seront à nouveau décisif pour jouer la différence. Aujourd’hui, tout semble possible dans ce scrutin.
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Court et intense. Quand la primaire de droite s’apparentait à une course de fond avec une dernière ligne droite, la primaire de la gauche ressemble à un sprint. Difficile de se démarquer avant le premier tour du 22 janvier. C’est dans douze jours.

Un sondage Kantar Sofres-OnePoint pour RTL, Le Figaro et LCI donne Arnaud Montebourg possible vainqueur devant Manuel Valls au second tour. L’ancien premier ministre sortirait en tête du premier tour. Benoît Hamon est tout proche d’Arnaud Montebourg, Vincent Peillon est derrière. Mais la réalité, c’est que ce sondage peut se tromper. Comme d’autres avant lui. Difficile de savoir qui ira voter à la primaire, ce qui rend les études d’autant plus incertaines.

« Il peut y avoir une fébrilité »

Dans les équipes, on fonce, mais on fonce dans le brouillard. On verra à l’arrivée qui se prend un mur et qui arrive à destination. « Il peut y avoir une fébrilité » reconnaît le sénateur PS Jérôme Durain, soutien d’Arnaud Montebourg. La faute au président de la République, selon le sénateur de Saône-et-Loire : « Vous avez vu le caractère tronqué de cette primaire. Le calendrier qui était le calendrier hollandais de cette primaire nous amène à avoir une primaire un peu à l’arrache, avec les fêtes au milieu. On n’a qu’une ligne droite finalement. C‘est un 400 mètres mais on fait un 100 mètres. La marche d’approche a été réduite donc tout peut arriver » (voir la première vidéo : images de Flora Sauvage).

Le dernier bon sondage n’inspire « ni triomphalisme, ni fol espoir » à Jérôme Durain. « C’est très incertain, est-ce que ça va être un public plutôt métropolitain, la France des territoires qui va se déplacer ou un peu des deux ? Est-ce que ce sera 900.000 ou 2,6 millions de personnes ? Ça va largement déterminer le rapport de force entre candidats » souligne le sénateur.

Il est « difficile » d’imprimer en aussi peu de temps. « Techniquement, c’est compliqué. Il y a une grande confusion dans l’électorat de gauche le moins politisé », note le soutien de l’ancien ministre du Redressement productif.

Dans ces conditions, tous les regards se tournent vers le premier débat, ce jeudi soir (Public Sénat est partenaire associé). « Après le premier débat, on aura une indication plus claire du rapport de force », souligne Jérôme Durain.

Carvounas : « On n’est pas en train de définir qui tiendra la maison Solférino »

Pour Manuel Valls, l’équation dans cette campagne ultra courte est compliquée. Populaire en tant que chef de gouvernement, les choses sont différentes pour le candidat. Le début de campagne semble patiner. Son recentrage à gauche peut paraître périlleux et surtout son souhait de supprimer le 49.3 mal compris.

« On mène une campagne non pas pour regarder les 8 premier jours ou les 15 premiers jours mais une campagne se mesure à l’aune des résultats » tempère le sénateur Luc Carvounas, fidèle soutien de Manuel Valls. Mais il reconnaît que son ex-fonction de premier ministre est à la fois « un plus » et « un moins ». Un avantage car il peut déjà revendiquer une stature d’homme d’Etat. Une difficulté car il est « le plus proche de François Hollande par rapport à une défiance qui s’est exprimé à tel point que le Président n’a pas pu se représenter. » « Mais est-ce que les concitoyens vont se poser cette question là ? » demande le sénateur du Val-de-Marne.

Carvounas sur la primaire : « On n’est pas en train de définir qui tiendra la maison Solférino »
01:27

Luc Carvounas récuse en revanche un changement de ligne : « Il s’est gauchisé en rien du tout ». Mais il n’est plus premier ministre, en cela, « oui, il a changé. Il est en train de bâtir un autre projet ». Manuel Valls entend jouer la carte homme d’Etat, dans une primaire très socialiste qui ressemble parfois à un congrès du parti. « On n’est pas en train de faire un concours de mode, de définir qui tiendra la maison Solférino. Je joue la campagne électorales présente et pas d’autres campagnes ». La décision de Manuel Valls de se présenter n’est pourtant pas totalement étrangère à la candidature Macron. En cas de victoire de la droite, il ne faudrait pas laisser à son ancien ministre le monopole de la ligne sociale-démocrate dans l’opposition.

Assouline (soutien de Peillon) : « On n’est ni le Père Noël, ni le Père Fouettard »

Vincent Peillon dispute à Manuel Valls le crédo de la centralité du parti. Après le retrait de François Hollande, l’ancien ministre de l’Education semble vouloir occuper l’espace laissé libre par le chef de l’Etat. Dans le camp Valls, on se fait un malin plaisir à résumer ainsi sa ligne : « Peillon, c’est la synthèse molle »… « Pas du tout, Vincent Peillon est dans le cœur, le noyau dur de ce qu’est la gauche » répond le sénateur PS David Assouline, chargé de la communication du candidat.

Vincent Peillon entend parler à « l’intelligence qu’il y a en chacun des électeurs de gauche. Et ça fait beaucoup de bien. Ça ne veut pas dire qu’on doit en rabattre sur la générosité des propositions, mais on ne dit pas n’importe quoi. On n’est ni le Père Noël, ni le Père Fouettard » lance David Assouline… (voir la vidéo) Sans citer ses camarades de l’aile gauche, le sénateur soutient qu’il ne faut « pas promettre n’importe quoi qui ne sera pas possible d’appliquer, qui provoquera encore des désillusions et en même temps, quand on gouverne le pays et qu’on est de gauche, il faut gouverner avec les fondamentaux de gauche et ne pas ressembler à la droite ». Renvoyer les Montebourg et Hamon sur sa gauche et Valls sur sa droite pour mieux occuper le centre, c’est le pari de Vincent Peillon.

David Assouline, soutien de Vincent Peillon : "On n’est ni Père Noël, ni Père Fouettard"
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Evidement, les sondages n’ébranlent en rien ses partisans. Dans l’équipe de l’ex-ministre, on compte aussi sur les débats, « essentiels dans la primaire ». « Ça va être décisif pour les citoyens de gauche qui hésitent. Ils n’ont pas fait leur choix aujourd’hui » assure David Assouline. « C’est le moment où chacun va montrer son utilité, sa particularité » et pourra « se révéler ».

La surprise Hamon ?

Mais si celui qui mettait tout le monde d’accord, c’était Benoît Hamon ? Le successeur de Vincent Peillon à l’Education se verrait bien être la surprise de la primaire. Là aussi, on compte sur les débats pour révéler Hamon au peuple de gauche. « C’est finalement L’Emission politique, sur France 2 (le 9 décembre, ndlr), qui lui avait permis d’être découvert par l’opinion » note le sénateur PS Georges Labazée, qui lui a apporté son soutien (voir la vidéo). Preuve de la montée que semble opérer Benoît Hamon : Vincent Peillon, Arnaud Montebourg et surtout Manuel Valls ont attaqué sa proposition de revenu universel. L’ex-premier ministre y voit « une société du farniente » et « de l'assistanat ».

Georges Labazée (sénateur PS) sur Benoît Hamon
01:04

« Ce qui est important, c’est le fond » répond Georges Labazée. « Benoît Hamon apporte le revenu universel dans le débat. Dans une population qui est fortement paupérisée, dans des secteurs du monde rural et urbain, il faut apporter des réponses, sinon on aura une société américanisée coupée en deux. (…) En 1945 il n’y avait aucune protection sociale, on a inventé la Sécu. On disait qu’elle couterait une fortune. Sauf qu’elle s’est construite au fil du temps » souligne le sénateur des Pyrénées-Atlantiques. Les débats seront l’occasion pour les candidats de faire connaître leurs propositions déjà connues. Voire en proposer de nouvelles. Chez Montebourg, on évoque « une ou deux poires, pour la soif… »

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