Alors que le gouvernement s’apprête à tomber, chacun réfléchit à la suite. A droite, « le nom de François Baroin recircule », glisse le sénateur LR Roger Karoutchi. Au PS, on tend la main. « Nous sommes à la disposition du président de la République », avance Patrick Kanner, à la tête du groupe PS du Sénat. Pour le centriste Hervé Marseille, il faut « trouver une plateforme d’action, comme disent les socialistes, de non censurabilité, pour essayer de trouver un accord ». Les grandes manœuvres ont commencé.
Primaire PS: la loi travail plane sur les programmes
Par Robin GREMMEL
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Les programmes, encore incomplets, des candidats à la primaire organisée par le PS portent tous la marque du traumatisme provoqué par la bataille autour de la loi travail au printemps.
L'utilisation du 49-3 "est devenue dépassée et apparaît comme brutale". L'attaque frontale émane de... Manuel Valls, pourtant le dernier à avoir eu recours à cet article de la Constitution, pour faire adopter sans vote la loi travail (après avoir fait de même pour la loi Macron en 2015). L'ex-Premier ministre a proposé jeudi de le supprimer "purement et simplement", hors texte budgétaire.
Il rejoint donc par surprise les détracteurs identifiés du 49-3, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon. Ceux-ci réclament également une abrogation de la loi travail, comme Gérard Filoche, ex-inspecteur du travail, qui en fait son cheval de bataille.
Candidat récemment déclaré, Vincent Peillon, entre piques contre Manuel Valls et défense du bilan de François Hollande, a qualifié de "brutalité" l'utilisation du 49-3. Mais il ne reviendrait que sur deux points du texte: la hiérarchie des normes entre la loi et les accords d'entreprise, et la possibilité de moins rémunérer qu'actuellement les heures supplémentaires.
Par delà le sort du 49-3, tous les candidats défendent une démocratie plus participative: Manuel Valls plaide pour plus de "consultations" citoyennes en amont de la rédaction des lois, Benoît Hamon et Arnaud Montebourg pour la présence de citoyens tirés au sort au Sénat, ainsi que pour des fréquents référendums d'initiatives populaires.
Benoît Hamon et Manuel Valls veulent également limiter le nombre de mandats électifs consécutifs, et Jean-Luc Bennahmias (Union des démocrates et écologistes) fixe la barre à deux.
Outre ces thèmes porteurs, les programmes sont inégalement étoffés: celui de Benoît Hamon est quasiment complet, Manuel Valls et Vincent Peillon doivent présenter les leurs en janvier, Arnaud Montebourg s'appuie principalement sur son discours de candidature, fin août.
Gérard Filoche et Jean-Luc Bennahmias développent leurs mesures sur leurs sites respectifs, François de Rugy (Le parti écologiste) se repose pour l'instant sur sa déclaration de candidature fin octobre, et l'on attend les propositions de la radicale de gauche Sylvia Pinel, candidate depuis mercredi, comme celles du candidat surprise Fabien Verdier, conseiller régional socialiste dans le Centre.
- Débat sur le revenu universel -
Des thèmes émergent comme celui, nouveau dans le débat politique, d'un revenu universel, accordé à tous quel que soit le revenu. Benoît Hamon et Jean-Luc Bennahmias le défendent, divergeant sur le montant (530 puis 750 euros par mois pour Hamon, 800 pour Bennahmias).
Manuel Valls quant à lui s'est prononcé en faveur d'un "minimum décent", entre 800 et 850 euros mensuels maximum, qui serait attribué en fonction des ressources.
En matière fiscale, Benoît Hamon et François de Rugy défendent la fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG, que François Hollande promettait, mais "à terme", en 2012.
Arnaud Montebourg rendrait la CSG progressive afin de la diminuer pour les salariés les plus modestes, une mesure votée par les députés en 2015 mais retoquée par le Conseil constitutionnel. Et il promet aux petits et moyens contribuables une baisse d'impôts, tout comme Manuel Valls.
Ce dernier, retrouvant sur ce point sa posture iconoclaste, envisage de réhabiliter une mesure phare du quinquennat de Nicolas Sarkozy, supprimée par la gauche en 2012: la défiscalisation des heures supplémentaires.
Sur l'Europe, Manuel Valls souhaite une Union qui donnerait "de la souveraineté en plus" à ses Etats membres, une position critiquée par Vincent Peillon: "Ca veut dire qu'on ne veut pas d'Europe intégrée".
Jean-Luc Bennahmias et Benoît Hamon espèrent eux une Europe "resserrée" autour de standards sociaux élevés et harmonisés. Arnaud Montebourg rêve, lui, d'un nouveau Traité de Rome, qui redéfinirait le projet européen sur l'"essentiel", éventuellement avec les seuls pays de la zone euro.
Entre les candidats opposés à Manuel Valls, l'énergie constitue un point de clivage. François de Rugy, qui souhaite une production électrique 100% renouvelable en 2050, taxe "d'anti-écolo" Arnaud Montebourg, qui considère le nucléaire comme "un point d'appui" pour sortir des énergies fossile.
Pour sa part, Gérard Filoche espère "sortir de la double dépendance au nucléaire et au pétrole" et Benoît Hamon promet d'atteindre 50% d'énergie renouvelable en 2025.