Primaires écologistes : Jadot et Rousseau qualifiés au second tour dans un mouchoir de poche

Primaires écologistes : Jadot et Rousseau qualifiés au second tour dans un mouchoir de poche

Yannick Jadot est arrivé en tête du 1er tour de la primaire des écologistes (28 %), 3000 voix devant Sandrine Rousseau (25 %). Mais derrière, Delphine Batho (22,4 %) et Éric Piolle (22,3 %) réalisent aussi de très bons scores et la primaire pourrait donc se jouer sur d’éventuels ralliements. Reste à savoir si des scores aussi serrés au 1er tour enclencheront une dynamique ou bien sèmeront au contraire la discorde chez les écologistes.
Louis Mollier-Sabet

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À force, il faudra peut-être finir par comprendre qu’être le favori d’une primaire n’est souvent pas bon signe, surtout chez les écologistes. Noël Mamère, Esther Duflot et Nicolas Hulot en ont déjà fait les frais. Cette fois-ci, c’est Yannick Jadot qui était annoncé grand vainqueur par les sondeurs, certains l’affichant même à 69 % il y a deux semaines. Oui, mais voilà, ce n’est pas faute d’avoir répété que les sondages en population générale sont hautement problématiques pour des primaires qui ont certes rassemblé assez largement, mais qui ne mobilisent qu’une partie très spécifique de l’électorat. En l’occurrence, Sandrine Rousseau a beaucoup plus mobilisé dans la base militante que dans l’opinion en général, ce qui explique son score, qui pourrait paraître inattendu, mais n’est qu’en fait un classique de ce type d’élection.

« On n’a plus l’habitude d’élections aussi incertaines » s’amuse ainsi Guillaume Gontard, président du groupe écologiste au Sénat et soutien d’Éric Piolle. Le sénateur de l’Isère poursuit : « Les sondages se trompent parfois, mais là on était tous d’accord pour dire qu’il était presque impossible de faire des pronostics, c’est rafraîchissant. »

« Ce soir une personnalité est arrivée en tête et c’est Yannick Jadot »

Ce sont des résultats unanimement surprenants, mais Guillaume Gontard tempère le caractère décevant du score de Yannick Jadot : « Ce soir, il y a quelqu’un qui est arrivé en tête et c’est Yannick Jadot. Il n’a pas été la personnalité la plus en vue et il est allé au bout en arrivant en tête, c’était la phase la plus difficile pour lui. » Ces élections ne sont effectivement « qu’une étape » et leur vainqueur devra de toute façon apprendre à rassembler son camp. « Cette faculté à élargir son cercle et à pouvoir parler aux autres » va ainsi être décisive pour Guillaume Gontard, qui pense que « Yannick Jadot a ces qualités-là. »

Si le sénateur de l’Isère est « forcément déçu » du score du maire de Grenoble, ce n’est pas ce qu’il veut retenir de ce premier tour. Guillaume Gontard préfère retenir « le côté positif » avec « des résultats à la hauteur de cette campagne. » Pour lui, les scores de Yannick Jadot, Sandrine Rousseau, Delphine Batho et Éric Piolle « montrent qu’il y avait une équipe défendant le même programme », ce qui pourrait créer une vraie dynamique : « Cela donnera encore plus de force au candidat ou à la candidate désignée plus tard. » Les vaincus ont d’ailleurs réagi dans le même sens dans la foulée : « Cette primaire a fait grandir l’écologie » pour Éric Piolle.

Delphine Batho y voit, elle « une première graine d’un nouveau chemin. »

« Vous avez tous gagné »

Guillaume Gontard va même jusqu’à parler « d’égalité entre les 4 candidats. » N’y voyez pas une contestation des résultats officiels, mais bien la confirmation que les écologistes veulent afficher un front uni au soir du premier tour de leur primaire. « J’ai presque envie de leur dire, vous avez tous gagné et, qui que ce soit, vous avez la force de représenter les écologistes. »

Mais un score aussi serré ne pourrait-il pas alimenter la frustration de certains, ou au moins entacher la légitimité du futur vainqueur ? « Chacun joue le jeu » assure Guillaume Gontard, « parfois on peut perdre à une voix, c’est la démocratie. » Le président du groupe écologiste au Sénat n’en démord pas : « Cela renforce notre cohésion en montrant une vraie maturité du projet écologiste représentant le pôle écologiste dans toute sa diversité. »

En tout état de cause, le second tour reste très ouvert. La première question est celle du ralliement des candidats éliminés aux candidats qualifiés au second tour. Avec un petit quart des voix chacun au premier tour, Batho et Piolle disposent d’un certain pouvoir de négociation. Mais même une fois ces ralliements connus, la question restera ouverte de savoir si la base militante étendue qui a finalement participé à cette primaire (106 000 votants, pour 86 % de participation) suivra ou non ces consignes. On peut tout à fait imaginer un scénario dans lequel les cadres du parti rallient majoritairement Yannick Jadot, mais où la base militante finit par se tourner, elle, vers Sandrine Rousseau. Mais restons-en là, car si une chose est claire ce soir, c’est bien que ce genre de pronostics est pour le moins délicat.

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