Prisé par Chirac ou Giscard, délaissé par Hollande: Brégançon, le fort des présidents
Du général de Gaulle, qui fut le premier à y dormir, à François Hollande, qui n'y séjourna qu'une fois avant de l'ouvrir au public, le fort de...

Prisé par Chirac ou Giscard, délaissé par Hollande: Brégançon, le fort des présidents

Du général de Gaulle, qui fut le premier à y dormir, à François Hollande, qui n'y séjourna qu'une fois avant de l'ouvrir au public, le fort de...
Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Du général de Gaulle, qui fut le premier à y dormir, à François Hollande, qui n'y séjourna qu'une fois avant de l'ouvrir au public, le fort de Brégançon, dans le Var, est une résidence officielle du président de la République depuis 1968.

Situé dans la commune de Bormes-les-Mimosas, ce château du XVIIe siècle perché sur un piton rocheux relié à la côte par une jetée artificielle, doté d'un héliport et d'une petite plage privée, domine une superbe mer turquoise. Arrivé sur place jeudi soir, le couple Macron doit y passer le week-end.

Venu présider les cérémonies du 20e anniversaire du débarquement allié en Provence, le général de Gaulle est le premier chef de l'Etat à y passer la nuit, le 25 août 1964, mais ce n'est que 4 ans plus tard que le fort de Brégançon est affecté définitivement au ministère des Affaires culturelles pour servir de résidence officielle. Pierre-Jean Guth, architecte de la Marine nationale, transforma l'édifice militaire en une résidence agréable tout en respectant ce qui restait de la forteresse, qui reste assez austère.

Le président de la République Valéry Giscard d'Estaing pose avec son épouse Anne-Aymone, le 6 mai 1979, lors de leur séjour au fort de Brégançon
Le président de la République Valéry Giscard d'Estaing pose avec son épouse Anne-Aymone, le 6 mai 1979, lors de leur séjour au fort de Brégançon
AFP/Archives

Au fil des années, les présidents s'y succèdent, avec plus ou moins de régularité. Georges Pompidou et son épouse y séjournent à plusieurs reprises, et son successeur Valery Giscard d'Estaing déroule quant à lui chaque année le même programme: Brégançon, c'est une semaine pendant l'été, deux jours à la Pentecôte et un week-end l'hiver. C'est au cours d'un de ces passages au fort qu'est scellée la rupture avec Jacques Chirac, alors son Premier ministre.

Le chancelier allemand Helmut Kohl (G) et le président français François Mitterrand (D) au Fort de Brégançon, le 24 août 1985
Le chancelier allemand Helmut Kohl (G) et le président français François Mitterrand (D) au Fort de Brégançon, le 24 août 1985
AFP/Archives

François Mitterrand, lui, ne se rendra que très rarement à Brégançon, mais il y reçoit le chancelier allemand Helmut Kohl en 1985 et y passe le week-end pascal 10 ans plus tard, quelques jours avant l'élection présidentielle. Il y reçoit alors quelques journalistes, et cherche à couper court aux rumeurs alarmistes sur son état de santé, tout en assurant que "naturellement", il voterait pour Lionel Jospin --finalement battu par Jacques Chirac.

- Bâtisse assez simple -

Contrairement à son prédécesseur, et même s'il a confié s'y "emmerder", ce dernier contribuera grandement à la légende du lieu, en y faisant de nombreux séjours, en assistant à la messe à Bormes-les-Mimosas... et à la faveur d'une photo de lui dans le plus simple appareil, jumelles autour du cou, sur un balcon du Fort. Réalisée par un des paparazzis navigant au large de la bâtisse à chaque séjour présidentiel, elle n'avait finalement jamais été publiée.

Le président Nicolas Sarkozy (D) avec sa femme Carla Bruni sur la plage de sa résidence du Cap-Nègre, le 2 août 2009
Le président Nicolas Sarkozy (D) avec sa femme Carla Bruni sur la plage de sa résidence du Cap-Nègre, le 2 août 2009
AFP/Archives

A peine élu, Nicolas Sarkozy s'était pour sa part rendu au fort dès le 18 mai 2007 avec son ex-épouse Cécilia. Il y avait préparé les premiers textes de loi de son quinquennat mais n'y était revenu que fin août 2010, pour une réunion de pré-rentrée, préférant souvent passer ses vacances à quelques kilomètres, au Cap-Nègre, dans la villa de la famille de sa troisième épouse, Carla Bruni.

François Hollande, enfin, y avait passé ses premières vacances présidentielles à l'été 2012, mais avait eu la fâcheuse surprise d'être photographié en maillot de bain avec sa compagne Valérie Trierweiler par des paparazzis, et n'y était jamais retourné. Les photos avaient valu un procès au magazine VSD qui les avait publiées.

En 2014, le président socialiste rend même le fort accessible au public, en été, et uniquement sur réservation. Les visiteurs n'y découvrent ni piscine, ni court de tennis, mais une bâtisse assez simple aux étroites fenêtres, décorée de meubles années 70 mais carrelée de tomettes à la provençale.

Au Moyen-Age, le château de Brégançon, alors situé sur le continent, et non sur l'ilôt où se trouve le fort aujourd'hui, et son territoire appartiennent aux vicomtes de Marseille. Le fort restera occupé par une garnison pendant des siècles, Napoléon Bonaparte renforçant le bâtiment qu'il dote d'une artillerie imposante, tout comme le gouvernement français après la guerre de 1870.

Il sera déclassé en 1919, après la Première Guerre mondiale. L'Etat loue ensuite le fort à des particuliers jusqu'en 1963.

Partager cet article

Dans la même thématique

Prisé par Chirac ou Giscard, délaissé par Hollande: Brégançon, le fort des présidents
3min

Politique

« Ce sont des centaines de milliers de patients qui sont aujourd’hui en train de mourir », alerte ce médecin généraliste installé en Haute-Vienne

En France, neuf millions de personnes vivent dans un désert médical. L’augmentation de ce chiffre ne cesse d’inquiéter les professionnels de santé qui appellent le personnel politique à agir au plus vite, car derrière les statistiques se cache un véritable enjeu sanitaire. Raccourcir les parcours de formation des médecins ? Aller aux devants des patients avec des bus médicalisés ? Axel De Tarlé reçoit la sénatrice Corinne Imbert et le médecin généraliste Martial Jardel pour en débattre dans l’émission Et la Santé ça va ?.

Le

Prisé par Chirac ou Giscard, délaissé par Hollande: Brégançon, le fort des présidents
2min

Politique

« On impose des rythmes de cadres à des enfants », constate Sylvain Chemin, membre de la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant

Depuis septembre, près de 140 citoyens tirés au sort se réunissent plusieurs fois par mois au Conseil économique et social pour débattre des temps de l’enfant. Sylvain Chemin, responsable immobilier à Cherbourg-en-Cotentin et père d’une collégienne en classe de 6ème, a pris part aux travaux de cette nouvelle Convention. Son constat est clair et limpide, la réalité des collégiens et des lycéens est à rebours des mesures préconisées. Il témoigne au micro de Quentin Calmet dans l’émission Dialogue Citoyen.

Le

World News – October 14, 2025
10min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : vers « un vote contre » des députés Renaissance, mais un soutien des sénateurs macronistes

La suspension de la réforme des retraites divise au sein de Renaissance. « Il y a deux écoles », entre ceux, plutôt issus de l’aile gauche, prêts à soutenir « le deal » entre Sébastien Lecornu et le PS, et les autres, notamment de l’aile droite, qui ne veulent pas se « dédire » et pour qui cette « concession énorme » reste au travers de la gorge…

Le

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement
5min

Politique

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement

La définition des séances de travail sur le budget 2026 a froissé le président du Sénat, mardi, lors d’une réunion avec les présidents de commission et le gouvernement. Il estime que le Sénat ne peut pas prendre le relais des textes budgétaires dans de bonnes conditions. Une nouvelle conférence des présidents doit revenir sur la question la semaine prochaine.

Le