Prison : les propositions du Sénat
Ce mercredi, les sénateurs Jacques Bigot et François-Noël Buffet ont présenté leur rapport sur la nature des peines, leur efficacité et leur mise en œuvre. Le texte rejoint « dans ses grands principes » le plan prison de la garde des Sceaux, dévoilé hier également, mais les sénateurs prônent une « refonte » plus qu’un « ajustement », et attendent de savoir comment il sera financé.

Prison : les propositions du Sénat

Ce mercredi, les sénateurs Jacques Bigot et François-Noël Buffet ont présenté leur rapport sur la nature des peines, leur efficacité et leur mise en œuvre. Le texte rejoint « dans ses grands principes » le plan prison de la garde des Sceaux, dévoilé hier également, mais les sénateurs prônent une « refonte » plus qu’un « ajustement », et attendent de savoir comment il sera financé.
Public Sénat

Par Alice Bardo / sujet vidéo : Audrey Vuetaz

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Alors que la surpopulation carcérale en France a atteint un nouveau record le 1er août dernier, avec 82 508 détenus pour 59 877 places (118 %), la commission des lois du Sénat examinait, mercredi, le rapport sur la nature des peines, leur efficacité et leur mise en œuvre, présenté par Jacques Bigot, sénateur socialiste du Bas-Rhin, et François-Noël Buffet, sénateur LR du Rhône. Une vingtaine de propositions ont été rédigées.

« Contrairement au gouvernement qui ne propose que des ajustements avec son plan de désengorgement des prisons, nous proposons une refonte du système, pas un ajustement » vante M. Buffet, qui plaide pour des peines « effectivement » et « rapidement » exécutées.

Semi-liberté et travaux d'intérêt général

Pour ce faire, le rapport sénatorial mise sur la semi-liberté et les travaux d’intérêts généraux (TIG) : « L’exécution de courtes peines de prison est contre-productive car la prise en charge des personnes n’est pas immédiate. « Les peines inférieures ou égales à deux ans sont exécutées dans un délai moyen de 18 mois à compter du prononcé définitif ! » s’indigne François-Noël Buffet.

Même son de cloche côté gouvernement puisque la garde des Sceaux prévoit, dans son plan prison, d’introduire la possibilité pour le juge de prononcer une peine de détention à domicile sous surveillance électronique, lorsque celle-ci est entre six mois et un an. En dessous de six mois, la peine s’exécutera, par principe, dehors (TIG ou semi-liberté).

« Il ne faut pas aller jusqu’à l’interdiction des peines »

Nicole Belloubet entend même aller plus loin en supprimant les peines de moins d’un mois. Une mesure qui n’est pas prévue dans le rapport des sénateurs. « Il ne faut pas aller jusqu’à l’interdiction des peines. Certaines courtes peines exécutées dans des établissements adaptés peuvent être utiles », assure François-Noël Buffet.

« Ce qui compte, c’est l’ensemble du dispositif »

Parmi les autres mesures prévues par l’exécutif : la création de « structures d’accompagnement vers la sortie » (SAS) pour accueillir les condamnés à des peines de moins d’un an ou en fin de peine. Le sénateur LR trouve la mesure « bonne, surtout pour les peines de longue durée ». Toutefois, « il y a une discussion sur la manière de faire » : « Ce qui compte ce n’est pas une unité, mais l‘ensemble du dispositif, qui doit être cohérent. Prononcer une peine X si derrière il y a un gravier dans le mécanisme ça ne fonctionnera pas. »

Des études de personnalité des prévenus « le plus vite possible »

Jacques Bigot et François-Noël Buffet préconisent ainsi des études de personnalités des prévenus « le plus vite possible pour que le juge correctionnel puisse rendre sa décision ». « Les tribunaux correctionnels, lorsqu’ils prennent une décision, n’ont pas toujours l’ensemble des éléments qui concernent la personnalité du prévenu donc, parfois, cela crée des difficultés quant à la nature même de la peine et son efficacité », explique le sénateur LR. Et d’ajouter : « Parfois pour obtenir la peine qu’ils souhaitent ils condamnent plus fort en se disant que le juge d’application des peines va réaménager tout cela. »

Mais le plus gros « gravier » reste, pour l’instant, le financement d’une telle réforme. Nicole Belloubet a dit que le budget de son ministère augmenterait « autour de 4 % ». Une augmentation qui paraît « insuffisante » aux yeux des sénateurs, qui souhaitent avant tout savoir à quoi elle va servir » : « Pour l’instant, je n’ai pas eu d’éléments concrets de ventilation des fonds », précise François-Noël Buffet.

Partager cet article

Dans la même thématique

Prison : les propositions du Sénat
3min

Politique

« Le théâtre est un refuge » pour Arthur Jugnot

Arthur Jugnot joue tous les rôles au théâtre, tantôt metteur en scène, auteur ou encore acteur. La scène n’a désormais plus de secret pour lui et depuis plus de vingt-cinq ans, il enchaîne écritures, tournages et représentations à un rythme effréné qui ferait tourner la tête à plus d’un. Invité de Rebecca Fitoussi dans Un monde, un regard, il revient sur son parcours et partage son expérience.

Le

Capture 2
3min

Politique

Cancers : l’Union européenne n’a pas « d’excuse pour ne rien faire »

Un sommet européen sur le Cancer doit se tenir à Bruxelles du 19 au 20 novembre. Il s’agit de la deuxième cause de mortalité sur le Vieux Continent. Chaque année, 2,6 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués. Tabac, alcool, pesticides, polluants divers, nos modes de vie et conditions de travail sont en cause. Alors, comment endiguer le fléau du cancer dans l’Union européenne ? Pourquoi sommes-nous aussi touchés ? Ici l’Europe ouvre le débat avec les eurodéputés Laurent Castillo (PPE, France) et Tilly Metz (Verts, Luxembourg). L'UE n'a pas "d'excuse pour ne rien faire", estime cette dernière.

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le