La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a assuré ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres qu’Emmanuel Macron a acté qu’il n’y avait pour le moment pas « de socle plus large que celui qui est en place aujourd’hui » pour gouverner. Mais, après les consultations des responsables de partis mardi, « le président continue à écouter et à tendre la main ».
Prix de l’énergie : « Abandonner les stations de ski face à cette situation n’est pas envisageable », alerte Cyril Pellevat
Par Quentin Calmet
Publié le
Dans un courrier daté du 5 août dernier et consulté par publicsenat.fr, le sénateur Cyril Pellevat alertait déjà Bruno Lemaire : « L’ensemble des domaines voit leurs dépenses d’électricité exploser pour représenter en moyenne 10 % de CA (chiffre d’affaires, ndlr), atteignant même les 20 % dans certaines stations ». Le sénateur de Haute-Savoie et président du groupe d’étude « Montagne » chiffrait le surcoût de la facture. Le mégawattheure (MWh) était proche de 600€, contre 50€ auparavant.
Et le sénateur de conclure : « Abandonner les domaines skiables face à cette situation exceptionnelle n’est pas envisageable ». Interrogé par publicsenat.fr, il explique : « Nous serons force de proposition dans le cadre du projet de loi de Finances [examiné au Parlement à l’automne, ndlr] afin d’alléger la facture. » Mais le sénateur reconnaît que le dossier est très technique.
Les acteurs de la montagne reçus à Paris
C’est dans ce contexte qu’ont eu lieu plusieurs réunions, aujourd’hui. Des élus de l’association nationale des maires des stations de montagne étaient reçus place Beauvau par Caroline Cayeux, la ministre des collectivités territoriales et Dominique Faure, secrétaire d’Etat à la Ruralité. Dans le même temps, les professionnels de la montagne, dont Domaines skiables de France étaient reçus à Bercy. Les acteurs de la montagne en ont profité pour parler de leurs inquiétudes face à la hausse des prix de l’énergie.
Le gouvernement insiste sur la sobriété
Les professionnels du secteur planchent sur trois solutions pour alléger la facture. La première est de réduire la consommation d’électricité cet hiver. Domaines skiables de France évoque 10 à 15 % d’économies d’énergie réalisables grâce à plus de sobriété. C’est d’ailleurs dans ce cadre qu’ils sont reçus mardi 6 septembre par le cabinet d’Olivia Grégoire, leur ministre de tutelle.
Mais déjà, les exploitants réfléchissent à d’autres solutions. Le prix des forfaits pourrait ainsi augmenter légèrement, après négociations avec les collectivités locales. Mais cette solution inquiète les élus montagnards : « Là attention, en face on a des clients. On ne peut pas prendre tous les risques avec ces augmentations tarifaires. On a beaucoup aidé les exploitants, mais on ne peut pas augmenter sensiblement les tarifs en sacrifiant la délégation de service public », alerte Jean Luc Boch, le président de l’association nationale des Maires de stations de montagne, également édile de la Plagne-Tarentaise.
« Aujourd’hui nous n’avons aucune clarté, aucune visibilité »
La principale solution attendue par tous les acteurs serait un nouveau dispositif d’aide, un « bouclier » tarifaire et spécialement taillé pour les stations de ski. « Nos stations sont en convalescence depuis deux ans. Nous avons besoin de visibilité », ajoute Jean-Luc Bloch. Lui aussi a rencontré les équipes de Bruno Le Maire, au Ministère de l’Economie : « On a bien mis dans l’esprit de Bercy qu’il fallait aller très vite car les réservations, c’est maintenant ! Tout va se jouer dans les quelques mois à venir. »
Les acteurs de la montagne s’alarment et mettent ainsi la pression sur l’exécutif. Un conseiller à Bercy temporise : « Le plan de résilience est activé avec des aides spécifiques lorsque les dépenses en énergie dépassent les 3 % du chiffre d’affaires. » Au ministère de l’Economie, on préfère insister sur les mesures de sobriété énergétique attendues de la part des professionnels des stations de ski. Au passage, on s’y montre un peu agacé que l’on parle déjà d’un plan spécifique pour la montagne.