Pour le président socialiste du département de Seine-Saint-Denis, Emmanuel Macron devrait admettre « que les Français, consultés à trois reprises en juin et juillet, l’ont sanctionné ». Une éventuelle nomination de François Bayrou, reçu à l’Élysée ce vendredi matin, serait donc un mauvais signal.
Prix de la grande distribution : passe d’armes entre Stéphane Travert et Michel-Edouard Leclerc
Par Alice Bardo
Publié le
« Les salopards qui veulent me transformer en anti-agriculteurs, je les renvoie à leurs cases, qu’ils soient ministres ou syndicalistes ». La charge est violente, elle vient de Michel-Edouard Leclerc. Le PDG des magasins éponymes n’a visiblement pas apprécié les propos tenus la veille, par le ministre de l’Agriculture. Invité de l’Audition publique, diffusée sur Public Sénat et LCP, Stéphane Travert avait accusé le patron du géant de la grande distribution « de prendre en otage les consommateurs » en affirmant que les prix allaient augmenter du fait du relèvement à 10% du seuil de revente à perte, prévu dans le projet de loi Agriculture et Alimentation (voir l'article Yann Quercia ici).
Cette mesure ne toucherait que les produits alimentaires, afin « que les marges sur les produits agricoles soient diminuées, pour faire en sorte que, demain, nos agriculteurs soient mieux rémunérés » explique le ministre. Il se veut rassurant auprès des consommateurs, martelant à l’envi que, pour autant, « les prix ne vont pas du tout augmenter ».
« La défense du pouvoir d’achat, c’est dans son ADN »
Pas de quoi convaincre le PDG du groupe Leclerc, qui assure que le relèvement à 10% du seuil de revente à perte « va coûter 1 milliard aux consommateurs ». « Tout à fait possible » de l’avis de Michel Raison, rapporteur du projet de loi Agriculture et Alimentation, qui précise que « d’une manière ou d’une autre, il va redonner cette somme aux consommateurs ». « La défense du pouvoir d’achat, c’est dans son ADN », abonde Sophie Primas, présidente LR de la commission des affaires économiques.
« Ils se font enfumer »
Mais Michel-Edouard Leclerc a plus d’un argument en poche. Au-delà de l’impact négatif qu’il prédit sur le pouvoir d’achat des consommateurs – « à l’heure de la baisse du pouvoir d’achat, on nous demande de vendre plus cher » - il s’érige en défenseur des agriculteurs : « Ceux qui croient qu’augmenter les prix sur les grandes marques c’est pour aider les agriculteurs, ils se font enfumer ».
« Quelle garantie qu’en augmentant le prix du Perrier, ça va augmenter la marge des produits agricoles et retourner à l’éleveur du Finistère ? » interroge le patron du groupe Leclerc. Sophie Primas, présidente LR de la commission des affaires économiques, avoue également ne pas comprendre comment le relèvement du seuil de revente à perte va permettre de dégager un revenu supplémentaire pour le producteur. Un constat que partage Michel Raison, pour qui la seule et unique solution serait de baisser les charges qui pèsent sur les agriculteurs.
« Vent de communication »
Le PDG des magasins Leclerc assure toutefois vouloir « prendre sa part de responsabilité en achetant plus cher au producteur ». « Nous sommes le canal par lequel les consommateurs vont acheter plus cher des produits de qualité, se vante-t-il. « Il se contredit : il dit qu’il ne veut pas que les prix augmentent mais il augmente les prix sur les produits agricoles » rétorque Michel Raison, pas dupe du « vent de communication ».
Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, rappelle, quant à elle, qu’il faudrait « 1 euro par mois et par consommateur pour que les agriculteurs gagnent leur vie. » « C’est vrai que ce serait epsilonesque », confirme la sénatrice LR. De quoi contenter producteurs, consommateurs et distributeurs. Reste à trouver par quelle méthode y arriver.