Le député LREM Thierry Solère a affirmé jeudi n'avoir "pas demandé d'informations" sur l'enquête le visant au garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas, jugé pour "violation du secret professionnel" devant la Cour de justice de la République.
"Je ne cherche aucune information sur le dossier qui me concerne. Je n'ai rien demandé au ministre. Quand je parle à un médecin, je ne lui demande pas d'informations sur la santé d'un tiers, sans quoi je lui demanderais de violer le secret médical", a déclaré le député des Hauts-de-Seine à la barre.
L'ancien ministre socialiste (janvier 2016-mai 2017) est jugé pour avoir transmis les 4 et 5 mai 2017 au député (alors LR) Thierry Solère des éléments de l'enquête qui le visait pour fraude fiscale, via la messagerie cryptée Telegram.
M. Urvoas ne nie pas la matérialité des faits, mais conteste que les documents transmis soient couverts par un quelconque secret.
A la barre, il affirme avoir voulu "défendre l'institution judiciaire" face aux attaques du camp du candidat à la présidentielle de 2017 François Fillon, dont Thierry Solère était le porte-parole.
Le député ne renie pas ses déclarations sur un "cabinet noir" et reste persuadé qu'il n'aurait "jamais été la cible d'une enquête d'une administration fiscale s'il n'avait pas été l'organisateur de la primaire à droite".
Mais il n'a "pas le souvenir de s'être plaint de sa situation personnelle" au ministre, contrairement à ce que dit ce dernier en évoquant une discussion à la Chancellerie en avril 2017.
"Je ne m'attendais pas à recevoir un document de Jean-Jacques Urvoas. Je l'ai envoyé à mon avocat qui m'a dit de le détruire. (...) Ensuite, j'ai veillé à ne plus avoir de relations avec Jean-Jacques Urvoas, je n'ai pas répondu à ses messages d'encouragement et de félicitation pour mon élection à l'Assemblée", a expliqué Thierry Solère.
Se tournant vers l'ancien ministre, le président de la Cour Jean-Baptiste Parlos lâche: "Mais qu'est-ce qui vous a pris?"
Jean-Jacques Urvoas défend à nouveau son bilan, qu'il voyait "ruiné" par la campagne de dénigrement de la droite, et revient sur les "fiches d'action publique" reçues de son administration sur la base de remontées d'informations des parquets.
"Cette note (la fiche sur le dossier Solère) avait été raffinée (filtrée, ndlr) par les magistrats pour être transmise au ministre. Si on me donne un document, c'est pour que je m'en serve!", lance-t-il, excédé.