Projet de loi immigration : un collectif d’associations manifeste devant le Sénat avec le soutien de parlementaires de gauche
Quelques heures avant le début de l’examen du projet de loi immigration au Sénat, ce 6 octobre, le collectif « Uni-es contre l’immigration jetable » regroupant syndicats et associations manifestait devant le Sénat.
« Il n’y a pas d’équilibre dans ce projet de loi », fustige Marie-Christine Vergiat, vice-présidente de la Ligue des droits de l’Homme dès le début du rassemblement. En début d’après-midi, quelques dizaines de personnes ont protesté contre le projet de loi immigration dans sa forme actuelle et ont demandé la régularisation des travailleurs sans papiers. Le collectif UCIJ, qui regroupe plusieurs associations, s’oppose également à la suppression de l’Aide médicale d’Etat. Un point sur lequel le gouvernement n’a pas encore arrêté sa position alors que les sénateurs LR ont modifié le projet de loi en commission et introduit un amendement supprimant l’Aide médicale d’Etat pour la remplacer par une aide médicale d’urgence, plus réduite.
« On va se battre pour la régularisation des sans-papiers qui travaillent »
« On va se battre pour la régularisation des sans-papiers qui travaillent et contre la criminalisation de ces travailleurs », affirme Yannick Jadot présent avec plusieurs sénateurs écologistes au rassemblement organisé par le collectif UCIJ. « Les groupes de gauche vont utiliser tous les moyens pour retarder et obtenir la régularisation des sans-papiers », lance Pascal Savoldelli, sénateur communiste, également présent au rassemblement. Les différents parlementaires de gauche dénoncent une « vision purement utilitariste de l’immigration » et rappellent que « l’immigration rapporte à la France ». Élus comme représentants d’associations insistent sur l’importance des travailleurs étrangers dans beaucoup de secteurs d’activité notamment le bâtiment ou les services. Le délégué de l’association « Coordination des sans-papiers Paris », pointe l’hypocrisie d’un système qui « ne valorise les travailleurs sans papiers que dans la difficulté » en faisant référence à la pandémie de covid-19.
Alors que la droite sénatoriale refuse les articles 3 et 4 du projet de loi immigration sur la régularisation des travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension, la gauche souhaite régulariser tous les travailleurs sans papiers. La droite sénatoriale craint que cette mesure ne déclenche un « appel d’air » migratoire. Un fantasme pour le sénateur écologiste Yannick Jadot qui affirme qu’il « n’y a pas d’invasion migratoire, la France fait moins que ce qu’elle devrait. » L’ancien candidat à l’élection présidentielle ajoute craindre le « projet d’une droite qui n’a plus beaucoup de différences avec l’extrême-droite », un constat repris par Pascal Savoldelli qui évoque « un glissement terrible vers l’extrême droite ».
Les hausses d’impôt ciblées sur les grandes entreprises et les plus fortunés, annoncées par Michel Barnier, continuent de diviser la majorité relative. Frondeur en chef, Gérard Darmanin continue de profiter de sa liberté retrouvée en jouant sa propre partition, au risque d’affaiblir le premier ministre. Tous ne ferment pourtant pas la porte à la hausse de la fiscalité.
Le Premier ministre a indiqué que la réforme constitutionnelle sur le corps électoral de Nouvelle-Calédonie, élément déclencheur des violences dans l’archipel, « ne sera pas soumise » au Congrès. Si cette annonce a soulevé la colère de certains membres du camp présidentiel, de nombreux élus, indépendantistes ou loyalistes, saluent la volonté d’apaisement affichée par le nouveau gouvernement.
Les sénateurs Les Républicains vont publier une tribune en soutien à Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, après la polémique sur l’Etat de droit qui ne serait « pas intangible, ni sacré ». Roger Karoutchi, sénateur LR des Hauts-de-Seine, l’a co-signée. Pour lui, l’Etat de droit « n’est pas immuable » et « l’expression populaire peut le faire évoluer ».
Depuis un forum à Berlin, Emmanuel Macron a estimé mercredi qu’une « taxation exceptionnelle sur les sociétés », telle qu’annoncée par le gouvernement de Michel Barnier, était « bien comprise par les grandes entreprises » mais qu’elle devait être « limitée ». La veille, Michel Barnier avait annoncé aux députés, lors de son discours de politique générale, qu’une participation serait demandée aux « grandes entreprises qui réalisent des profits importants » et aux « Français les plus fortunés », au nom de la « justice fiscale ». Cette taxation exceptionnelle a été confirmée par le Premier ministre au Sénat, ce mercredi. A la sortie du discours de politique générale, le président du groupe écologiste du Sénat, Guillaume Gontard reste prudent. « On verra le montant et l’orientation de cette mesure. Mais une taxation sur les superprofits, c’est quelque chose qu’on a portée et qu’on continue à porter. Que de temps perdu pour se rendre compte qu’on avait besoin d’un peu de justice fiscale », a-t-il regretté sur le plateau de Public Sénat. A ses côtés, la présidente du groupe communiste, Cécile Cukierman s’interroge sur le rôle joué par Emmanuel Macron en cette période inédite. « Ce qui est étonnant, c’est que le Président donne son avis sur un débat qui doit se dérouler entre le gouvernement et le Parlement. Ce serait bien qu’il ne commente pas chaque mesures qui n’ont pas été encore votées d’ailleurs et qui laisse le Parlement faire son travail ».