Projet de loi « portant diverses dispositions urgentes » : un texte « fourre-tout »
Le texte « portant diverses dispositions urgentes pour faire face aux conséquences de l’épidémie de Covid‑19 » a pour but de compléter les dispositifs déjà mis en œuvre pour faire face à la crise du coronavirus. Les sénateurs redoutent une nouvelle avalanche d'ordonnances.

Projet de loi « portant diverses dispositions urgentes » : un texte « fourre-tout »

Le texte « portant diverses dispositions urgentes pour faire face aux conséquences de l’épidémie de Covid‑19 » a pour but de compléter les dispositifs déjà mis en œuvre pour faire face à la crise du coronavirus. Les sénateurs redoutent une nouvelle avalanche d'ordonnances.
Public Sénat

Par Sandra Cerqueira

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le projet de loi sur les dispositions urgentes liées aux conséquences du  Covid-19, examiné le 6 mai dernier en Conseil des ministres, arrive à l’Assemblée cette semaine puis au Sénat la semaine prochaine ( en commission puis en séance le 26 mai prochain.)

« Une fois de plus les délais sont très courts » regrette François-Noël Buffet, vice-président de la commission des Lois au Sénat. « Le contexte a beau être exceptionnel on ne peut pas tout justifier par l’urgence ! Lors de la dernière loi, nous avons reçu le projet le samedi après-midi et le lundi matin nous étions en commission. Sur la forme ça ne va pas ! »

Ce nouveau projet de loi comporte 36 mesures dans une grande variété de domaines. Son objectif? « Faire face à la crise majeure que la France traverse sur le plan sanitaire et à la gravité des conséquences de cette crise sur la vie du pays, par diverses mesures venant compléter celle déjà prises lors de la loi d’urgence du 23 mars 2020. »

Des propositions qui vont dans tous les sens

Le texte donne entre autres, la possibilité aux employeurs des fonctions publiques territoriales et hospitalières de mettre gratuitement à disposition leurs agents, pour qu’ils renforcent les établissements hospitaliers. Il prolonge la délégation aux régions de la gestion des programmes européens ou encore prend en compte le confinement dans la CDIsation au sein de la fonction publique.

Également dans la loi, le report de l’entrée en vigueur d’un certain nombre de réformes administratives. Notamment la réforme du divorce. En matière de justice, le texte habilite, par exemple, le gouvernement à « adapter sur plusieurs points la procédure de jugement des crimes » ou encore à « augmenter le nombre de départements dans lesquels est conduite l’expérimentation de la cour criminelle instituée par la loi de programmation et de réforme de la justice. »

Calcul des retraites

Le projet de loi vise aussi à permettre au gouvernement « d'apporter des adaptations, pour une durée n’excédant pas six mois à compter de la fin de l’état d’urgence sanitaire, aux dispositions relatives à l’activité partielle. » Le texte permettra la prise en compte des périodes de chômage partiel pour le calcul des retraites.

Des mesures sont également prévues pour prolonger des mandats électifs (hors mandats issus d’élections politiques), pour faire face aux difficultés de fonctionnement des juridictions et permettre la reprise de l’activité économique.

Enfin, le projet de loi contient également une ordonnance permettant de prolonger « les titres de séjour expirant entre le 16 mai et le 15 juin 2020 » et quatre autres habilitations sont destinées à faire face aux conséquences du Brexit .«  C’est un catalogue fourre-tout de propositions diverses qui vont dans tous les sens » note Jean-Pierre Sueur, le vice-président socialiste de la commission des Lois au Sénat. Le sénateur s’interroge également sur le « caractère urgent » de ces mesures. 

Le Parlement menacé par un abus d’ordonnances

Mais le plus inquiétant selon le vice-président de la commission des Lois au Sénat ce sont les 33 habilitations à légiférer par ordonnance qui figurent dans le texte.« On ne pourra pas constamment fonctionner avec ce type de texte qui collectionne les ordonnances. Elles sont certes indispensables mais leur utilisation excessive menace chaque fois un peu plus, le travail du Parlement. On ne peut pas mettre de côté la démocratie! » prévient Jean-Pierre Sueur.

Ce projet de loi est censé apporter « des mesures complémentaires » à la loi urgence qui vient d’être votée. Il y a forcément des adaptations nécessaires assure Patrick Kanner  « mais posons-nous la question de leur utilité. Toutes ces mesures sont-elles destinées à rester en vigueur au-delà du 10 juillet, date de la fin de l’État d’urgence sanitaire? » s’interroge le président du groupe socialiste au Sénat.

Une des mesures du projet de loi a attiré son attention : la mise en place d’accords d’intéressement dans les entreprises de moins de 11 salariés qui ne disposent pas d’instances représentatives du  personnel. Une mesure présente dans la loi d’urgence sanitaire du 23 mars dernier qui n’a pas été votée. «  Ce nouveau texte ne doit pas permettre au gouvernement de reprendre la main et de vouloir faire passer des mesures qui ont été rejetées auparavant par le Parlement. Cela me laisse perplexe.»

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris : Les Democrates group parliamentary niche at the National Assembly
9min

Politique

Tensions entre LR et macronistes : « La véritable heure de vérité, ce sera à l’automne avec le budget »

Les difficultés s’accumulent entre LR et l’ex-majorité présidentielle, entre tensions sur le texte énergies ou celui sur les modes de scrutin à Paris, Lyon et Marseille. Quand les macronistes accusent les LR de ne pas « pas avoir de colonne vertébrale », les sénateurs LR reprochent à leurs alliés d’être peu à l’écoute. De mauvais augure pour le budget…

Le

Banque d’images du Sénat – Wlad Simitch Capa Pictures
7min

Politique

Municipales à Paris, Lyon et Marseille : après l’échec de la commission mixte paritaire, le ton monte entre l’exécutif et les LR du Sénat

Le gouvernement entend laisser la réforme sur le mode de scrutin pour les municipales à Paris, Lyon et Marseille revenir à l’Assemblée nationale. L’exécutif reproche au Sénat d’avoir « dynamité » ce mardi 24 juin les négociations entre les deux chambres pour aboutir à un compromis sur ce texte. Les sénateurs, notamment à droite, dénoncent « un passage en force » et réclament l’abandon de cette réforme.

Le

Mairie de Paris, Jeux Olympiques 2024
4min

Politique

Municipales à Paris, Lyon et Marseille : députés et sénateurs échouent à trouver un accord sur la réforme du mode de scrutin

La commission mixte paritaire chargée de trouver un compromis entre l’Assemblée nationale et le Sénat sur la réforme du monde de scrutin à Paris, Lyon et Marseille, pour les élections municipales, a échoué ce mardi 24 juin, quelques minutes seulement après l’ouverture des négociations. Les sénateurs, très largement opposés à ce texte, invitent désormais le Premier ministre à y renoncer.

Le