Projet de loi sur la proportionnelle après le budget : « François Bayrou nous prend pour des enfants », estime Julien Odoul

Hier, François Bayrou a annoncé que le texte sur la proportionnelle, initialement prévu en septembre, sera finalement déposé après les discussions budgétaires. Invité de la matinale de Public Sénat, Julien Odoul, député de l’Yonne et porte-parole du Rassemblement national déplore une « manœuvre » du Premier ministre.
Camille Gasnier

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Dimanche, sur le plateau du Grand Jury RTL-Le Figaro-Public Sénat-M6, François Bayrou a assuré qu’il aurait une « majorité » pour réformer le mode de scrutin des élections législatives en y introduisant la proportionnelle. Julien Odoul affirme que son parti « est très attaché » à ce sujet : « C’est une proposition de Marine Le Pen depuis longtemps ». Si le Premier ministre propose une proportionnelle intégrale, similaire à celle appliquée durant les élections législatives de 1986, le Rassemblement national prône une proportionnelle avec prime majoritaire, permettant à la liste ayant obtenu le plus de voix l’attribution d’un nombre supplémentaire de sièges. Selon Julien Odoul, un tel dispositif permettrait « une meilleure gouvernabilité » : « Nous souhaitons qu’une majorité puisse se dégager pour que l’Assemblée nationale soit gouvernable, et pour qu’il n’y ait pas d’instabilité ».

Le projet de réforme devait être présenté en septembre mais le Premier ministre a finalement annoncé qu’il serait lancé après l’examen du budget. Pour le porte-parole du Rassemblement national, ce report est « une manœuvre » du Premier ministre, lui permettant d’éviter une potentielle censure : « François Bayrou nous avait promis cette réforme en septembre, or elle interviendra après le budget, il nous prend pour des enfants, on comprend très bien la manœuvre ». Le député de l’Yonne atteste que le Rassemblement national « ne tombera pas dans le panneau », et distingue bien l’adoption du budget et la proportionnelle : « Nous ne sommes pas des marchands de tapis, le budget concerne les efforts qui vont être demandés par le gouvernement aux Français, nous souhaitons nous y opposer tandis que la proportionnelle, c’est encore autre chose, il en va de la bonne santé démocratique ».

« Le conclave n’a été qu’un moyen pour François Bayrou de gagner quelques semaines précieuses pour son maintien au gouvernement »

Une motion de censure déposée par le Parti socialiste sera examinée demain à l’Assemblée nationale. Elle fait suite à l’absence d’accords trouvés entre patronat et syndicats à l’occasion du conclave sur les retraites. Julien Odoul maintient que le Rassemblement national ne votera pas cette motion : « La censure telle que proposée par la gauche est une censure d’opérettes et d’apparats ».

Sur le plateau du Grand Jury, le Premier ministre a garanti qu’il ne s’agissait pas d’un échec : « On a été à l’extrême bord d’un accord ». Néanmoins, Julien Odoul estime que ce conclave « n’a été qu’un moyen pour François Bayrou de gagner quelques semaines précieuses pour son maintien au gouvernement ».

Sur le fond, le député RN rappelle que « le vrai changement aura lieu au moment de la présidentielle », lorsque le parti aura « une majorité pour agir, avec un système plus juste, pas arrimé sur un âge mais sur le nombre d’années travaillées ».

Dissolution : « Nous nous y préparons depuis septembre dernier »

Le 8 juillet prochain, Emmanuel Macron pourra à nouveau dissoudre l’Assemblée nationale. Samedi, dans le cadre d’une convention à l’Assemblée nationale réunissant parlementaires français et européens, Marine Le Pen a demandé à ses troupes de se préparer à une nouvelle dissolution, les appelant à ne pas « procrastiner ». Une annonce que confirme Julien Odoul : « Nous nous y préparons depuis septembre dernier, nous préparons des législatives anticipées, nous sélectionnons les candidats, nous serons prêts si le président de la République dégaine la dissolution ».

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