Promotion du hijab : « Ces tweets n’ont rien à voir avec l’application du principe de laïcité en France », estime Jean-Yves Le Drian

Promotion du hijab : « Ces tweets n’ont rien à voir avec l’application du principe de laïcité en France », estime Jean-Yves Le Drian

Devant les sénateurs, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a dénoncé mercredi la campagne en faveur des femmes musulmanes voilées lancée sur les réseaux par le Conseil de l’Europe. La sénatrice LR Valérie Boyer l’avait interpellé sur un « cheval de Troie de l’islam politique ».
Romain David

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Les réactions politiques se multiplient depuis la diffusion sur les réseaux sociaux par le Conseil de l’Europe d’une campagne en faveur de la diversité, célébrant « la liberté dans le hijab ». Au point de pousser l’exécutif à intervenir. Mercredi, Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, a indiqué à la sortie du Conseil des ministres que la France avait réclamé auprès du Conseil de l’Europe, une instance intergouvernementale de défense des droits de l’homme, son retrait. Quelques heures plus tard, c’est le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui est revenu sur cette campagne polémique, à l’occasion de la séance des questions au gouvernement au Sénat. « Ces tweets n’ont rien à voir avec l’application du principe de laïcité en France », a estimé le chef de la diplomatie française.

« Il y a une différence de taille entre défendre la liberté de conscience, de religion, entre le fait de mener une lutte déterminée contre les discriminations et, d’autre part, faire de la part d’une institution comme le Conseil de l’Europe la promotion active d’un signe religieux ou vestimentaire particulier », a souligné Jean-Yves Le Drian. Il répondait à une question de la sénatrice LR Valérie Boyer, celle-ci dénonçant un « cheval de Troie de l’islam politique » : « Comment accepter ce détournement de fonds publics des démocraties, utilisés, non pas pour normaliser une liberté religieuse, mais un enfermement dans le sexe, une négation de la personne ? », s’est-elle agacée.

Des tweets qui « entretiennent l’ambiguïté et ne reflète pas la position officielle du Conseil de l’Europe »

Jean-Yves Le Drian a d’abord invoqué un problème « procédural » : « Les visuels publiés sur les réseaux sociaux ont été établis par des personnes de la société civile lors d’un atelier consacré aux discours de haine à l’encontre des personnes de confession musulmane », a-t-il expliqué. « Le fait qu’ils aient été relayés par le compte twitter officiel du Conseil de l’Europe entretient l’ambiguïté et ne reflète pas la position officielle du Conseil de l’Europe », a-t-il poursuivi. Sur les visuels de cette campagne, plusieurs jeunes femmes apparaissent voilées sur une seule moitié de l’image, avec le message suivant en anglais : « Beauty is in diversity as freedom is in hijab » (« La beauté est dans la diversité comme la liberté est dans le hijab »).

« Sur le fond, cette campagne, par le contenu des messages et les réactions suscitées, a conduit à la réaction inverse à celle recherchée et a gravement méconnu les principes sur lesquels est fondée notre approche du sujet », a encore estimé Jean-Yves Le Drian, assurant que le Conseil de l’Europe avait accédé à la demande de la France en supprimant les posts incriminés dans la nuit de mardi à mercredi. « Nous avons demandé aujourd’hui à la secrétaire générale du Conseil de l’Europe de confirmer publiquement la suppression de ces tweets », a-t-il ajouté.

Peu satisfaite de sa réponse, la sénatrice Valérie Boyer lui a objecté que les visuels, largement commentés, continuaient de circuler sur les réseaux sociaux. « Vous dites agir sur le plan européen mais aucune sanction n’est envisagée, aucune enquête pour savoir d’où vient cette promotion indigne, cette déconstruction », a-t-elle déploré sous les applaudissements de sa famille politique.

Dans la même thématique

Promotion du hijab : « Ces tweets n’ont rien à voir avec l’application du principe de laïcité en France », estime Jean-Yves Le Drian
3min

Politique

Revalorisation du barème de l’impôt : « On peut imaginer plusieurs scenarii », selon Claude Raynal

Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.

Le

Paris: Emmanuel Macron Receives President Of Guinea-Bissau Umaro Sissoco Embalo
4min

Politique

« Réguler les égos » : comment Emmanuel Macron conçoit son rôle dans son camp

Au moment où le chef de l’Etat s’apprête à nommer un nouveau premier ministre, Emmanuel Macron a reçu ce mercredi à déjeuner les sénateurs Renaissance, à l’Elysée. Une rencontre prévue de longue date. L’occasion d’évoquer les collectivités, mais aussi les « 30 mois à venir » et les appétits pour 2027…

Le

Promotion du hijab : « Ces tweets n’ont rien à voir avec l’application du principe de laïcité en France », estime Jean-Yves Le Drian
4min

Politique

Gouvernement : « On ne peut pas simplement trépigner et attendre que le Président veuille démissionner », tacle Olivier Faure

Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, réclame un Premier ministre de gauche, alors que LFI refuse de se mettre autour de la table pour travailler sur la mise en place d’un gouvernement, préférant pousser pour une démission du chef de l’Etat. Ce mercredi, députés et sénateurs PS se sont réunis alors que le nom du nouveau chef de gouvernement pourrait tomber d’un instant à l’autre.

Le