Proportionnelle: « miettes » ou « danger », la dose ne fait pas consensus
Des "miettes" ou un danger pour la stabilité des institutions, la proposition de l'exécutif de faire élire 15% de députés à la...

Proportionnelle: « miettes » ou « danger », la dose ne fait pas consensus

Des "miettes" ou un danger pour la stabilité des institutions, la proposition de l'exécutif de faire élire 15% de députés à la...
Public Sénat

Par Charlotte HILL

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Des "miettes" ou un danger pour la stabilité des institutions, la proposition de l'exécutif de faire élire 15% de députés à la proportionnelle aux législatives est loin de faire consensus dans l'opposition.

L'idée, défendue par Emmanuel Macron dans sa réforme des institutions et à laquelle les Français adhèrent selon des sondages, entend permettre à "toutes les sensibilités" d'être "justement représentées", et d'apporter un remède à une des causes de la "crise d’adhésion à la politique".

A chaque élection, les critiques notamment de "petits partis" contre l'effet amplificateur du scrutin majoritaire se répètent, de longue date.

Mais le sujet est sensible. Nicolas Sarkozy comme François Hollande avaient promis une dose de proportionnelle, sans aller au bout. Seule exception depuis 1958: aux législatives de 1986, François Mitterrand avait choisi la proportionnelle intégrale pour limiter la victoire annoncée de la droite, 35 FN étaient entrés à l'Assemblée.

En annonçant mercredi une dose de 15% couplée à 30% de parlementaires en moins (soit 61 députés sur 404), Édouard Philippe n'a pas détaillé les modalités devant figurer dans un projet de loi ordinaire: listes nationales, régionales ou panachages, redécoupage des circonscriptions, etc.

Les critiques n'ont pas tardé.

Première à réagir, la présidente du FN Marine Le Pen a dénoncé sur Twitter "une aumône à la démocratie!". Présent au second tour de la présidentielle, son parti n'a obtenu aux dernières législatives que huit sièges, contre 314 à LREM (sur 577).

"C'est des miettes, et même M. (François) Bayrou doit pleurer ce soir", a renchéri devant la presse le porte-parole Sébastien Chenu, réclamant une proportionnelle intégrale plutôt que "cette bouillie".

Le président du MoDem avait fait de l'introduction de la proportionnelle une condition du soutien à Emmanuel Macron et poussait pour 25% - haut de la fourchette envisagée par l'exécutif. Il y aura "beaucoup de choses à améliorer" lors du débat parlementaire, a-t-il déclaré à l'AFP.

- "Pas loin du gadget" -

Côté LR, Gérard Larcher, président d'un Sénat déjà élu partiellement à la proportionnelle, n'apparaissait pas contre une dose "raisonnable", autour de 10% initialement. A condition de garantir "un député et d'un sénateur par département".

Mais dans son camp, la plupart veulent "zéro" et plaident que "les institutions de la Ve République, héritées du général de Gaulle, garantissent la stabilité". "L’introduction de la proportionnelle est une lourde erreur car elle achemine la France vers un système à l’italienne", selon un communiqué cosigné notamment par Gérard Larcher, les présidents des députés et sénateurs LR Christian Jacob et Bruno Retailleau, mais aussi Laurent Wauquiez.

Et Philippe Gosselin a calculé qu'il n'y aurait "en gros que 340 députés élus dans les territoires" et "un distinguo entre ceux qui travailleront leur terrain (...) et les apparatchiks".

Partisans de 100% de proportionnelle, les Insoumis ont dénoncé une dose "ridicule". Pour Éric Coquerel, cette mesure "sert à faire passer le reste, le fait qu'on va réduire drastiquement le nombre de parlementaires", alors que "le problème de nos institutions c'est l'hyperprésidentialisme".

Dénonçant une réforme pour "museler le peuple" en transformant l'Assemblée en "think tank", les communistes ont jugé que la "demi-mesure" de la proportionnelle "ne compensera pas ça".

Le socialiste Stéphane Le Foll a jugé "totalement contradictoire" de baisser de 30% le nombre de députés et d'introduire la proportionnelle.

Côté UDI-Agir-Indépendants, la dose a été jugée "pas loin du gadget" par Yves Jégo, le vice-président de l'Assemblée espérant que c'est "une base de discussions". Pour le président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde, "20% est un minimum".

S'il a salué, avec moins de parlementaires et un peu de proportionnelle, une réforme qui "va dans le bon sens", Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) a observé que, sans "effet correcteur fort", la proportionnelle "sera un simple symbole".

Un rapport récent de la fondation Terra Nova (classée au centre gauche) estimait que la dose "devrait se situer entre 25% et 50% des sièges de l’hémicycle pour espérer améliorer la représentativité de l'Assemblée".

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