Propos de Gabriel Attal et de Gérald Darmanin sur le budget : « Certains auraient avantage à se taire ! », tacle Claude Raynal
Ce vendredi, Claude Raynal, sénateur socialiste de la Haute-Garonne et président de la commission des finances du Sénat, était l’invité de la matinale de Public Sénat. Hier soir, le budget pour l’année 2025 a été présenté par le gouvernement. Le sénateur est revenu sur les mesures du projet de loi de finances destinées à faire des économies et a assuré que Gabriel Attal et Gérald Darmanin « auraient avantage à se taire », en évoquant leur opposition à l’augmentation des impôts.
Révélé hier par le gouvernement, le projet de budget comprend bien des hausses d’impôts, et notamment pour les grandes entreprises et les 0,3 % les plus riches. Une mesure destinée à augmenter les recettes de l’Etat, et ramener le déficit public à 5 % en 2025. Le président de la commission des finances du Sénat s’agace de cette opposition des deux anciens membres du gouvernement : « C’est quand même extravagant que Attal et Darmanin mettent des lignes rouges sur le refus de recettes nouvelles, d’impôts nouveaux, alors que ce sont eux qui ont précipité le pays dans cette situation ».
« C’est quand même extravagant que Attal et Darmanin mettent des lignes rouges sur le refus de recettes nouvelles, d’impôts nouveaux, alors que ce sont eux qui ont précipité le pays dans cette situation »
Claude Raynal, sénateur socialiste de la Haute-Garonne et président de la commission des Finances du Sénat
Il ajoute « à un moment donné, je pense que certains auraient avantage à se taire », toujours en évoquant les deux anciens ministres.
« Un budget d’austérité »
Pour Claude Raynal, le projet de loi de finances pour 2025 est « un budget d’austérité », mais « c’est surtout un budget qui est présenté par deux ministres de Bercy, macronistes, qui viennent éponger les problèmes créés par les ministres macronistes précédents ». Le Premier ministre évoquait à son arrivée à Matignon une situation budgétaire « très grave », le président de la commission des Finances souligne que la France « n’a jamais connu ça depuis la Libération », nous sommes dans une période, « qui n’est pas une période de crise », avec une « aggravation sensible de déficit public et du solde ». Il précise qu’entre « la mi 2 023 et l’année 2024, il y a eu une perte de deux points de PIB, et si on regarde ce qu’aurait été la tendance laissée par les ministres en 2027, cela aurait été trois points de PIB […], trois points de PIB, c’est 90 milliards, de dépenses pas maîtrisées et non contrôlées ».
Sur les mesures d’économies, le sénateur socialiste estime que la contribution des grandes entreprises et des plus aisés est une bonne chose, à condition de « bien cibler les entreprises concernées » et de « bien vérifier que les personnes qui ont les revenus les plus élevés contribuent ». En ce qui concerne l’effort de 5 milliards demandé aux collectivités territoriales, Claude Raynal considère que cette proposition est « d’une brutalité extrême » : « On passe d’un système où on a baissé les impôts de 62 milliards, tous les ans, en 7 ans, 62 milliards qui auraient pu être financés par une diminution de la dépense ou par plus de croissance ». D’autant plus que cette mesure ne sera pas sans conséquences sur les entreprises et les ménages : « Quand on dit qu’on va reprendre aux collectivités, on reprend sur leur capacité d’investissement et donc les entreprises vont avoir moins de marchés publics, cela donc avoir un impact sur les Français ». Le gouvernement prévoit également de supprimer 2 200 postes de fonctionnaires. Pour le sénateur socialiste, « c’est une tendance dont il faut se méfier » : « Lorsque l’on commence à parler d’emplois de fonctionnaires de manière trop générale et que l’on se fixe des objectifs de baisse de fonctionnaires sans donner les tendances et les grands objectifs que l’on sous-tend, c’est un mauvais signal ». Il estime que le budget de la fonction publique et notamment celui des enseignants nécessite d’avoir « une vision politique et non une vision comptable ». Enfin, sur la hausse de la taxe des prix de l’électricité, Claude Raynal affirme ne pas être choqué par cette mesure : « En période de crise, on peut diminuer la taxe, lorsque l’on sort de la crise énergétique, on la remet à niveau ».
Antoine Armand, ministre de l’Economie, et Laurent Saint-Martin, ministre des Comptes publics, sont auditionnés à 11h30 par la commission des finances du Sénat pour présenter dans le détail le projet de loi de finances pour 2025.
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