« Si les hommes avaient leurs règles, ça ferait longtemps qu’on aurait des distributeurs partout », sourit la sénatrice, Patricia Schillinger, en évoquant les critiques reçues, lorsqu’elle avait proposé d’expérimenter la gratuité des protections menstruelles pour les femmes précaires. C’est avec satisfaction qu’elle accueille l’annonce de la ministre de l’Enseignement supérieur qui promet la gratuité des protections périodiques pour les étudiantes dès la rentrée prochaine. « On a eu un échange avec la ministre hier soir, je suis très heureuse surtout en cette période particulièrement difficile pour les étudiantes », affirme la sénatrice RDPI (majorité présidentielle).
Durant une rencontre à Poitiers (Vienne) avec des étudiants, mardi 23 février, Frédérique Vidal a indiqué que, dans les prochaines semaines, les résidences des Crous et les services de santé universitaires seront équipés en distributeurs de protections hygiéniques. « On vise 1 500 distributeurs et une gratuité complète à la rentrée », a-t-elle ajouté. Ces protections seront « respectueuses de l’environnement », a précisé le ministère à l’AFP.
Empêtrée dans une polémique suite à ces propos sur « l’islamo-gauchisme » et face à la précarité de plus en plus visible des étudiants, la ministre de l’Enseignement supérieur a donc sorti une mesure qui était déjà dans les tuyaux. Patricia Schillinger avait rendu un rapport commandé par le gouvernement sur la précarité menstruelle en octobre 2019.
Lors du projet de loi de finances pour 2020 son amendement visant à expérimenter la distribution gratuite de protections périodiques avait été écarté, et en 2021 la ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Elisabeth Moreno, indiquait qu’une expérimentation avait été lancée dans les établissements pénitentiaires – même si, avec la crise, la poursuite de ces actions a été reportée à 2021 (lire ici).
A l’Assemblée nationale aussi, un rapport avait été rendu par les députées Laëtitia Romeiro Dias (La République en marche) et Bénédicte Taurine (La France insoumise) sur la précarité menstruelle. Les députées préconisaient notamment l’installation de distributeurs de protections menstruelles dans certains lieux publics, auxquels les femmes sans domicile pourraient avoir accès grâce à des cartes prépayées.
Si l’annonce de la ministre de l’Enseignement supérieur concerne seulement les étudiantes, Patricia Schillinger a bon espoir que la lutte contre la précarité menstruelle s’étende : « On est au tout début de l’histoire. Il y a des associations qui travaillent dessus depuis longtemps mais il faut que la réponse soit apportée au niveau national ».