Prudence après la nomination de François de Rugy: un CV écolo mais quelle politique?
Prudence de rigueur. Les défenseurs de la transition écologique reconnaissaient mardi un véritable engagement écolo à François de...

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Prudence de rigueur. Les défenseurs de la transition écologique reconnaissaient mardi un véritable engagement écolo à François de...
Public Sénat

Par Catherine HOURS

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Prudence de rigueur. Les défenseurs de la transition écologique reconnaissaient mardi un véritable engagement écolo à François de Rugy, nommé pour remplacer Nicolas Hulot, tout en s'interrogeant sur sa capacité à peser sur le gouvernement.

"Ministre de la Transition écologique et solidaire". Le titre lourd de sens voulu par son célèbre prédécesseur reste le même. Le vaste périmètre du ministère aussi, de l'Energie aux Transports. Mais au-delà des symboles le nouveau titulaire fera-t-il la différence?

"On saura rapidement s'il est à la hauteur des espoirs", estime Allain Bougrain Dubourg, président de la Ligue de protection des oiseaux, alors que des dossiers brûlants devront être tranchés prochainement: la feuille de route énergétique de la France, la loi mobilités et le plan vélo, les arbitrages budgétaires pour le plan biodiversité... avant la réforme de la Politique agricole commune.

Dès mardi, des déclarations passées de François de Rugy ont refait surface. Comme lors de la primaire initiée par le PS en 2017 où il se distinguait en prônant une sortie progressive du nucléaire d'ici 2040 et 100% d'énergie renouvelable en 2050.

"On n'a aucun doute sur ses convictions, mais est-ce qu'il aura le poids suffisant pour réussir là où Nicolas Hulot n'a pas réussi, c'est-à-dire à surmonter les oppositions des différents lobbies?", s'interroge Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables.

"Va-t-il suivre ses convictions personnelles et annoncer la fermeture de centrales, la réduction de la part du nucléaire, ou va-t-il suivre la position d'Emmanuel Macron et Edouard Philippe qui consiste plutôt à aller dans la direction opposée?," renchérit Jean-François Julliard, de Greenpeace.

François de Rugy a pour lui son poids au sein de LREM et un savoir-faire politique.

C'est "un écologiste légitime, tout à fait macroniste et il a un avantage majeur: il peut s'appuyer sur l'Assemblée nationale, ce que Nicolas Hulot n'a pas réussi à faire", a relevé Corinne Lepage, ex-ministre de l'Environnement, sur BFMTV.

- "Un Macron écologiste !" -

"Tout le problème est de savoir ce qu'entendent faire le président et le gouvernement", souligne aussi Géraud Guibert, du think tank La Fabrique écologique. "Est-ce que les différents appels qui se sont multipliés ces derniers jours (en faveur de la transition écologique) les amèneront à avancer de manière plus offensive sur un certain nombre d'arbitrages ?"

Depuis la démission de Nicolas Hulot il y a une semaine, les appels à (ré)agir abondent. Comme celui de 100 chercheurs, économistes, politiques réclamant "d'urgence un grand programme d'investissement public" pour amorcer un développement vert riche en emplois. Ou celui de 200 artistes signant une tribune dans le Monde pour sauver la planète.

Parmi les signataires de "l'appel des 100", la négociatrice climat Laurence Tubiana. Jusqu'à présent, "il n'y a pas d'alignement des ministères sur un objectif, par exemple de compatibilité avec l'accord de Paris ou avec la protection de la biodiversité. Or il faut une feuille de route, avec une négociation, des compromis, mais une cohérence dans tous les secteurs du gouvernement", note-t-elle.

Et au niveau européen, sur la question du climat, "la France a un rôle très important à jouer, on a besoin d'un Emmanuel Macron écologiste!"

En attendant, plusieurs initiatives de la société civile ont vu le jour depuis la démission de Nicolas Hulot, appelant sur la toile à "prendre le relais".

"Qui j'ai pour me défendre?", demandait dans son réquisitoire, le ministre démissionnaire. "Est-ce que j'ai une société qui descend dans la rue pour défendre la biodiversité? Est-ce que j'ai une formation politique?"

"Peu importe le nom du ministre, la société civile a la responsabilité de se mobiliser pour contraindre les gouvernements, et nos institutions, à enfin agir", a souligné mardi l'ONG 350.org, qui oeuvre à la fin des investissements dans les énergies fossiles, donnant rendez-vous le 8 septembre pour des marches pour le climat partout en France.

Quant aux chasseurs, qui ont achevé de décourager Hulot, leur fédération s'est félicitée de l'arrivée d'un ministre "pragmatique", et surtout du maintien du secrétaire d'Etat Sébastien Lecornu, à la manoeuvre sur leur dossier.

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