PS : à trois mois du congrès, les appétits s’aiguisent

PS : à trois mois du congrès, les appétits s’aiguisent

Les candidats, déclarés ou possibles, se multiplient au PS avant un congrès de refondation, les 7 et 8 avril. Si l’affiche n’est pas figée, chacun se positionne pour prendre la tête d’un parti qui tentera de retrouver sa place perdue à gauche. Olivier Faure déclare à son tour sa candidature.
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Les choses commencent à se décanter au PS. Mais elles ne sont pas encore stabilisées. A trois mois d’un congrès décisif pour l’avenir d’un parti exsangue depuis sa défaite à l’élection présidentielle, le renoncement de Najat Vallaud-Belkacem, que certains imaginaient incarner la refondation du PS, malgré son parcours gouvernemental, ouvre le jeu.

Stéphane Le Foll a déclaré sa candidature mardi matin, dans un entretien au Maine Libre. Il entend « relever le défi ». Mais difficile d’incarner le renouveau pour l’ancien porte-parole du gouvernement et proche de l’ancien Président François Hollande. Certains soulignent aussi que LREM n’avait pas présenté de candidat face à lui aux législatives… « Sa position est simple. Il est beaucoup lié au bilan. Il ne le renie pas, mais il s’inscrit dans une démarche de renouveau » défend auprès de publicsenat.fr le sénateur PS du Nord, Patrick Kanner, qui soutient Stéphane Le Foll. Pour l’ancien ministre des Sports, « cette gauche de gouvernement n’est pas morte. La social-démocratie, c’est la capacité à lier la loi du marché, le développement économique avec la justice sociale, en privilégiant la plus grande démocratie possible ». Patrick Kanner voit d’autres qualités au Sarthois : « Stéphane Le Foll a de l’expérience au sein du PS et comme membre du gouvernement. Et c’est un battant. (…) Il faut avoir une incarnation » a-t-il affirmé sur l’antenne de Public Sénat. Regardez :

Patrick Kanner : « Stéphane Le Foll est un battant »
00:23

« Hollande reçoit beaucoup »

Alors que François Hollande suit ce qui se passe et « reçoit beaucoup », selon un socialiste, l’image de proche de l’ancien Président n’est pas un boulet que Stéphane Le Foll traînera au pied, selon Patrick Kanner : « Est-ce un boulet d’avoir fait son boulot et d’avoir été loyal ? » « Son ambition, c’est d’être au combat pour les municipales » de 2020, explique le sénateur, qui semble déjà faire l’impasse sur le prochain scrutin de 2019 : « Les européennes, peut-être qu’elles sont pliées. En Marche fera un très bon score, il ne faut pas se leurrer ».

Jusqu’ici, seul le député du Val-de-Marne, Luc Carvounas, s’était déclaré. Cet ancien proche de Manuel Valls se positionne aujourd’hui sur une ligne de rassemblement de la gauche. Mais si le PS compte de moins en moins de militants, les prétendants commencent à se bousculer.

Le président du groupe Nouvelle gauche de l’Assemblée nationale, Olivier Faure, se lance aussi dans l’aventure. « J'ai envie de conduire la renaissance des socialistes » affirme-t-il mercredi dans un entretien au Monde, après avoir annoncé sa candidature mardi soir, lors d’une réunion rassemblant des membres issus du courant majoritaire du dernier congrès. « Personne n'a remplacé le Parti socialiste. Qu'il s'agisse du libéralisme jupitérien de l'un, du populisme protestataire de l'autre ou du nationalisme identitaire de la troisième » souligne Olivier Faure. Il pourrait incarner une ligne d’équilibre au sein du parti. De quoi le mettre en bonne place, pensent certains.

« Hémorragie » chez les militants

Julien Dray, un autre proche de François Hollande, est toujours là et lui aussi y « pense », « pas simplement en (se) rasant ». Le sénateur PS Rachid Temal, « coordinateur » du PS, qui joue le rôle de numéro 1 par intérim d’ici le Congrès, n’écarte pas non plus l’idée d’y aller. « Ma candidature n'est pas impossible mais elle ne serait entendable que si je proposais un projet concret » a-t-il lâché la semaine dernière sur Sud Radio. Avant d’en appeler ce matin sur RFI à ce « que cette majorité sortante n’ait qu’un seul candidat ». « Il faut que ceux qui pensent la même chose se rassemblent. Ce n’est pas un concours de beauté » met en garde Rachid Temal.

Même message de la part de Patrick Kanner : « Si on est d’accord sur le fond, on doit être capable de se mettre d’accord sur un nom ». D’autant que les militants sont toujours traumatisés par la défaite et les divisions passées. « C’est l’hémorragie » reconnaît Patrick Kanner. « Dans le Nord, aujourd’hui, on a dû perdre plus de la moitié des adhérents. On doit être entre 2000 et 3000 aujourd’hui. En 2012, on devait être plus de 10.000 » détaille le sénateur.

Lienemann : « Retrouver les fondamentaux socialistes : être une gauche antilibérale, républicaine, ouverte sur les évolutions de la société et du monde »

Face à cet axe central, la gauche du parti espère emporter la mise. Le député européen Emmanuel Maurel sera candidat. Mais pour la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, qui lui est proche, « les personnes sont finalement assez secondaires car chacun a compris que nous n’avons pas le leader charismatique ». Ce qui compte, « c’est le choix du PS. Est-ce qu’il faut fermer la page de François Hollande et prendre la gravité de la défaite ? (…) Il faut retrouver ses fondamentaux socialistes : être une gauche antilibérale, républicaine, ouverte sur les évolutions de la société et du monde » (voir la vidéo ci-dessous, images de Jérome Rabier). Si les questions ne sont pas essentielles, reste que « Stéphane Le Foll incarne la continuité » pour la sénatrice de Paris. « Luc Carvounas est moins marqué, mais il a été proche de Manuel Valls. On a besoin de combattants solides sur la ligne politique et pas fermés. Emmanuel Maurel incarne cela ».

Lienemann : « il faut retrouver les fondamentaux socialistes : être une gauche antilibérale, républicaine, ouverte sur les évolutions de la société et du monde »
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Bien que Benoît Hamon et certains de ses amis aient quitté le PS, Marie-Noëlle Lienemann souligne que « l’essentiel des droitiers du parti sont déjà partis ». Les anciens frondeurs espèrent devenir majoritaires. Quitte à élargir et à reprendre l’idée… de la synthèse, chère à Hollande et qui a pourtant fait du mal au PS, par manque de clarté. « Emmanuel Maurel est dans la volonté de créer une nouvelle synthèse » explique la sénatrice. « Je crois que beaucoup de gens, qui étaient même favorables à François Hollande, sont pour rentrer dans un PS des temps nouveaux ».

Le Foll, Dray, Faure, Carvounas, Maurel… Les acteurs du congrès du PS semblent vouloir rejouer un film déjà trop vu chez les socialistes. La superproduction en moins, avec un parti considérablement affaibli.

« Le PS doit se réveiller. Il est minuit moins 5 avant sa disparition »

Face à ce sentiment de déjà-vu, certains socialistes veulent revoir le script qui leur semble écrit d’avance. Dimanche, dans le JDD, une trentaine de cadres – premiers secrétaires départementaux, secrétaires nationaux comme Sébastien Denaja, deux sénateurs et la députée Valérie Rabault – ont publié un « manifeste pour un progrès partagé ». « Le PS doit se réveiller. Il est minuit moins 5 avant sa disparition. Il faut réagir » affirme à publicsenat.fr le premier secrétaire fédéral de Haute-Garonne, Sébastien Vincini, à l’initiative de la tribune. Il ajoute : « On réclame un véritable bing bang. Nos militants en ont ras le bol de voir cet entre-soi, ces réunions en conclave, cette course d’ego. La social-démocratie doit être complètement revisitée. Pour ça, il faut se confronter au réel et remettre un peu d’humain dans le progrès ».

Il défend « un triptyque : nouveaux visages, nouvelle orientation, nouvelle organisation ». Le tout « structuré en partant des territoires ». Lui ou un autre sera-t-il candidat ? « S’il n’y a aucune volonté de changer la grille de lecture, de promouvoir de nouveaux visages, on ne s’interdit rien » prévient l’élu de Cintegabelle, l’ancien fief de Lionel Jospin. Il ajoute : « Depuis 15 ans, ça se passe dans les couloirs de Solférino. Aujourd’hui, ça suffit ». Si Valérie Rabault, Sébastien Denaja, Sébastien Vincini lui-même ou d’autres pourraient jouer ce rôle, ce groupe ne veut « pas fermer la porte aux quadras » du parti… Au PS, les grandes manœuvres ne sont pas terminées. Les candidats à la succession de Jean-Christophe Cambadélis ont jusqu'au 27 janvier pour se déclarer.

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