Après un premier round de discussion, le PS et LFI ont constaté qu’ils n’avaient pas de « point de blocage insurmontable » sur le programme en vue des législatives. Un « vrai bougé » des socialistes vers le parti de Jean-Luc Mélenchon, préalable nécessaire avant de parler des candidats.
Qui l’eut cru ? La France Insoumise et le Parti socialiste qui soulignent leurs convergences, après 2h30 de réunion. Ce qui paraissait impensable il y a peu, commence à se dessiner. Le premier tour de la présidentielle avec les 21,95 % de Jean-Luc Mélenchon et les 1,75 % d’Anne Hidalgo sont passés par là.
La discussion, limitée aux questions programmatiques avec de parler lutte des places, ne se passait pas en terrain neutre, mais au siège de LFI. Sur la grille de l’entrée, une feuille imprimée, collée la veille par les journalistes de Quotidien, met dans l’ambiance : « Matignon ». C’est l’objectif de Jean-Luc Mélenchon, qui rêve d’une cohabitation après des législatives victorieuses pour la gauche, qui serait unie.
« On va se revoir très vite, d’ici la fin de la semaine »
A la sortie, le porte-parole du PS, Pierre Jouvet, entouré de l’équipe de négociateurs, ne saute pas encore de joie. Mais il salue ce moment. « On sort d’une rencontre positive. Nous avons eu une discussion constructive, qui nous a permis d’avancer sur un certain nombre de points, permettant de voir et de considérer qu’il n’y avait pas entre nous de point de blocage insurmontable. Cette discussion nous a permis d’avancer pour continuer le travail, dans les heures et jours qui vont venir, démontrant la volonté commune de construire un programme partagé, en vue de la préparation des élections législatives, dans une optique collective de victoire », soutient Pierre Jouvet. « Une première étape importante », avec « la volonté de cheminer ensemble ». Il insiste :
Nous avons constaté qu’il n’y avait pas de point insurmontable entre nous, et qu’il y avait des convergences possibles et fortes.
« Lors de la discussion, tous les sujets ont été abordés. Ceux de la plateforme initiale de LFI. Et nous, on en a ajouté d’autres auxquels on tient, comme le sujet de la santé, des services publics », confie l’un des négociateurs socialistes, qui ajoute : « La question de la retraite à 60 ans n’est pas un problème de principe pour le PS. C’est lui qui l’a faite à l’époque ». Même sur l’Europe, « ça nécessite des discussions, on va les continuer, mais il n’y a pas de point de blocage ». « Cette réunion était faite pour vérifier s’il pouvait y en avoir d’autres », résume le même. Et c’est le cas. « On va se revoir très vite, d’ici la fin de la semaine ».
« Aucun sacrifice »
Promis, « il n’y a aucun sacrifice, chacun est respecté pleinement dans son identité », assure de son côté Pierre Jouvet, alors que ce pas de deux a suscité une crise interne au PS, depuis le vote la semaine dernière, lors d’un conseil national, d’un mandat pour entamer les discussions avec LFI. Les frondeurs viennent aujourd’hui en partie de « l’aile droite », ou du moins de l’aile moins à gauche, qui ne veut pas d’accord avec Jean-Luc Mélenchon. Pour le maire PS du Mans et proche de François Hollande, Stéphane Le Foll, invité de Public Sénat, un accord avec Mélenchon serait ainsi « l’effacement final ». Le sénateur Rachid Temal fait aussi partie des voix critiques. « Je pense que pour donner une chance à la gauche il ne faut pas une soumission à LFI, mais une coalition des gauches et écologistes », avance ce mercredi le sénateur PS.
Mis en cause mardi soir lors du bureau national, le premier secrétaire, Olivier Faure, a lancé un « partez », à ceux qui pensent « qu’il n’y a plus rien à faire », rapporte Le Figaro. « Il a dit si votre véritable alternative à l’alliance avec toute la gauche, c’est l’alliance avec le Président, dite le franchement et partez chez Macron », recontextualise un membre de la direction, où on assume ce « vrai bougé » vers Jean-Luc Mélenchon. Il s’agit aussi d’être réaliste. « La gauche se construit dans la radicalité. Nous devons entendre cette part de radicalité et l’intégrer », avançait la semaine sur publicsenat.fr le porte-parole Pierre Jouvet.
« On n’avait pas l’impression de discuter avec le même PS », s’étonne Manuel Bompard de LFI
Du côté LFI, certains, à l’image du député Adrien Quatennens, coordinateur de LFI, semblent presque surpris des avancées. « On avait vocation à vérifier un certain nombre de points qui sont pour nous indispensables. Et il y a des points dont on pensait qu’ils pourraient être bloquants, qui vraisemblablement ne le sont pas », dit-il avant de filer.
« Il n’y a pas de point de discussion qui paraît insurmontable, que ce soit sur la retraite ou sur la question européenne », salue le député européen Manuel Bompard, qui était directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon (voir vidéo ci-dessus). Il semble même s’en étonner, face à ces socialistes qui montrent patte blanche, « au point qu’on n’avait pas l’impression de discuter avec le même PS qu’il y a deux ou trois ans de ça ». « On a noté vraiment des évolutions programmatiques très importantes de leurs côtés », ajoute le responsable de LFI, « ils ont marqué une rupture avec la politique du PS sous François Hollande », en étant prêt à remettre en cause par exemple « la loi El Khomri » – « Tout ça ne date pas d’aujourd’hui, dès avril 2018, on a exercé un droit d’inventaire », rappelle un négociateur du PS. « Pas de difficulté » non plus « sur la VIe République, sur le blocage des prix » ou même sur l’Europe, « avec l’idée que c’est notre programme, le programme partagé, qui doit s’appliquer, même si pour cela, on ne doit pas respecter un certain nombre de règles européennes », avance encore Manuel Bompard. Certains socialistes autour de la table ont même « très clairement dit que la stratégie d’Anne Hidalgo, qui consistait à faire de Jean-Luc Mélenchon un adversaire, n’était pas la leur ».
« Ce qu’on est en train de faire montre qu’on n’est pas hégémoniques »
Si l’accord apparaît possible sur le fond, les discussions sur le nombre de circonscriptions pour les législatives seront assurément le point dur. Selon la règle de calcul que veut imposer LFI, en fonction des scores à la présidentielle, le PS n’aurait que « 34 candidats sur 577. Et ça veut dire que vous êtes en dessous des 50 circonscriptions où il faut faire 1 % pour avoir des financements publics », tonnait la semaine dernière Rachid Temal.
LFI risque-t-il de tomber dans le travers passé du PS, à savoir la tentation hégémoniques ? « Ce qu’on est en train de faire montre qu’on n’est pas hégémonique. Si vous connaissez une autre force, qui après le rapport de force électoral au premier tour, tend la main à des formations en oubliant les déclarations passées, faites-moi signe. Moi je n’en connais pas », rétorque Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis. Reste qu’on imagine mal le PS accepter autre chose qu’un minimum de 50 candidats, à la fin des discussions. Qui ne devraient d’ailleurs pas s’éterniser. « Il faut avoir bouclé avant la fin de la semaine », presse Manuel Bombard, en vue de la « date butoir » de la convention de lancement de la campagne, le 7 mai. On saura alors si la rose socialiste est bel et bien redevenue rouge.
Après la nomination de François Bayrou à Matignon, tout le monde, au sein du bloc central, salue la décision d’Emmanuel Macron. Mais hors micro, on comprend que le président du Modem n’a pas que des soutiens au sein de l’ex-majorité présidentielle. Pour durer, il devra aussi savoir convaincre son propre camp.
La présidente des députés RN attend de voir comment se construit le futur budget avant de se positionner vis-à-vis du prochain gouvernement de François Bayrou. Assurant de pas avoir pris d’engagement, elle « ne renonce pas » à l’outil de la motion de censure.
Après l’annonce de la nomination de François Bayrou à Matignon, les sénateurs LR du Sénat sont dans l’expectative. La participation de la droite au prochain gouvernement, dépendra de l’engagement du Premier ministre sur les priorités qu’il a fixé notamment sur la maîtrise de l’immigration et bien sûr du maintien en poste du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
Emmanuel Macron vient de nommer François Bayrou Premier ministre. Le président du MoDem devient ainsi le premier centriste de la Vème République à accéder à Matignon, il doit désormais composer son gouvernement et se protéger du risque de censure. Allié fidèle mais critique d’Emmanuel Macron, il devra réussir à parler aussi bien aux socialistes qu’à la droite. Analyse sur le plateau de Public Sénat.
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