La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a assuré ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres qu’Emmanuel Macron a acté qu’il n’y avait pour le moment pas « de socle plus large que celui qui est en place aujourd’hui » pour gouverner. Mais, après les consultations des responsables de partis mardi, « le président continue à écouter et à tendre la main ».
PS: Faure veut tourner la page Hollande, avec l’union de la gauche en tête
Par Stéphanie LEROUGE
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Le premier secrétaire du PS Olivier Faure a dressé lundi soir un inventaire sans concession du quinquennat de François Hollande, appelant une nouvelle fois en conclusion de son discours à l'unité de la gauche, à quelques mois des européennes.
Dans ce discours d'environ quarante minutes, prononcé au nouveau siège du PS à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), M. Faure a fustigé l'absence de "vision" initiale de l'ancien président de la République, et la dérive d'un pouvoir qui est sorti de son "socle de valeurs".
S'il a énuméré assez longuement certaines des réussites du quinquennat, M. Faure a déploré le "débat manqué" autour du Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), "l'occasion manquée de la remise à plat fiscale" et surtout, la déchéance de nationalité et la loi travail, qui ont donné aux Français le sentiment d'être "trahis".
M. Faure, qui espère nouer une alliance aux européennes avec les autres formations de la gauche pro-européenne et écologiste, a aussi regretté que les socialistes n'aient pas "assez associé l'ensemble de la gauche à (leurs) décision et à (leurs) actions".
"Il n'y a pas de gauches irréconciliables (...) C'est le sens même de notre renaissance que de travailler à celle de la gauche tout entière", a-t-il lancé, en référence à la formule prêtée à l'ex-Premier ministre Manuel Valls.
Ironie de l'histoire, l'ancien député "frondeur" Laurent Baumel a salué auprès de la presse le discours de l'ancien président du groupe PS à l'Assemblée. "La tonalité d'ensemble est à la distanciation et à la rupture. Donc moi ça me va", a commenté le chef de file de l'aile gauche du PS, se félicitant de propos qui "créent les conditions possibles d'un rassemblement de la gauche".
- Faure face à une fronde interne -
Le timing de ce discours, plusieurs fois repoussé, et prononcé plus de deux ans après la décision de M. Hollande de ne pas concourir à la présidentielle de 2017, était loin de faire l'unanimité au sein du parti.
"Le faire aujourd'hui, en plein mouvement des gilets jaunes, c'est une erreur. Dix-huit mois après l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir, les Français veulent connaître nos réponses d'aujourd'hui. Pas celles d'hier", a attaqué un des proches de l'ancien président de la République, Stéphane Le Foll, dans le JDD dimanche.
Même son de cloche du côté du député Luc Carvounas, adversaire comme M. Le Foll d'Olivier Faure lors du congrès d'Aubervilliers, pour qui "il fallait le faire avant l'été".
Au-delà du calendrier, c'est toute la "méthode" et la "stratégie" de M. Faure que critiquent MM. Le Foll et Carvounas, tous deux absents lundi soir.
Alors que M. Faure a affirmé lors de ses voeux à la presse que le PS pourrait laisser la première place à une autre formation de gauche dans le cadre d'une liste d'union, M. Le Foll a estimé dimanche que "ne pas avoir la tête de liste serait un problème".
Pourtant partisan de la gauche "arc-en-ciel", M. Carvounas ne se montre pas plus enthousiaste, dans la mesure où EELV, le PCF, Générations ont déjà fermé la porte à l'idée d'une alliance, et que les discussions semblent se résumer aujourd'hui à un tête-à-tête avec Place publique, la toute jeune formation lancée par l'essayiste Raphaël Glucksmann.
Selon lui, "Place publique peut prendre une place" sur la liste, mais en aucun cas la première. M. Carvounas entend demander mardi lors du Bureau national du parti que la stratégie du PS soit soumise à l'approbation d'un Conseil national, le 9 février.
De son côté, Place publique, lancé depuis le mois de novembre dans une bataille pour l'unité de la gauche, a maintenu la pression lundi en appelant les citoyens à une "insurrection" contre les appareils qui les privent d'une "offre politique crédible et puissante". Le mouvement tiendra mardi soir un grand meeting à l'Elysée Montmartre à Paris.