« Femmes. Vie. Liberté ». Le slogan des femmes révolutionnaires en Iran a résonné dans l’hémicycle du Sénat, mercredi 23 novembre après-midi, lors des Questions d’actualité au gouvernement et deux jours avant la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. La sénatrice de l’Union Centriste, Annick Billon, a porté la voix du mouvement de contestation du régime iranien qui dure depuis le 16 septembre et la mort de Mahsa Amini suite à son arrestation par la police des mœurs pour un port de voile jugé non conforme.
Avant d’interpeller la ministre sur la situation en Iran, la sénatrice de Vendée a jugé que « la situation des droits et des libertés des femmes dans le monde est extrêmement préoccupante ». Ainsi, elle a énuméré les nombreux pays où les femmes sont attaquées : « En Afghanistan, les talibans nient les femmes. En Ukraine, les femmes sont violées et subissent des violences sexuelles de l’envahisseur russe. En République démocratique du Congo, en Syrie, en Éthiopie, en République centrafricaine, au Soudan, au Yémen, en Birmanie, le viol est utilisé comme arme de guerre. Les minorités yézidies, ouïghoures ou kurdes ne sont pas non plus épargnées. »
La France doit « s’élever contre la barbarie des mollahs »
Quelques jours après la mobilisation des sénateurs à travers une vidéo initiée par la centriste Nathalie Goulet, Annick Billon a accusé le gouvernement de ne pas peser de tout son poids diplomatique pour soutenir les femmes iraniennes : « Dans le cadre de l’Iran, nous pouvons agir, nous devons agir, mais nous ne le faisons pas ou pas assez ». Elle appuie son propos sur une question au gouvernement posée par sa collègue Marie-Arlette Carlotti du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain (SER), le 9 novembre dernier. La sénatrice des Bouches-du-Rhône rappelait alors que l’Iran préside la Commission de la condition de la femme de l’Organisation des Nations Unies (ONU).
Après cette question, « le gouvernement s’est dit impuissant, dénonce la sénatrice. Avons-nous été impuissants quand la Russie a attaqué l’Ukraine ? Non, nous ne l’avons pas été ! » Selon elle, il est du devoir de la France de « s’élever contre la barbarie des mollahs et cela passe par la dénonciation de cette présidence de la condition de la femme onusienne par l’Iran. » En guise de conclusion, Annick Billon a lancé à la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Catherine Colonna : « Qu’attendez-vous ? Quand cesserez-vous de mettre un voile sur la condition des femmes en Iran ? »
Plus de 300 morts
Pour lui répondre, la ministre a également repris, d’une voix solennelle, la formule du mouvement de contestation en Iran « Femmes. Vie. Liberté ». Elle a rappelé les nombreuses victimes de la répression. Selon le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme, plus de 300 personnes ont été tuées : « Des jeunes femmes comme Mahsa Amini, 22 ans. Des enfants, comme Kian Pirfalak, 9 ans, et cela dure depuis dix semaines », expose Catherine Colonna. Preuve, selon elle, que la France « soutient les aspirations des Iraniens et des Iraniennes à plus de liberté » : « Le président de la République a rencontré le 11 novembre plusieurs Iraniennes exilées, visage de la lutte pour la liberté et pour les valeurs universelles. »
Sur le plan international, la ministre a tenu à présenter les actions du gouvernement. « L’Union européenne a pris plusieurs sanctions à plusieurs reprises contre les responsables de la répression », même si pour la sénatrice centriste : « Contre l’Iran, les sanctions n’empêchent pas la violence contre les manifestants. » Le Conseil de droits de l’Homme de l’ONU examinera, demain, la situation en Iran et « créera un mécanisme d’établissement des faits pour que la vérité puisse être dite », détaille Catherine Colonna.
Pour conclure sa prise de parole, la quatrième dans l’ordre protocolaire du gouvernement martèle que la France sera « vigilant [e] pour que l’Iran ne puisse pas détourner la commission de la condition de la femme des Nations Unies de son objet ». Enfin, dans la continuité des actions diplomatiques menées, le début du mouvement en Iran : « Nous continuerons de demander à l’Iran de cesser la répression, de respecter le droit de manifester pacifiquement et de libérer immédiatement nos compatriotes retenus en otage », appuie-t-elle.