Quand le boulanger s’en va, le vote FN grimpe

Quand le boulanger s’en va, le vote FN grimpe

La disparition des petits commerces dans les villages mais aussi dans des villes comme Marseille et Paris contribue à doper le...
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Par Anne RENAUT

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La disparition des petits commerces dans les villages mais aussi dans des villes comme Marseille et Paris contribue à doper le vote FN et pour sa candidate à l'élection présidentielle, Marine Le Pen, ont analysé des chercheurs.

Leurs travaux éclairent le plan du gouvernement, présenté jeudi dans le Lot, en faveur des territoires qui se sentent abandonnés.

"Plus la disparition des commerces et services de proximité est importante, plus la propension à voter FN est forte", résume à l'AFP Jérôme Fourquet, directeur du département "opinion et stratégies d'entreprise" à l'Ifop.

Ce politologue est l'auteur, avec le démographe et historien Hervé Le Bras de l'ouvrage "Le puzzle français, un nouveau partage politique" (juillet 2017, Fondation Jean Jaurès), qui étudie la carte électorale de la présidentielle où Marine Le Pen s'était qualifiée pour le second tour.

La géographie est immuable depuis les élections de 1984: les scores les plus élevés du FN se situent dans le Nord-Est et la Méditerranée.

Ils ont cependant constaté qu'entre 2012 et 2017, les écarts s'étaient creusés selon le nombre d'habitants: plus la taille de la commune est faible, plus le vote FN progresse.

Outre le nombre d'habitants, la distance par rapport à la grande ville la plus proche a aussi favorisé le vote FN.

Le phénomène s'est même accentué en 2017. "Désormais, entre une distance de 30 à 60 km du centre des grandes agglomérations, le FN obtient des pourcentages dépassant de 65% ceux du centre".

- Parler d'éloignement n'est pas suffisant -

Néanmoins, les villages ou villes qui sont les plus éloignés de la métropole, soit au-delà de 100 km, votent FN "comme la moyenne".

"Parler d'éloignement ou de périphérie n'est donc pas suffisant", ont estimé les chercheurs, qui se sont intéressés aux "contenus sociaux et économiques" comme les commerces et services de proximité.

A partir de la base de données Gedeon de la société ADN, ils ont recensé parmi 11 activités (de la supérette au restaurant en passant par la boulangerie, la pharmacie, ou le bureau de poste), celles qui étaient encore présentes dans les villages de moins de 500 habitants.

Et ils ont constaté que leur densité avait "une influence significative sur le niveau de vote FN".

"C'est dans les communes de moins de 500 habitants dépourvues de tout commerce et service que le vote" pour Mme Le Pen est le plus élevé (28,3% au premier tour), tandis que dans les communes qui disposent de toutes ces activités, le score du FN tombe à 19,4%, soit 9 points de moins.

De même, ils ont calculé que 60% des villages du Nord-Est, bastion du FN, ne disposaient plus d'aucun service ou commerce. Alors que seuls 25% des villages de l'Ouest, qui vote le moins FN, sont totalement dépourvus de ces services.

"Il y a un maillage qui se tient. Et donc un sentiment d'isolement qui se développe", conclut M. Fourquet.

- Revitaliser pour endiguer -

Mais il prévient que ce constat n'est qu'un "levier complémentaire" à la dynamique du vote FN, qui est nourri par beaucoup d'autres facteurs, comme le rapport à l'immigration, la désindustrialisation ou le sentiment d'insécurité.

Le politologue Joël Gombin a lui transposé la méthode de MM. Le Bras et Fourquet aux grandes villes de Marseille et Paris.

A Marseille, il a observé aux élections régionales de 2015 la même corrélation entre un vote FN plus fort dans les zones sans commerces de proximité.

A Paris, M. Gombin a même établi un rapport de causalité entre des zones de revitalisation --où la société d'économie mixte de la Ville de Paris (Semaest) a installé des services et des équipements-- et l'endiguement du vote FN, à partir des scrutins de 2007 à 2015.

"Le fait d'augmenter les commerces de proximité a fait que le vote FN a progressé moins vite", selon ce spécialiste du vote frontiste.

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