Il y a 18 mois, Jacline Mouraud, une Bretonne de 52 ans lançait elle aussi un « appel à révolte » sur les réseaux sociaux, donnant le coup d’envoi au mouvement des gilets jaunes. Aujourd’hui, c’est Vincent Lindon qui prend la parole. La colère de ce comédien populaire est-elle similaire à celle de Jacline Mouraud et joue-t-elle le même rôle de catalyseur auprès de Français inquiets et mécontents ?
Pour Michel Erman il y a une continuité certaine entre les deux prises de parole sur le fond mais sur la forme les choses sont bien différentes.
À l’heure de la crise du covid-19, Vincent Lindon, comme d’autres « peoples » profitent, selon le spécialiste, de la « cacophonie des discours politiques actuels pour se glisser les interstices vacants en profitant de leur notoriété pour jouer un rôle et essayer de trouver des solutions ».
Pour cela l’acteur Lindon choisi une forme qu’il connaît bien, « ce qui fait sa force », « celle du scénario » comme l’explique Michel Erman : Un long texte qui semble raconter aux yeux du comédien, l’échec de trois ans de macronisme. Hyperboles, dramatisation, « il y a tout pour séduire un public, comme au cinéma ».
« Vincent Lindon donc rejoue un certain nombre de rôles qu’il a joué auparavant et qui ont fait de lui un acteur populaire, des rôles d’hommes en colère ».
Mais pourquoi fait-il cela ? Pour Jamil Dakhlia, professeur en Sciences de l'information et de la communication, « les peoples représentent le peuple et ainsi certains d’entre eux se sentent investi de cette mission de prendre la parole, comme un devoir envers ceux grâce à qui ils sont devenus des stars ».
Défier les politiques au nom du public à l’heure où le confinement les a, momentanément privé de leur moyen d’expression habituel, au cinéma ou théâtre ou dans les salles de concert, telle semble être la mission de certains artistes.