Quand Nicolas Sarkozy s’invite dans les débats sur la privatisation d’Engie au Sénat
Le sénateur communiste Fabien Gay a rappelé que Nicolas Sarkozy avait assuré en 2004 qu’il n’y aurait jamais de privatisation de GDF, devenu Engie. Le gouvernement veut aujourd’hui pouvoir réduire davantage sa part dans le capital de l’entreprise.

Quand Nicolas Sarkozy s’invite dans les débats sur la privatisation d’Engie au Sénat

Le sénateur communiste Fabien Gay a rappelé que Nicolas Sarkozy avait assuré en 2004 qu’il n’y aurait jamais de privatisation de GDF, devenu Engie. Le gouvernement veut aujourd’hui pouvoir réduire davantage sa part dans le capital de l’entreprise.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Après avoir refusé la privatisation d’Aéroports de Paris, les sénateurs ont accepté, dans le cadre de l’examen de la loi Pacte, que l’Etat puisse détenir moins de 33% du capital d’Engie, l’ancien GDF-Suez (voir notre article).

Dans le débat parlementaire, les arguments vont parfois chercher dans l’histoire ou les propos passés. C’est généralement éclairant. C’est ce qu’a fait le communiste Fabien Gay sur Engie. Le sénateur PCF de Seine-Saint-Denis a rappelé des propos passés de Nicolas Sarkozy, quand celui-ci était ministre de l’Economie (voir la vidéo) :

« En 2005 (en 2004 en réalité, ndlr), quand il y a eu l’ouverture au privé de l’ex-GDF, le ministre à l’époque était Nicolas Sarkozy. Il nous disait nous allons ouvrir au privé. Mais jamais l’Etat ne quittera l’entreprise et nos titres sont incessibles. Arrêtez de faire peur, il n’y aura jamais de privatisation. (…) Et voilà, Monsieur le ministre. 14 ans après, vous venez finir le travail initié par Nicolas Sarkozy ! »

Nicolas Sarkozy avait en effet été très clair, à l’époque, devant les députés comme les sénateurs. « Il n'y aura pas de privatisation d'EDF ni de GDF, et ce pour une raison simple : EDF et GDF ne sont pas des entreprises comme les autres » avait-il assuré devant le Sénat, le 27 avril 2004.

Fabien Gay y voit un parallèle avec la réforme de la SNCF, adoptée l’année dernière. « Ce débat fait un peu écho au nouveau pacte ferroviaire. Nous étions peu à dire attention à l’ouverture à la concurrence. (…) Elisabeth Borne (ministre des Transports, ndlr) nous disait la main sur le cœur, les titres sont incessibles. Mais on augmentera le capital, c’est comme ça qu’on fera entrer le privé et un jour arrivera où on nous dira l’Etat n’a plus vocation à détenir des parts dans la SNCF. Et on privatisera » imagine le sénateur de Seine-Saint-Denis. Il ajoute : « J’espère dans très longtemps. Sur Engie, vous aurez dépecé la bête en moins de 15 ans ».

« Terrains mouvants »

La référence à l’ancien chef de l’Etat a plutôt amusé le rapporteur du texte, le sénateur LR Jean-François Husson. « J’ai entendu que beaucoup regrettaient l’absence du Président Nicolas Sarkozy pour qu’il puisse tenir ses engagements. Je vous invite à la fois à changer d’avis et éventuellement à le rappeler » a lancé le sénateur de Meurthe-et-Moselle. Rires dans l’hémicycle.

Ce à quoi, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, ancien ministre de Nicolas Sarkozy quand il avait encore sa carte à l’UMP, a répondu par une autre pirouette. « Je ne rentrerai pas dans le débat politique ouvert par le rapporteur. Ce sont des terrains mouvants... Et je préfère rester sur du solide » a expliqué le locataire de Bercy avec le sourire (voir la vidéo).

Conclusion, quelques minutes plus tard, du sénateur LR Roger Karoutchi, lui-même pendant longtemps fidèle sarkozyste :

« Sur l’ancien Président, il n’est pas à l’île d’Elbe. Il est inutile de demander le retour de l’aigle. Il fera ce qu’il souhaitera ».

Pour clore ce moment de souvenir collectif, revoici une vidéo où Nicolas Sarkozy assurait à des représentants syndicaux de GDF qu’il n’y aurait pas de privatisation de leur entreprise :

Nicolas Sarkozy et la privatisation de GDF
00:11

 

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le

Marseille: Amine Kessaci candidate
4min

Politique

Assassinat du frère d’Amine Kessaci : le militant écologiste engagé contre le narcotrafic était « sous protection policière et exfiltré de Marseille depuis un mois »

Le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. L’hypothèse d’un assassinat d’avertissement est privilégiée et pourrait faire basculer la France un peu plus vers ce qui définit les narco Etats. C’est ce que craignaient les sénateurs de la commission d’enquête sur le narcotrafic. Le sénateur écologiste de Marseille Guy Benarroche, proche d’Amine Kessaci a pu s’entretenir avec lui, ce matin.

Le

Quand Nicolas Sarkozy s’invite dans les débats sur la privatisation d’Engie au Sénat
2min

Politique

Assassinat du petit frère d’Amine Kessaci : revoir le documentaire sur le combat contre le narcotrafic du militant marseillais 

Mehdi, le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. En 2020, c’est l’assassinat de son grand frère Brahim, qui avait conduit le jeune garçon à s’engager en politique. Son parcours est le sujet du documentaire « Marseille, des larmes au combat », Anaïs Merad, à revoir sur Public Sénat.

Le

Quand Nicolas Sarkozy s’invite dans les débats sur la privatisation d’Engie au Sénat
3min

Politique

Projet de loi anti-fraudes : « C’est un objet politique qui vise essentiellement à montrer du doigt la fraude sociale »

Invités sur le plateau de Parlement Hebdo, le sénateur Bernard Jomier (Place Publique) et le député Sylvain Berrios (Horizons) sont revenus sur le projet de loi pour lutter contre les fraudes fiscales et sociales, examiné par la Chambre haute depuis mercredi. La majorité rassemblant les élus de la droite et du centre au Sénat ont affermi le texte en commission, y ajoutant une batterie de mesures qui ne fait pas consensus.

Le