En s’annonçant candidat sous la bannière « La République en marche » aux législatives, Manuel Valls a vu ses ambitions refroidies par l’entourage d’Emmanuel Macron. Retour sur la rivalité entre deux anciens ministres.
Quand Valls demandait à ce que « s’arrête » le mouvement En Marche
En s’annonçant candidat sous la bannière « La République en marche » aux législatives, Manuel Valls a vu ses ambitions refroidies par l’entourage d’Emmanuel Macron. Retour sur la rivalité entre deux anciens ministres.
« Il n’y a pas de destin personnel en dehors du collectif, il n’y a pas de destin individuel dans l’ambiguïté ». Magie des archives. Cette phrase prononcée par Manuel Valls en août dernier, le jour de la démission du gouvernement d’Emmanuel Macron, revient comme un boomerang dans la tête de son auteur en ce début mai. Dans le style volontariste qu’on lui connaît, Manuel Valls s’est donc autoproclamé candidat de la majorité présidentielle à une élection législative, sans en informer le PS, sa famille politique depuis plus de trente ans, ni « La République en marche » d’Emmanuel Macron. Une tentative de passage en force que l’ancien Premier ministre fustigeait quand elle était pratiquée par Emmanuel Macron quelque mois plus tôt.
« On ne s’improvise pas à l’élection présidentielle »
Depuis leurs départs respectifs du gouvernement, le rapport de force entre les deux hommes s’est inversé. À une époque pas si lointaine, le Premier ministre se montrait sévère à l’égard des ambitions de son jeune ministre de l’Économie. « On ne s’improvise pas à l’élection présidentielle » prévenait-il. L’entourage du nouveau président de la République élu lui renvoie, ce mardi, cet amical conseil : on ne s’improvise pas candidat à une élection législative sous l’étiquette La République en marche.
35 Heures : « que chacun soit responsable »
Emmanuel Macron, trouble-fête de l’Université d’été du PS
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Durant le passage d’Emmanuel Macron à Bercy, ses relations avec le Premier ministre n’ont jamais relevé de la franche camaraderie mais plutôt d’une rivalité larvée entre deux hommes occupant le même espace politique social libéral et s’affranchissant de certains totems chers au Parti socialiste. De ses premiers jours au ministère de l’Économie, Emmanuel Macron se dit favorable au fait d'autoriser « les entreprises et les branches à déroger » aux 35 heures, en cas d'accords avec les organisations syndicales. Cela lui vaut son premier recadrage par Manuel Valls qui proposait lui-même, en 2011, de « déverrouiller les 35 Heures ». Un an plus tard, Emmanuel Macron remet ça lors des universités d’été du Medef, et même recadrage de la part de Manuel Valls (voir la vidéo).
Terrorisme « J'en ai assez de ceux qui cherchent en permanence des excuses »
Après la vague d’attentats qui frappe la France, les divergences politiques entre les deux hommes émergent au grand jour. Fort de son passé place Beauvau, Manuel Valls n’apprécie guère les propos d’Emmanuel Macron sur la part de « responsabilité » de la France dans le « terreau » sur lequel le terrorisme a prospéré. Réponse cinglante de Manuel Valls : « J'en ai assez de ceux qui cherchent en permanence des excuses ou des explications culturelles ou sociologiques à ce qui s'est passé ».
« Il y a une gauche. Il y a même une droite (…) Il serait absurde de vouloir effacer ces différences »
En avril 2016, lorsqu’Emmanuel Macron laisse poindre ses ambitions présidentielles en lançant son mouvement transpartisan « En Marche », là encore, Manuel Valls est là pour calmer les ardeurs de l’impétrant. « Il y a une gauche. Il y a même une droite. Heureusement. C’est ainsi que fonctionne notre démocratie. Il serait absurde de vouloir effacer ces différences » lance-t-il (voir la vidéo).
Manuel Valls recadre Emmanuel Macron et son nouveau mouvement "En marche !" (Vidéo)
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Un mois plus tard, le conflit prend une tournure inédite en s’illustrant en images sur les bancs de l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Agacé par une question d’un parlementaire LR sur une prétendue levée de fonds pour le mouvement En marche, qu’Emmanuel Macron aurait réalisée à l’occasion d’un déplacement à Londres, Manuel Valls empêche son ministre de l’Économie de répondre et lui administre une soufflante devant les caméras du Parlement (voir la vidéo).
« Il est temps que tout cela s'arrête »
En juillet 2016, le mouvement d’Emmanuel Macron commence à prendre forme. Le jour où une réunion publique d’En Marche doit se tenir à la Mutualité à Paris, Manuel Valls siffle, en vain, la fin de la partie aux détours d’une question dans la salle des conférences du Sénat. « Il est temps que tout cela s'arrête ». (voir la vidéo de tête).
Moins d’un an plus tard, Emmanuel Macron est élu Président de la République et Manuel Valls veut s’inscrire « dans ce mouvement qui est le sien », car, comme il l’a rappelé ce matin : la « division » (…) « a été fatale à ce quinquennat ».
A la sortie des questions d’actualité au gouvernement, le chef de file des sénateurs macronistes, François Patriat est revenu sur l’interview du chef de l’Etat au cours de laquelle il a annoncé qu’il serait prêt à recourir au référendum, si le texte sur la fin de vie, en cours d’examen, faisait face à un « enlisement » au Parlement.
Alors qu’Emmanuel Macron se dit prêt à recourir au référendum sur la fin de vie, en cas de blocage au Parlement, Patrick Kanner, à la tête du groupe PS du Sénat, salue cette annonce. « C’est le seul moment où je l’ai trouvé courageux, cohérent, en disant qu’il faut sortir une loi sur la fin de vie », affirme l’ancien ministre.
La sénatrice LR, présidente de la commission des affaires économiques, a fait part de sa déception ce 14 mai, au lendemain du long entretien du président de la République. « Le président de la République s’en est tenu à l’annonce d’un référendum qui reste encore assez nébuleux », regrette-t-elle.
Après une fusillade liée au narcotrafic qui a fait trois morts à Fort de France ce week-end, le ministre de l’Intérieur a été interpellé sur la situation sécuritaire aux Antilles, lors des questions d’actualité au gouvernement du Sénat. Bruno Retailleau a notamment annoncé « une surveillance maritime », avec le déploiement de trois bateaux supplémentaires et 140 gendarmes.