« Quasi-guerre civile » : une accusation « pas responsable », pour Cazeneuve
François Fillon dénonce une nouvelle fois ce lundi la « passivité du gouvernement » face aux incidents qui émaillent la campagne présidentielle. Plusieurs ténors du gouvernement rétorquent que le candidat de droite cherche à détourner l’attention.

« Quasi-guerre civile » : une accusation « pas responsable », pour Cazeneuve

François Fillon dénonce une nouvelle fois ce lundi la « passivité du gouvernement » face aux incidents qui émaillent la campagne présidentielle. Plusieurs ténors du gouvernement rétorquent que le candidat de droite cherche à détourner l’attention.
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Le ton monte entre François Fillon et le gouvernement. Dans son communiqué publié dimanche, le candidat de droite a « accusé solennellement » le Premier ministre et le gouvernement de « laisser se développer dans le pays un climat de quasi guerre civile », et ce faisant, « de ne pas assurer les conditions d’un exercice serein de la démocratie ». Des accusations qui ont provoqué l’indignation du gouvernement tout au long de la matinée.

Présent au Salon de l’agriculture, le Premier ministre a affiché sa fermeté et a appelé le candidat de la droite «  à faire attention aux termes que l’on emploie » :

« Employer le terme de quasi-guerre civile quand on est un responsable politique éminent et qu'on sait quel est le niveau de mobilisation des forces de sécurité dans notre pays, ça n'est tout simplement pas responsable. »

Bernard Cazeneuve a souligné que cette sortie était de façon de se détourner l’attention : « Je peux comprendre que certains candidats soient tentés de dissimuler derrière des polémiques une difficulté à faire campagne. »

De la « quasi-guerre civile » au « Far-West »

François Fillon n’en est pas resté là. En déplacement ce lundi à Meaux, ville dirigée par son ancien rival Jean-François Copé, il a poursuivi ses attaques à l’encontre du gouvernement. Les accusations sont maintenues, mais plus en retenue, le terme de « quasi guerre civile » a lui disparu du discours. Dès son arrivée, le candidat de la droite a répété que les évènements s’étaient produits à Nantes – où des bus de militants FN ont été pris pour cible dimanche – étaient « inacceptables », avant de comparer la campagne présidentielle au « Far West » :

« Je ne peux pas accepter que des autocars soient pris d’assaut sur l’autoroute comme si on était au Far West. J’ai déjà alerté Bernard Cazeneuve plusieurs fois sur la passivité du gouvernement face à ces violences. Passivité en Seine-Saint-Denis ces dernières semaines, passivité à Paris quand les lycées ont été bloqués il y a quelques jours. Bernard Cazeneuve appelle à la responsabilité, la responsabilité c’est la sienne, c’est celle de veiller à ce que l’élection présidentielle se déroule dans un climat de sérénité. »

« Je ne peux pas accepter que des autocars soient pris d’assaut comme si on était au Far West », déclare F. Fillon
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Dans son communiqué, François Fillon énumère les incidents, et pas seulement ceux du week-end à Nantes : il a également pris en exemple le meeting d’Emmanuel Macron de Toulon, « perturbé par une manifestation ». Tout comme sa propre situation : « tous les jours, une poignée de manifestants d’extrême gauche viennent perturber mes déplacements ». « Le gouvernement doit prendre des mesures pour que les casseurs et les ennemis de la démocratie cessent de perturber cette campagne présidentielle », réclame-t-il.

« Allégations mensongères » pour l’Intérieur

Bruno Le Roux est revenu à la charge ce matin sur RTL, en qualifiant l’attitude de François Fillon d’ « inadmissible et irresponsable ». « Quand on est en difficulté, on ne cherche pas à en rejeter sur la République », a répondu le ministre de l’Intérieur, qui précise que « tous les meetings comme toutes les manifestations sont protégés ».

Ces accusations ont été « dénoncées » dès hier par son ministère. Pour la place Beauvau, « ces allégations mensongères ne sont qu’une tentative de diversion grossière de la part d’un ancien Premier ministre qui n’a pas aujourd’hui comme défense de critiquer les Institutions et ceux qui les servent, et ce que pour faire oublier les difficultés de sa campagne qui ne sont imputables à qu’à ses propres agissements ». Le communiqué précise que le candidat « contribue lui-même à créer ce climat de guerre civile ».

« Et demain il nous dit quoi ? Extermination des programmes ? »

D’autres membres du gouvernement ont fait le parallèle avec une autre déclaration forte de François Fillon, qui dénonçait le 1er février « un coup d’État institutionnel » venu de la gauche.

Devant cette escalade verbale, Jean-Jacques Urvoas s’est indigné sur France 2 : « Et demain il nous dit quoi ? Extermination des programmes ? Holocauste des candidats ? »

Répliquant aux accusations de laisser-faire, le garde des Sceaux rappelle que quatre unités de forces mobiles étaient présentes pour encadrer le meeting nantais de Marine le Pen et que six interpellations ont eu lieu. « La police fait son travail », dément le ministre.

« Prétendre ou laisser entendre que ce serait la faute du gouvernement ou que ce serait même piloté par le gouvernement [...] c’est vraiment n’importe quoi », a déploré à son tour la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud Belkacem, sur l'antenne de France Info.

« L’irresponsabilité, c’est celle de ce gouvernement »

Chez les Républicains, des soutiens du candidat Fillon sont venu appuyer l’offensive. « Le climat n’est pas bon et François Fillon a raison de le dire […] le gouvernement est le garant de la tranquillité publique et du bon déroulement de la campagne », a jugé le député Hervé Mariton, invité du Figaro.

« L’irresponsabilité, c’est celle de ce gouvernement qui n’assume pas son travail […] On est en plein état d’urgence, on ne devrait pas voir les meetings des différents candidats à la présidentielle largement empêchés par des casseurs et des gens d’extrême gauche », a ainsi répliqué sur CNews le porte-parole Thierry Solère, en éludant lui aussi les mots de « quasi guerre civile ».

Preuve que les mots créent un trouble, l’UDI Louis Giscard-d’Estaing a pris ces distances : « Je n’emploierai pas ces termes », reconnaissait-il ce matin sur Public Sénat et Sud Radio.

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