Que savons-nous de l’impact des sanctions prises contre la Russie ? Devant le Sénat, les réponses de Laurence Boone
Laurence Boone, la secrétaire d’Etat à l’Europe, était auditionnée par le Sénat ce jeudi 12 janvier. L’occasion de revenir sur le dernier Conseil européen et les nouvelles mesures prises par les 27 pour sanctionner Moscou et poursuivre le soutien à Kiev.

Que savons-nous de l’impact des sanctions prises contre la Russie ? Devant le Sénat, les réponses de Laurence Boone

Laurence Boone, la secrétaire d’Etat à l’Europe, était auditionnée par le Sénat ce jeudi 12 janvier. L’occasion de revenir sur le dernier Conseil européen et les nouvelles mesures prises par les 27 pour sanctionner Moscou et poursuivre le soutien à Kiev.
Romain David

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Un neuvième train de sanctions contre la Russie a été adopté à l’issue du Conseil européen des 15-16 décembre. Il prévoit notamment le gel des avoirs de 141 personnes. « Il serait nécessaire à mes yeux d’évaluer le résultat de ces sanctions. Ont-elles vraiment porté leurs fruits comme on nous le dit ? Un Etat des lieux est nécessaire », a relevé ce jeudi 12 janvier le sénateur Les Républicains Alain Cadec, en marge d’une audition de Laurence Boone, la secrétaire d’Etat chargée de l’Europe. L’élu s’est également ému du risque de « retour de bâton économique », contre les pays qui appliquent ces sanctions, pour la plupart déjà frappés par une inflation galopante.

« Nous travaillons beaucoup sur l’impact des sanctions, mais ce ne sont pas uniquement les sanctions qui vont nous aider à faire que l’Ukraine gagne cette guerre et que s’impose le camp de la démocratie sur le continent européen. C’est le paquet sanctions, aides humanitaires, soutien financier et militaire », a expliqué Laurence Boone. « Les sanctions ne sont pas seulement européennes mais passent par le G7 et plus de 40 pays non européens et qui sont traditionnellement neutres. »

L’une des mesures les plus emblématiques a consisté pour les Etats membres à arrêter à la fin de l’année dernière d’acheter du pétrole russe, qui représentait 90 % de l’approvisionnement de l’UE. « Cela va donc priver la Russie d’énormément de revenus. Quant à nous, les prix se comportent bien, et le marché du pétrole, à la fois sur l’offre et la demande, est à peu près stable. Nous suivons cela comme le lait sur le feu, notamment avec nos amis américains. »

En Russie, « la production automobile a chuté de 97 % en 2022 »

Autre dispositif, considéré comme l’un des plus efficaces par la secrétaire d’Etat : l’embargo sur la vente de technologies avancées à Moscou. « Dans ce domaine, la Russie dépend à 45 % de l’UE, c’est près de la moitié de son approvisionnement. À 21 % des Etats-Unis et à 11 % de la Chine. Quand on met des sanctions sur les produits de technologie avancée, on la prive d’à peu près deux tiers de son approvisionnement », relève Laurence Boone.

« Avec ça, les sanctions affaiblissent la Russie dans tous les secteurs : sur les semi-conducteurs, sur l’aéronautique, sur l’automobile… », énumère-t-elle. « Il faut voir, en images, comment on essaye de réparer des voitures en Russie, c’est en désossant de vieilles voitures car il est impossible d’importer des pièces de rechange. D’ailleurs la production automobile a chuté de 97 % en 2022 par rapport à 2021. C’est très concret : il n’y a plus d’airbags dans les voitures ni de boîtes de vitesses automatiques. Les avions sont cloués au sol », explique encore cette ancienne conseillère économique de François Hollande.

« Une chose très importante : depuis le début de la guerre, il y a une fuite massive des cerveaux en Russie. On la prive de ses élites et de son personnel qualifié, notamment scientifique. Ce sont de personnes qui cherchent à partir et qui partent, notamment en France et aux Etats-Unis. Il faudra être suffisamment attractif pour que ces cerveaux aient envie de venir chez nous plutôt que chez nos voisins occidentaux. »

Une contribution de chaque Etat membre au soutien à l’Ukraine, « à proportion du PIB »

Le Conseil européen de décembre a également permis de débloquer le soutien financier de 18 milliards d’euros à l'Ukraine, « pour assurer leurs besoins structurels : école, paiement des fonctionnaires, tout ce qui fait la vie d’un pays… », résume Laurence Boone.

Ces fonds sont empruntés sur les marchés et transférés à Kiev. « Le prêt est garanti à hauteur de 70 % par le budget de l’Union européenne. Le budget de l’UE lui-même couvre les frais d’intérêt », a encore détaillé la secrétaire d’Etat. La participation se fait à proportion du PIB de chaque pays dans l’UE, elle est parfaitement juste. »

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