Interrogé sur les deux assassinats survenus à Marseille sur fond de guerre des gangs, le ministre de la Justice a annoncé une enquête administrative sur les conditions de détention, puisque le commanditaire agissait depuis sa cellule. Didier Migaud a également donné rendez-vous à la fin de l’année pour les débats sur la proposition de loi sénatoriale de lutte contre le narcotrafic.
« Qui peut penser que Bruno Retailleau est contre l’Etat de droit ? », défendent les sénateurs LR
Par Simon Barbarit
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Aurait-on mal compris Bruno Retailleau ? Deux jours après ses propos polémiques dans le JDD, c’est ce que veut faire savoir le ministre de l’Intérieur. Pour rappel, le nouveau locataire de Beauvau avait estimé que « l’état de droit » n’était ni « intangible » ni « sacré ». « C’est un ensemble de règles, une hiérarchie des normes, un contrôle juridictionnel, une séparation des pouvoirs, mais la source de l’Etat de droit, c’est la démocratie, c’est le peuple souverain », avait-il ajouté.
« Bien sûr qu’il ne peut y avoir de démocratie sans état de droit »
Après une journée de polémiques, de réactions outrées de la gauche et d’une partie de la macronie, qui voient dans cette déclaration le glissement de la République vers une démocratie illibérale, le ministre a dû rectifier le tir. Dans un communiqué, Bruno Retailleau estime que « le sujet de la protection et de la sécurité des Français est trop sérieux et trop grave pour être instrumentalisé par de faux débats […] Il faut regarder la réalité en face, nous le devons aux Français comme l’a rappelé Michel Barnier : aujourd’hui, le droit ne protège pas suffisamment les Français » développe-t-il en insistant : « Bien sûr qu’il ne peut y avoir de démocratie sans état de droit ».
« C’est pour sa fermeté que Bruno Retailleau a été nommé »
A la réunion du groupe LR du Sénat ce mardi, les sénateurs étaient, plus que jamais, en soutien de leur ancien président. « Il ne parlait pas de l’état du droit mais de l’état du droit. Et le droit doit évoluer quand il est un obstacle à la maîtrise de l’immigration. Au premier tour des législatives, les Français ont montré qu’ils ne voulaient plus d’une politique laxiste sur le régalien. C’est pour sa fermeté que Bruno Retailleau a été nommé », analyse la sénatrice de Paris, Agnès Evren.
« Qui peut penser que Bruno Retailleau est contre l’Etat de droit ? », corrige également l’avocat pénaliste et sénateur de Paris, Francis Szpiner. « Il y a des interprétations du droit, et sur ce point les choses ne sont pas intangibles. Le droit est quelque chose qui évolue tout le temps. Quand j’étais jeune étudiant en droit. Mon professeur disait : le Parlement d’Angleterre peut tout, sauf changer un homme en femme. Ce n’est plus vrai aujourd’hui », compare-t-il.
En tant que législateur, Bruno Retailleau s’en était particulièrement pris à la large censure de la loi immigration par le Conseil constitutionnel qu’il qualifiait de « déni du pouvoir du Parlement ». « La décision du Conseil constitutionnel sur la loi immigration est une décision choquante […] Elle procède par un argument d’autorité (sur l’interprétation des cavaliers législatifs) qui n’est absolument pas motivé. Ça pose un problème. Et toute juridiction s’expose à la critique », considère Francis Szpiner.
Laurent Somon, vice-président du groupe LR s’interroge, lui, sur les conditions de l’interview donnée par Bruno Retailleau au JDD. « Une interview rapide où on ne s’intéresse plus aux petites phrases qu’au fond »
A la sortie du conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement, Maud Bergeon a indiqué que Michel Barnier « avait rappelé son attachement intangible à l’Etat de droit et qu’il était inenvisageable de le remettre en cause ».
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