Rachida Dati, pugnace et clivante candidate LR pour Paris
Pugnace mais clivante, symbole de la diversité devenue maire du VIIe arrondissement, Rachida Dati, qui a reçu mercredi l'investiture Les...
Par Claire GALLEN, Ambre TOSUNOGLU
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Pugnace mais clivante, symbole de la diversité devenue maire du VIIe arrondissement, Rachida Dati, qui a reçu mercredi l'investiture Les Républicains pour mener la bataille des municipales à Paris, se lance dans une élection devenue très compliquée pour la droite.
"Elle a un caractère combatif, elle est déterminée", affirme un ancien collaborateur. "Objectivement, on peut dire qu'elle fonce. La question est de savoir si elle voit un mur ou pas", ajoute-t-il pour résumer cette avocate de 53 ans, fille d'un maçon marocain et d'une mère au foyer algérienne, mise en avant par Nicolas Sarkozy.
Si l'ancien président rendait hommage, dans son récent ouvrage Passions, à son "énergie inépuisable", le caractère bien trempé de l'ancienne Garde des Sceaux ne lui a pas attiré que des amitiés -- "elle a ses humeurs", résume diplomatiquement un élu.
"Une image clivante", soupire un cadre des Républicains, "mais personne d'autre n'a vraiment émergé". "On n'a pas beaucoup de candidats avec sa notoriété", rappelle un autre: l'époque est loin où la droite pouvait aligner le grand Chelem dans la capitale. Et la crise qui secoue Les Républicains depuis des années rend le recrutement difficile.
A cinq mois des municipales, l'ex-eurodéputée ne se fait aucune illusion: "Ca va être une campagne de chien", déclarait-elle récemment au Monde, en pointant ceux dans sa famille politique "qui se réveillent tous les matins en se demandant comment ils vont pouvoir me nuire".
D'autant que Rachida Dati est visée par une enquête du Parquet national financier pour "abus de biens sociaux" et "corruption" pour des prestations de conseils conclues avec une filiale de Renault-Nissan. L'élue nie toute irrégularité.
En politique, elle se veut intraitable et fait peu de cas des vieux barons de la droite, n'hésitant pas à hausser le ton notamment contre Claude Goasguen, il y a un an, lorsqu'il la désapprouve publiquement. Avant de le désigner comme son conseiller politique pour sa campagne ce mercredi.
Dès avant sa désignation, elle a fixé les règles: une liste LR par secteur, menaçant implicitement ceux qui ne la soutiennent pas d'imposer un autre candidat.
- "Une carte à jouer" -
Paris est-il devenu mission impossible pour la droite? La maire du VIIe, hier symbole de la diversité, "peut aussi séduire dans les arrondissements de l'est avec son parcours. Il y a une carte à jouer auprès de cet électorat plus populaire", estime un responsable LR.
Rachida Dati au Parlement européen à Strasbourg, le 19 mai 2015
AFP/Archives
Bien avant d'être investie, Rachida Dati a d'ailleurs multiplié les déplacements dans les arrondissements populaires, porte de la Chapelle par exemple, où son entourage raconte une vespérale incursion sur la "colline du crack", repaire de toxicomanes dans le nord-est de la capitale.
Née le 27 novembre 1965, la candidate issue d'une famille de douze enfants et élevée dans une HLM de Chalon-sur-Saône, n'a jamais caché son ambition.
Sa famille, comme ses mentors Albin Chalandon ou Simone Veil, brossent le portrait d'une jeune femme payant ses études grâce au travail (vendeuse en grande surface, aide soignante..) et frappant avec culot aux portes les plus prestigieuses pour décrocher stages ou emplois.
Couvée par Nicolas Sarkozy dont elle fut la conseillère et la porte-parole de campagne, elle sort de l'ombre par la grande porte en mai 2007 en accédant, à 41 ans, au poste de garde des Sceaux (jusqu'en 2009).
Si elle décroche sa statue de cire au musée Grévin, son caractère et ses méthodes lui valent l'hostilité du monde judiciaire, jusqu'à l'exaspération de collaborateurs qui finissent par démissionner.
Ses apparitions dans les magazines people, sa grossesse savamment médiatisée -- jusqu'à son retour au ministère, cinq jours après l'accouchement -- irritent aussi.
Poussée contre son gré au printemps 2009 dans la campagne européenne, elle est élue députée à Strasbourg mais ne cache pas son ennui: "Je suis obligée de rester là, de faire la maligne", soupire-t-elle -- une phrase captée par un micro dans l'hémicycle strasbourgeois...
Elue en 2008 maire du VIIe arrondissement, elle s'est depuis mise un peu en retrait des projecteurs. "Elle s'est faite oublier, ce qui était une stratégie intelligente", estime un cadre du parti.
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