La grève a été reconduite ce lundi dans les raffineries du groupe TotalEnergies, malgré la signature, le 14 octobre avec la CFE-CGC et la CFDT, d’un accord majoritaire sur les salaires pour 2023. Invité ce 17 octobre 2022 d’Audition publique, l’émission politique hebdomadaire de Public Sénat et LCP-Assemblée nationale, en partenariat avec Le Figaro Live, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger a réaffirmé son désaccord sur la poursuite du mouvement, tout en appelant la CGT et le gouvernement à éviter « l’escalade ».
Il a estimé que les représentants de sa centrale, au sein du groupe pétrolier, avaient fait « leur travail de syndicaliste », en améliorant la situation des salariés. « D’autres organisations font d’autres choix », a-t-il souligné. « S’il n’y avait pas eu d’accord salarial, la CFDT serait dans ce mouvement potentiellement, mais il y en a eu un. » L’accord conclu la semaine dernière prévoit 7 % de hausse des salaires et des primes allant de 3000 à 6000 euros. Selon lui, le choix de la CGT « ne fait pas du bien au syndicalisme ». « Le syndicalisme, ça se mesure aux avancées qu’il obtient pour les salariés qu’il représente, et pas au niveau d’emmerdement qu’il crée pour les Français », a-t-il répliqué.
« Archifaux », rétorque le numéro de la CFDT à Philippe Martinez sur l’étendue de la grève
La CGT exige, quant à elle, 10 % de hausse des rémunérations, sur fond de bénéfices records pour le groupe. De quoi dénoncer l’accord signé par deux syndicats majoritaires. « Apparemment une majorité de salariés ne sont pas d’accord avec cette signature, sinon la grève s’arrêterait », a fait valoir Philippe Martinez, le numéro 1 de la CGT ce matin sur France Inter. Laurent Berger a contesté cette lecture ce soir. « C’est archifaux. Sur 14 000 salariés, il y a sans doute moins de 1 000 grévistes, peut-être moins de 300. » Le numéro 1 de la CFDT a également dénoncé l’appel de son homologue à soumettre à référendum l’accord négocié. « Il se tire une balle dans le pied […] A quoi sert la négociation collective et sociale dans une entreprise s’il faut soumettre l’accord des organisations ? »
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Alors que deux dépôts pétroliers ont été réquisitionnés sur décision de l’exécutif, Laurent Berger s’est surtout dit inquiet par le risque d’un conflit qui s’envenimerait. « Ce qu’il ne faut surtout pas, c’est l’escalade. Les réquisitions, ça doit être très encadré », a-t-il considéré. Rappelant que cet outil est « légal », il a cependant estimé que ce n’était pas la « meilleure manière de finir un conflit ». « Evidemment, il y a un sujet de réquisition qui est posé au gouvernement […] Je dis qu’il faut le faire avec mesure et qu’il faut essayer de trouver la porte de sortie maintenant. J’en appelle à la responsabilité, mais ça ne servira pas à grand-chose je le crains », a-t-il ajouté lors de l’émission.
« Oui, il y a une part de déconnexion » de la part du gouvernement
Le responsable de la CFDT a par ailleurs déploré les proportions prises par ce dossier social en particulier, occultant selon lui d’autres mouvements, dans d’autres secteurs. « Il y a des millions de salariés dont on ne parle pas. Au bout d’un moment, les jours que nous sommes en train de vivre, ça invisibilise totalement les salariés dont on ne parle jamais. »
Interrogé sur l’éventualité d’un manque d’anticipation ou de flair politique de la part du gouvernement, Laurent Berger a estimé que le problème était plus large que Total. « Sur ce sujet-là en particulier, je n’en sais rien. Sur une part de la colère qui gronde dans ce pays notamment sur la question du pouvoir de vivre décemment de son travail, oui il y a une part de déconnexion », a-t-il reproché. « Ça fait combien de temps que je répète qu’il y a un problème de salaires dans ce pays et de minimum de branches ? » Selon lui, le gouvernement devrait intervenir en conditionnant en partie les aides publiques versées aux entreprises à des politiques salariales.