Rapport Borloo :Macron l’a «enterré de la manière la plus brutale qui soit» fustige Stéphane Troussel

Rapport Borloo :Macron l’a «enterré de la manière la plus brutale qui soit» fustige Stéphane Troussel

Stéphane Troussel, président PS du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, était l’invité de Territoires d’Infos, mercredi matin, sur Public Sénat. Interrogé sur le discours d’Emmanuel Macron sur la banlieue, il estime que le Président n’est pas « à la hauteur de la mobilisation nationale ».
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Emmanuel Macron a donné un discours mardi sur les banlieues. Il devait annoncer ce qu’il retenait du plan de Jean-Louis Borloo. Finalement, il a présenté ses initiatives pour améliorer la vie dans les quartiers défavorisés, s’éloignant conséquemment du rapport qu’on lui avait remis. Parmi ses propositions, la création de 30 000 places de stages pour les élèves de 3ème. Le Président a-t-il été à la hauteur de la situation ?

« Je ne crois pas. Et surtout, il n’était pas à la hauteur de la mobilisation nationale, qui s’est organisée depuis plusieurs mois, notamment autour de Jean-Louis Borloo » réplique Stéphane Troussel président PS du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis.

Le rapport Borloo « très clairement » enterré

Selon lui, le rapport a été « très clairement » enterré. « Le Président de la République l’a même fait de la manière la plus brutale qui soit, avec des formules, très franchement, qui sur le plan personnel, vis-à-vis de Jean-Louis Borloo, sont totalement inacceptables ». Le socialiste cite notamment Macron « que deux mâles blancs ne vivant pas dans ces quartiers s'échangent l'un un rapport, l'autre disant « on m'a remis un plan » (…) Ce n'est pas vrai. Cela ne marche plus comme ça ».

Stéphane Troussel s’indigne : « Qu’est-ce que c’est que cette formule ? Ça voudrait dire que certains désormais pourraient s’occuper de ces quartiers et pas d’autres, c’est même inquiétant sur la vision qu’il peut avoir de nos quartiers ».

Le chef de l’État, lors de son discours, a également rappelé l’échec des politiques de banlieues depuis vingt ans. « On verra dans quatre ans, si Emmanuel Macron a, en matière de politique de la ville, et de rénovation urbaine, les résultats qu’a eus Jean-Louis Borloo avec la création de l’Agence nationale de rénovation urbaine (Anru) » rétorque-t-il.

La volonté affichée par l’exécutif, est de changer de méthode. « Ça veut dire quoi, changer de méthode ? Si changer de méthode c’est simplement un discours, et puis, finalement, ne pas annoncer de mesures concrètes et d’engagements financiers précis, qu’est-ce que cela change ? ». Stéphane Troussel reconnaît que la proposition de créer 30 000 stages pour les élèves de troisième est une bonne chose, « mais ce n’est pas tout à fait à la hauteur des enjeux posés dans ces quartiers » nuance-t-il.

Le socialiste persiste et signe : « Ce que je remarque, c’est que quand il s’agit des exilés fiscaux, de l’ISF, des grosses fortunes de ce pays, là, il y a des calendriers précis. (…) Quand il s’agit des banlieues, il ne faudrait pas avoir d’engagements chiffrés ? Qu’est-ce que c’est que cette faribole ? ».

Un rapport parlementaire a été remis avant le discours de mardi. Les deux auteurs de ce rapport, Rodrigue Kokouendo (LREM) et François Cornut Gentille (LR) , parlent de « défaillance de l’État » concernant le département de la Seine-Saint-Denis.

« Je le confirme » déclare Stéphane Troussel. « Le Président de la République a beaucoup insisté sur le fait qu’il ne fallait pas de différenciation dans ces quartiers, qu’il fallait le droit commun, qu’il fallait l’égalité réelle. Et bien je lui dis chiche. Voilà un cas d’école précis, concret, la Seine-Saint-Denis »

Le rapport parlementaire évoque notamment la situation du département, et atteste qu’il y a moins d’enseignants, de policiers, et de magistrats.

« Le Président doit prendre des engagements précis (…) Et là, il fera la preuve que ce ne sont pas que des paroles » conclut-il.

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