Lundi 24, un groupe de travail interne aux Républicains du Sénat mené par la sénatrice du Val d’Oise, Jacqueline Eustache-Brinio, rendait public un rapport ainsi que 17 recommandations pour lutter contre l’entrisme islamiste. Pendant 6 mois les auditions menées par 29 élus du groupe de travail LR, parmi lesquels Agnès Evren, Roger Karoutchi, Valérie Boyer « ont révélé que les stratégies d’infiltration islamiste reposent sur le double discours systématique, l’entrisme dans les institutions publiques (administration, éducation, sport) et l’instrumentalisation des libertés démocratiques », peut-on lire dans le rapport.
Pour installer « le réarmement républicain dans le pays », les élus reformulent des mesures comme l’interdiction du port du voile pour les accompagnatrices scolaires ou des mineures que la droite défend depuis plusieurs années. On relève aussi l’interdiction du jeûne pour les mineurs de moins de 16 ans (lire notre article).
Dans une lettre ouverte adressée au président du Sénat, Gérard Larcher, plusieurs responsables du culte musulman Bassirou Camara de l’Association de défense contre les discriminations et les actes antimusulmans), Mohamed Ould Kerroubi représentant le Conseil des Institutions musulmanes des Yvelines ou encore Karim Beneissa du Rassemblement des associations musulmanes du Val-de-Marne dénoncent « une instrumentalisation politique de leur pratique culturelle ».
« Ces dernières années, et de manière particulièrement intense ces derniers mois, l’espace public est saturé par une surenchère de publications sensationnalistes, de rapports approximatifs, d’enquêtes manifestement biaisées et de sondages réducteurs », fustigent-ils avant de mettre en garde contre ce climat instille la peur de l’autre et fragilise notre cohésion nationale ». « Il constitue une dérive grave pour nos principes républicains ».
« Le réarmement républicain concerne tout le monde », se défend Jacqueline Eustache-Brinio
Les auteurs mettent également en cause le choix des personnes auditionnées par la droite sénatoriale dont « plusieurs intervenants sont ouvertement hostiles à l’islam et aux musulmans », selon eux.
Parmi les personnes auditionnées par les sénateurs LR, on peut citer Hassen Chalghoumi, imam de Drancy et président de la Conférence des imams de France, Bertrand Chamoulaud, directeur National du Renseignement Territorial ou encore l’essayiste, Fatiha Agag-Boudjahlat.
« Dès lors qu’on interroge des personnes qui ne pensent pas comme les auteurs de cette lettre, ça ne leur convient pas. Si tous ces gens avaient été à nos côtés depuis 20 ans pour lutter contre l’islamisme, nous n’en serions pas là. Nous avons fait un constat sévère mais réaliste », réagit Jacqueline Eustache Brinio qui ajoute : « Le réarmement républicain concerne tout le monde. Quand on est citoyen de ce pays,n se fiche de la religion. La foi n’a rien à imposer dans l’espace public. A partir de là le sujet est clos ».
Un rapport « ahurissant » pour la gauche
Du côté de la gauche du Sénat, le sénateur communiste, Ian Brossat juge le rapport de ses collègues LR « ahurissant ». « Il est ahurissant pour deux raisons. Tout dans ce rapport est là pour faire des musulmans des boucs émissaires, des ennemis de la cinquième colonne à qui on attribue tous les maux de notre société. Et les propositions formulées sont délirantes. Vous faites comment pour interdire le jeûne aux mineurs ? Vous les obligez à boire et à manger ? J’étais dans le quartier de la Goutte d’or à Paris aujourd’hui, des habitants étaient choqués par ce rapport dont le « deux poids deux mesures » est tellement caricatural. En quoi le ramadan est problématique et pas le carême dans ce pays ? » interroge le candidat à la mairie de Paris.
A l’approche des élections municipales justement, les sénateurs LR, comme ils le proposent « depuis plusieurs années », « recommandent de rendre obligatoire la neutralité des élus dans l’exercice de leur mandat et l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires.