Le constat est unanime : la loi Egalim n’est pas suffisamment efficace. Actuellement, le prix des denrées alimentaires est fixé par les négociations entre les distributeurs et les industriels, indépendamment de ce que les agriculteurs demandent, conduisant une partie d’entre eux à vendre à perte.
Des contrats pluriannuels
Pour faire en sorte que les agriculteurs gagnent mieux leur vie, Serge Papin, ancien PDG de Système U formule neuf propositions. Première suggestion : en finir avec les négociations commerciales annuelles entre les producteurs, les distributeurs, et les industriels. Il souhaite mettre en place des négociations pluriannuelles avec la signature de « contrats » entre l’agriculteur et l’industriel qui va transformer ses produits (boulangerie, charcuterie etc.). Ces contrats pluriannuels d’une durée de 3 ans renouvelables seraient étendus à 6 ans « en cas d’investissements industriels importants ».
Une contractualisation pluriannuelle qui « va dans le bon sens »
Agriculteur et sénateur (Les indépendants-République et Territoires) de la Meuse, Franck Menonville estime que cette proposition de contractualisation pluriannuelle entre le producteur et le transformateur « va dans le bon sens ». Ce membre du groupe de suivi au Sénat sur la loi Egalim pense qu’il faut « sortir de la dualité grande distribution versus producteurs ».
Guerre des prix
Car le système actuel n’est pas satisfaisant. Franck Menonville dénonce « la surconcentration des grandes enseignes qui mènent une guerre des prix, ce qui tire les prix vers le bas ». Selon ce céréalier, « Le système actuel avec les négociations annuelles des prix sont anxiogènes » pour les agriculteurs.
Prix des matières premières
Autre proposition de Serge Papin : inscrire le prix des matières premières agricoles dans les contrats entre les agriculteurs, la grande distribution et les industriels. Selon l’ancien PDG de Système U, la prise en compte du prix des matières premières doit « devenir non négociable ». Ce contrat doit « prendre en compte les coûts de référence de la matière première pour tenir compte des coûts de production.
Indexation des prix
Il doit aussi prévoir des clauses mécaniques d’indexation du prix basées sur la hausse ou la baisse du prix des intrants (engrais, aliments du bétail, carburant) qui ont un impact sur la matière première agricole ».
« Livre de messe »
Mais les propositions de Serge Papin laissent Laurent Duplomb, sénateur LR et agriculteur en Haute Loire dubitatif : « l’enfer est pavé de bonnes intentions », rappelle-t-il, « quand je lis ce rapport j’ai l’impression de lire un livre de messe, l’objectif étant de faire plaisir à tout le monde ». Si Laurent Duplomb est plutôt favorable à la proposition de « renforcer les pouvoirs du médiateur » en cas de litige entre les parties au terme de la négociation d’un contrat, le sénateur s’interroge sur la proposition visant à « accélérer le regroupement en coopératives ». Selon lui, cela va favoriser des entités comme « C’est qui le patron ? ».
Prix garantis
Pour Laurent Duplomb, si l’on veut aider les agriculteurs à vivre correctement de leur labeur il faut travailler sur des prix garantis. Et : « empêcher certains enseignants d’expliquer aux enfants d’arrêter de manger de la viande, car ce n’est pas cela qui va aider l’agriculture française ! »
L’ancien patron de Système U juge probable qu’il faille passer par la loi pour mettre en place sa proposition phare de contractualisation pluriannuelle. Lors des questions d’actualité au gouvernement mercredi 24 mars, le ministre de l’agriculture Julien Denormandie a assuré « vouloir faire bouger les lignes » pour mettre fin à ce « jeu de dupes des négociations commerciales annuelles.