Politique
Le texte proposant d’allonger la durée maximale de rétention administrative pour les étrangers jugés dangereux à 210 jours devrait être adopté sans modification par la majorité sénatoriale.
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Par Public Sénat
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En double page dans le magazine l’Incorrect, le sénateur LR Sébastien Meurant, tente de sortir de l’ombre avec des propos choc, au moins du point de vue de sa famille politique. Jusque-là peu connu du grand public, élu du Val d’Oise et rapporteur spécial du budget de l’immigration, figure dans les bonnes pages du mensuel fondé par des proches de Marion Maréchal Le Pen, juste avant l’interview d’Éric Zemmour.
Sébastien Meurant ouvre la porte à un rapprochement avec le RN (anciennement FN). « Il faut s’asseoir et discuter, voir sur quoi on est d’accord et sur quoi on ne l’est pas » (…) Sur les questions régaliennes, par exemple, je ne vais pas vous dire que je m'oppose aux positions défendues par le Rassemblement national : ce sont celles que défendait le RPR dans les années 1980 ! Évidemment que je les partage puisque c'est sur celles-ci que, à l'âge de 18 ans, j'ai adhéré au parti de Jacques Chirac ! » clame-t-il.
Une interview où sa principale préoccupation reste l’immigration qui menacerait « la France de dissolution ». Le sénateur ne souhaite pas « se laisser mener à l’abattoir ou à la soumission par les islamistes ». « Il faut que la droite nomme les choses et fasse de ce combat le cœur de sa reconquête ». Au passage, il égratigne l’association France Terre d’Asile, « pilotée » selon lui « par des gens qui ont la philosophie no border ».
Contacté par Public Sénat ce lundi, il reproche également à son parti d’avoir « oublié les fondamentaux du gaullisme ».
Au Sénat, on ne peut pas dire que cette interview ait surpris ses collègues. « Lorsqu’il était rapporteur (du projet de loi immigration) de la commission des finances, j’avais senti un peu les choses » confie François-Noël Buffet, rapporteur LR de la commission des lois pour le même texte. « J’espère que ses paroles ont dépassé sa pensée. Je ne partage en rien les idées du RN. Le gaullisme ce n’est pas ça. Nous aurons une explication ou du moins une discussion demain à la réunion de groupe ».
Il est vrai que ce n’est pas la première fois que Sébastien Meurant s’exprime dans un média proche de l’extrême droite. En juillet dernier, sur le site Internet Boulevard Voltaire, fondé par Robert Ménard, le sénateur du Val d’Oise n’hésitait pas à faire un « lien évident entre immigration et délinquance et pauvreté ». « Il suffit d’ouvrir les yeux et les oreilles et de visiter les prisons » expliquait-il.
« J’écoute avec une pointe d’amusement quand on parle de refondation. La droite républicaine n’a pas disparu. Les valeurs comme la liberté et le travail sont toujours au cœur de notre projet. Après, il y a des appréciations à la marge. Le FN a lui des positions caricaturales sur la sécurité, l’organisation de la société, l’Europe… Un rapprochement avec ce parti est une ligne rouge écarlate à ne pas franchir. Revenir aux fondamentaux du gaullisme comme le demande Sébastien Meurant, c’est ce que nous faisons par exemple sur l’Europe. Nous sommes pour une Europe de projets qui ne fait pas disparaître les nations » lui répond Sophie Primas, présidente LR de la commission des affaires économiques.
La raison de cette interview au magazine l’Incorrect est peut-être à chercher du côté de son agenda politique. Sébastien Meurant est candidat à la présidence de la fédération LR du Val d’Oise (élection le 13 octobre), il est face à sa collègue du Sénat, Jacqueline Eustache Brinio. Lors des dernières sénatoriales, Sébastien Meurant n’avait d’ailleurs pas obtenu l’investiture du parti et avait mené une liste dissidente. « Qu’est-ce que ça veut dire revenir aux fondamentaux du gaullisme ? Si c’est l’humanisme et aimer la France, alors je partage son avis. Ça n’autorise pas à parler avec n’importe qui » déclare la sénatrice, Jacqueline Eustache-Brinio.
Sébastien Meurant flirte donc avec « la ligne rouge » établie par Laurent Wauquiez, que le sénateur avait d’ailleurs soutenu lors de la campagne pour la présidence des LR. « Notre ligne est très claire. Elle est très majoritairement partagée par les membres de l’équipe, les parlementaires, les membres du bureau politique et des militants Les Républicains. Là, c’est une expression isolée. On ne va pas rentrer dans une logique de sanction à chaque fois qu’une personnalité émet une opinion. Mais s’il y a une action politique alors là la sanction sera immédiate » a rappelé Lydia Guirous membre du bureau politique des LR, ce matin.
Si on peut à la rigueur émettre l’idée d’un rapprochement avec d’autres formations politiques, toute alliance est à proscrire. C’est ce qu’avait finalement bien compris Sébastien Meurant lui-même. « Il y a de vraies différences de fond avec ce qu’incarne Mme. Le Pen. Par contre, un mouvement politique n’est pas une secte, on a la liberté de parole » a-t-il expliqué à Public Sénat ce lundi.
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