La baisse de fréquentation a été radicale. Depuis le début du confinement, le nombre de passagers dans les transports en commun franciliens a chuté de plus de 95 %. Après le 11 mai, les voyageurs seront bien plus nombreux. Le port du masque y sera obligatoire, mais sans un minimum de distance entre les usagers, il n’offre pas de protection suffisante contre le covid-19. Un casse-tête pour la RATP.
Appel au télétravail
Combien de franciliens reprendront les transports en commun à la fin du confinement ? C’est la « grande inconnue » dont tout va dépendre, a expliqué Catherine Guilllouard. Pour assurer le respect des mesures de distanciation sociale, il faudrait limiter le flux de passagers à 15 % de son niveau habituel. Pour réduire le nombre d’usagers, la PDG de la RATP lance « un appel à toutes les entreprises » pour maintenir massivement le télétravail. Elle se dit également favorable à un système d’attestations d’employeurs justifiant les tranches horaires de déplacement sur le lieu de travail.
Distribution de gel hydroalcoolique
Pour tenter de limiter au maximum la circulation du coronavirus, chaque rame du réseau ferré sera nettoyée deux fois par jour. Pour les bus, un système de vaporisation de produits virucide, inspiré de l’aéronautique, est actuellement expérimenté. Durant les premiers jours du déconfinement, des masques d’appoint seront disponibles sur le réseau, ainsi qu’une cinquantaine de distributeurs de gels hydroalcooliques. L’offre sera progressivement étoffée jusqu’à la mi-juin, où plus de 1 000 points de distribution seront disponibles.
La RATP met également en place une signalétique via un marquage d’un million d’autocollants. Mais tous ces dispositifs ne seront efficaces que si les voyageurs en acceptent les règles. La RATP compte sur un « pacte voyageur » qui sera communiqué aux usagers.
Appel aux forces de l’ordre
Pendant la période de confinement, la RATP a maintenu le fonctionnement du réseau à 30 % de ses capacités. Après le 11 mai, l’entreprise passera à 75 % de son offre habituelle de transports. Théoriquement, plus il y a de rames de métros, moins elles sont bondées. Mais aux heures de pointe, il faudra contrôler les flux à l’entrée des stations. Pour cela, la RATP va déployer 3 000 agents, qui seront bien en peine d’assurer à eux seuls cette mission dans plus de 500 stations de métro, RER et tramways.
Catherine Guillouard demande donc un renfort des forces de l’ordre. En fonction du nombre de voyageurs, la RATP pourrait avoir besoin de 1 000 à 5 000 personnes de plus pour tenter de réguler le flux de voyageurs dans les stations. Quel que soit leur nombre, les agents en charge de la régulation ne seront déployés que sur le réseau ferré. Impossible en effet de contrôler les 12 300 arrêts de bus du réseau, bien trop nombreux.
« Il n’y aura pas un personnel dans chaque wagon »
Pour préparer le réseau à un afflux de voyageurs dont l’ampleur est impossible à anticiper, les agents de la RATP sont engagés dans une véritable course contre la montre. Mais quelques soient leurs efforts, les distanciations sociales seront difficiles à faire respecter sur un réseau aussi dense que celui de la RATP, qui transporte habituellement 12 millions de passagers par jour. « Il n’y aura pas de personnel dans chaque wagon » prévient Catherine Guillouard. L’entreprise n’a tout simplement pas les moyens humains de le faire dans les 5 800 rames de métro, RER et tramway. D’après la PDG de l’entreprise, aucun réseau au monde ne peut s’engager à « un respect à tous les endroits, à tous les moments, de la distanciation sociale ».