Recensement des migrants: les associations saisissent le Défenseur des droits
Plusieurs grands acteurs associatifs de l'hébergement d'urgence ont annoncé leur intention de saisir lundi le Défenseur des droits sur le...

Recensement des migrants: les associations saisissent le Défenseur des droits

Plusieurs grands acteurs associatifs de l'hébergement d'urgence ont annoncé leur intention de saisir lundi le Défenseur des droits sur le...
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Plusieurs grands acteurs associatifs de l'hébergement d'urgence ont annoncé leur intention de saisir lundi le Défenseur des droits sur le recensement que l'Etat prévoit de lancer dans leurs centres d'hébergement, craignant une "atteinte aux droits" des personnes étrangères.

Les associations emmenées par la Fédération des acteurs de la solidarité (Fas, ex-FNARS) demandent au Défenseur des droits Jacques Toubon "d'intervenir auprès du gouvernement" pour que ses dernières instructions "portant gravement atteinte aux droits fondamentaux" des étrangers "ne soient pas mises à exécution".

"Nous avons une situation difficile", a concédé le Défenseur des droits interrogé sur France Inter lundi matin. "Il y aurait un tri, une intervention dans certaines préfectures des services de police à l'intérieur des centres sociaux d'hébergement d'urgence, avec tous les risques de conflit" que cela engendre, s'est-il inquiété à propos de la circulaire du ministère de l'Intérieur datée du 12 décembre, et qui prévoit un recensement des migrants dans ces centres.

Les associations (dont Emmaüs, la Cimade, la fondation Abbé Pierre) avaient quitté la table le 8 décembre lorsque le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb leur avait présenté son projet, consistant à envoyer des "équipes mobiles", et orienter ses occupants vers des structures différentes selon qu'ils seraient réfugiés, demandeurs d'asile, déboutés...

Le minsitre de l'Intérieur Gérard Collomb, le 13 décembre 2017 à l'Elysée, à Paris
Le minsitre de l'Intérieur Gérard Collomb, le 13 décembre 2017 à l'Elysée, à Paris
AFP/Archives

Il ne s'agit pas d'envoyer des agents de police, avait alors précisé l'Intérieur, en indiquant que le but était de rendre de la fluidité à ces centres saturés en essayant de comprendre qui y était logé.

Mais, "sous couvert d'offrir une mise à l'abri" ou une "orientation" adaptée à leur situation, "ce dispositif détourne l'hébergement d'urgence et les lieux d'accueil gérés par les associations de leur finalité" et "les utilisent pour mettre en oeuvre la politique de gestion des flux migratoires", s'inquiètent les associations dans un courrier dont l'AFP s'est procuré une version provisoire.

Ce recensement conduira à "instaurer un contrôle généralisé des personnes étrangères" dans le but "de les identifier et de procéder à un examen contraint de leur droit au séjour en France", ajoutent les associations, "particulièrement inquiètes" de ce contrôle "qui s'affranchit de toutes les garanties prévues par le code de procédure pénale et de l'intervention de l'autorité judiciaire".

Le Défenseur des droits a précisé lundi avoir "écrit à M. Collomb le 14 décembre", pour l'interroger notamment sur "un point essentiel" à savoir "le droit à un recours" des personnes éloignées de ces centres.

Les associations s'alarment par ailleurs d'une autre circulaire datée du 20 novembre sur la lutte contre l'immigration irrégulière, qui selon elles "remet fondamentalement en cause ces principes socles de l'action et de l'aide sociale".

Les signataires s'inquiètent aussi de "la participation active des associations" découlant, selon eux, de ces dispositions.

Elles s'inquiètent notamment de mesures qui "auront pour effet de précariser encore davantage les personnes, dont des familles avec enfants", ajoute le courrier.

"Nous souhaitons (...) travailler avec les associations mais c'est à elles de dire comment elles veulent travailler avec nous", a répondu le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, sur RTL. "Nous, on essaye toujours de persuader, c'est même ce qui fait la marque de fabrique d'Emmanuel Macron", a-t-il ajouté, estimant qu'"au début les gens doutent de ce qu'il fait puis progressivement ils comprennent".

Partager cet article

Dans la même thématique

Photo Cazeneuve
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015, le récit de Bernard Cazeneuve : « Très vite, on a conscience que nous sommes confrontés à une attaque de grande ampleur »

ENTRETIEN - Dix ans après les attentats de Paris et de Seine-Saint-Denis, qui ont coûté la vie à 130 personnes, l'ancien ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, revient auprès de Public Sénat sur cette nuit de terreur, et la gestion de crise aux côtés du Président de la République et du Premier ministre.

Le

Recensement des migrants: les associations saisissent le Défenseur des droits
3min

Politique

« Il n’y a aucune délinquance dans les écoles de musique », affirme le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus

Il est sans conteste le maestro français le plus célèbre de sa génération. A 92 ans, Jean-Claude Casadesus continue de remplir les plus belles salles du monde sans jamais renier son attachement à la région du Nord. Lui qui a créé puis dirigé l’orchestre national de Lille, s’est engagé toute sa vie pour rendre la musique classique accessible à tous. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, Un regard, Il revient sur son immense carrière marquée par la passion et le partage.

Le

Paris: Senate pension debat
6min

Politique

Retraites : la gauche du Sénat désunie sur la suspension de la réforme

A partir du 19 novembre, le Sénat examinera en séance publique le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et sa mesure phare : la suspension de la réforme des retraites. Une concession du gouvernement faite au PS qui n’a aucune chance d’être adoptée à la haute assemblée à majorité de droite. Les socialistes ne devraient également ne pas être suivis par les communistes et écologistes sur le vote de cette mesure.

Le

Photo horizontale Hollande
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : « Je vois des victimes qui sortent du Bataclan, le regard hagard… », se remémore François Hollande

ENTRETIEN – Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, l'ancien président de la République revient auprès de Public Sénat sur le déroulé des attaques terroristes de Seine-Saint-Denis et de Paris. Il détaille la gestion de la crise et les décisions prises cette nuit-là, mais analyse aussi l'évolution du pays face à cette épreuve.

Le