L’éventualité d’un troisième confinement est dans toutes les têtes. À commencer par celles des élus des régions où la circulation du virus connaît un regain : le Grand Est ou les départements de Bourgogne Franche-Comté et des Alpes-Maritimes. « Si reconfinement il doit y avoir, il faut qu’il soit territorialisé, département par département », soutient le sénateur du Bas-Rhin, Claude Kern, dont le département connaît une situation moins critique.
Le Conseil de défense réuni ce mardi par visioconférence pourrait se prononcer sur des reconfinements locaux pour prévenir un nouveau rebond de la pandémie de coronavirus, qui a atteint un niveau alarmant en Angleterre. Le variant anglais du virus, réputé plus contagieux, a déjà été détecté en France. Dimanche, le ministre de la Santé affirmait qu’un troisième confinement n’était pas à exclure.
Une hausse de 70 % des contaminations
Dans la région Grand Est, la situation sanitaire s’est détériorée depuis le début du mois décembre : « Du 14 au 20 décembre, 12 760 nouveaux cas domiciliés dans la région Grand Est ont été enregistrés, contre 7 500 entre les 23 et 29 novembre, soit une augmentation de 70 % en 3 semaines », rapporte l’Agence régionale de santé. Le président du Conseil régional, Jean Rottner, ainsi que plusieurs maires appellent à un reconfinement local avant le 31 décembre.
« Il faut aussi prendre en compte la forte hausse des dépistages avant les fêtes qui a eu un effet sur le taux incidence », tempère toutefois Claude Kern. Pour la sénatrice du Haut-Rhin, Patricia Schillinger, l’angoisse des élus qui appellent à un reconfinement local est tout à fait compréhensible, « le Grand Est a été la première région touchée au début de la pandémie, à Mulhouse notamment ». La sénatrice serait, elle, plus favorable à des confinements plus localisés, par communes notamment.
Je pense que la perspective du reconfinement est une perspective aujourd’hui inéluctable
Certaines villes comme Nancy présentent une situation préoccupante. Le taux d’incidence y est passé de 108 cas positifs au Covid-19 pour 100 000 habitants le 3 décembre, à 258 lundi 21 décembre, selon le maire. « Je pense que la perspective du reconfinement est une perspective aujourd’hui inéluctable », a déclaré le maire de Nancy, Mathieu Klein à France info. « À l’hôpital de Nancy, nous sommes passés de 117 à 163 patients hospitalisés pour le Covid », a-t-il précisé tout en soulignant que la tension dans les hôpitaux s’est fait sentir avant même les réveillons de Noël.
Malgré la situation, les sénateurs se veulent prudents quant à la mise en place d’un nouveau confinement. « On sent un ras-le-bol par rapport au confinement, psychologiquement c’est extrêmement dur. Les secteurs comme l’hôtellerie, la culture mais aussi le sport sont au bord du gouffre », s’inquiète Claude Kern.
Demande de clarté au gouvernement
Même ressenti pour le sénateur de la Meurthe-et-Moselle, Jean-François Husson : « Il faut que les mesures soient acceptées et comprises. Il n’aura échappé à personne que le degré d’acceptabilité des Français est nettement moindre que lors du premier confinement ». C’est aussi ce qui est attendu du Conseil de défense : de la clarté.
« J’attends des lignes directrices claires qui reposent sur des connaissances clairement établies. Pourquoi il y a des endroits où on observe une hausse des contaminations, par exemple ? Il y a encore des phénomènes qu’on ne maîtrise pas bien », soulève Jean-François Husson.
L’Italie et Monaco, dans le viseur de Christian Estrosi
Dans le département des Alpes-Maritimes qui connaît aussi une dégradation sanitaire, le maire de Nice, Christian Estrosi, réclame la mise en place d’une campagne de vaccination « tout de suite et pas dans huit jours ». Selon les chiffres, le taux d’incidence dans le département le taux d’incidence atteint 323 pour 100 000 habitants, soit plus du double de la moyenne nationale.
Le maire de Nice appelle également le gouvernement à imposer des tests PCR aux passagers qui débarquent à l’aéroport de la ville mais aussi à instaurer une réciprocité de la quarantaine entre la France et l’Italie. Frontalière, la principauté de Monaco est dans le viseur de l’édile, là-bas les restaurants et les bars sont toujours ouverts et certains Niçois s’y rendent encore. La limitation des déplacements entre les Alpes-Maritimes et la principauté de Monaco s’impose donc pour Christian Estrosi.