Paracétamol : le plan de relocalisation du gouvernement ne convainc pas
Le plan de relocalisation de l’industrie de la santé, présenté ce jeudi par Olivier Véran et Agnès Pannier-Runacher, jugé trop frileux, ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique.

Paracétamol : le plan de relocalisation du gouvernement ne convainc pas

Le plan de relocalisation de l’industrie de la santé, présenté ce jeudi par Olivier Véran et Agnès Pannier-Runacher, jugé trop frileux, ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique.
Public Sénat

Par Marylou Magal

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Un large plan de reconquête de l’industrie de la santé. C’est ce qu’ambitionnaient Olivier Véran et Agnès Pannier-Runacher en présentant, ce jeudi, le plan d’action du gouvernement pour la relocalisation des industries de santé en France. Le ministre de la Santé et la secrétaire d’État ont annoncé la mobilisation de 200 millions d’euros pour ce secteur, partagés entre différents projets couvrant diverses stratégies thérapeutiques (vaccinales, antivirales, etc.) et approches technologiques (chimie, biotechnologies, etc.).

Suite, notamment, à la polémique créée par la pénurie de masques pendant l’épidémie de Covid-19, le président de la République a annoncé, ce mardi, le lancement « d’une initiative de relocalisation de certaines productions critiques ». « Nul ne peut concevoir que la France soit un jour dans l'incapacité de permettre à chacun d'accéder à des soins, à des traitements et à des médicaments », a renchéri, ce jeudi, Olivier Véran. Une mesure particulière a été citée par les ministres : la volonté du gouvernement de relocaliser l’ensemble de la production de paracétamol sur le territoire français d’ici trois ans.

« La France doit viser le leadership »

« Relocaliser la chaîne de production des médicaments est extrêmement important pour éviter toute dépendance vis-à-vis d’autres pays, réagit la sénatrice PC Laurence Cohen. En revanche, cela fait des années que nous nous battons pour la mise en place d’un pôle public du médicament et de la recherche au niveau national et européen, car le médicament n’est pas un bien commercial, et il est important, selon nous, d’imposer un contrôle public sur cette industrie ».

« Ce plan est un torchon, s’est insurgé l’économiste de la Santé Frédéric Bizard, interrogé par Public Sénat. La France était une terre d’excellence pharmaceutique, cela fait 20 ans que l’industrie décline, nos pouvoirs publics, lorsqu’ils parlent de reconquête, doivent viser le leadership ». Pour l’économiste, la série de mesures annoncées par le ministre de la Santé est loin d’être suffisante. « La relocalisation de la production du paracétamol est un écran de fumée, poursuit-il. Quand on a un modèle social généreux comme le nôtre, il faut produire des produits à forte valeur ajoutée et le paracétamol est un produit à faible valeur ajoutée économiquement parlant. Idem pour l’investissement : les 200 millions d’euros, qui sont déjà dérisoires par rapport à des pays comme la Chine et les États-Unis, le sont d’autant plus qu’ils sont disséminés entre différents projets ».

Pour Frédéric Bizard, l’insuffisance des mesures présentées par Olivier Véran et Agnès Pannier-Runacher traduit en fait par un manque de volonté politique. « Cela signifie qu’il n’y a pas de volonté politique forte pour que la santé redevienne un secteur stratégique. Derrière cela on voit que ce gouvernement ne veut pas faire de la santé un des quelques secteurs stratégiques pour relancer l’économie », analyse l’économiste.

Une réévaluation des besoins nécessaire

« C’est une première étape, tempère la sénatrice socialiste membre de la commission des Affaires sociales Victoire Jasmin. La relocalisation est une bonne chose, mais Il faut faire une véritable évaluation des besoins et des moyens nécessaires à la renaissance de cette industrie en intégrant les universitaires et les économistes pour mieux orienter les choix et les rendre pertinents par rapport aux besoins de la France et des Français. »

Partager cet article

Dans la même thématique

Paracétamol : le plan de relocalisation du gouvernement ne convainc pas
3min

Politique

Héritage des Jeux : « En 6 ans, on a pu faire ce qu’on aurait dû faire en 30, 35 ans » affirme le sénateur de Seine-Saint-Denis Adel Ziane

Une croisière sur le canal Saint-Denis, des visites des sites olympiques de Paris 2024… Et si les Jeux avaient transformé l’image de la Seine-Saint-Denis au point de rendre ce département plus touristique ? Un an après les JOP, quel est le résultat ? La Seine-Saint Denis a-t-elle changé de visage ? Oui, déclare le sénateur du département Adel Ziane, dans l’émission Dialogue Citoyen, présentée par Quentin Calmet.

Le

Paracétamol : le plan de relocalisation du gouvernement ne convainc pas
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

Paracétamol : le plan de relocalisation du gouvernement ne convainc pas
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le