Dans une droite en décomposition, il entend mener à bon port sa barque. Depuis la défaite des LR aux européennes (8,48 %), le président LR du Sénat, Gérard Larcher, est actif. La situation, bien que difficile, peut lui paraître favorable. Entre des ténors qui ont déserté le parti et sa position institutionnelle – le Sénat joue à plein son rôle de contre-pouvoir comme l’a montré l’affaire Benalla – le sénateur LR des Yvelines entend jouer une place centrale. Un point de stabilité dans le champ de ruine qu’est devenue la droite.
C’est dans ce contexte que Gérard Larcher tient sa conférence de presse de rentrée, ce mercredi 4 septembre, à 10 heures (à suivre sur Public Sénat). Il est attendu sur plusieurs points.
Reconstruction de la droite et du centre
Au lendemain de la déroute des européennes, Gérard Larcher prend l’initiative. Dans un hôtel parisien, il rassemble les présidents de régions de droite et d’associations d’élus. Valérie Pécresse est encore là. Le lendemain elle annonce son départ de LR.
Pour Gérard Larcher, la reconstruction de la droite se fera avec le centre ou elle ne se fera pas. Pour celui qui se revendique du gaullisme social, il faut élargir l’assise électorale d’un parti qui s’est recroquevillé. Il entame un tour de France où il prêche sa bonne parole. Une grande convention nationale conclura ses travaux le 11 octobre. A la rentrée des LR, samedi dernier, à La Baule, il a redit sa stratégie : il faut « reconstruire en commençant par le local ». Refusant la « sinistrose », il entend « élargir l’espace politique » de sa famille politique. Il ne prend cependant pas la peine d’écouter le grand oral des trois candidats à la présidence de LR et file pour la Normandie, où l’attend la Fête de la pomme d’Hervé Morin, un centriste justement.
Les municipales avec les sénatoriales en ligne de mire
Pour un sénateur, c’est l’élection qui compte. Pour les municipales de mars 2020, la droite tentera de conserver ses villes, comptant sur une élection où la dimension locale et l’équation personnelle comptent avant tout. De quoi limiter la casse. L’autre inconnue sera le niveau de LREM. L’enjeu est de taille pour les sénatoriales. Les conseillers municipaux représentent 96% du corps électoral des sénateurs, élus au scrutin indirect. Ce n’est pas pour rien si certains comparent les sénatoriales au troisième tour des municipales. Les résultats impacteront donc le renouvellement de la moitié du Sénat, pour le moment prévu en septembre 2020 (la réforme des institutions pourrait changer la donne, mais celle-ci est loin d’être adoptée).
Pour Gérard Larcher, c’est tout simplement sa majorité sénatoriale qui pourrait se jouer. Des municipales réussies pour LREM se traduiront automatiquement par une poussée au Palais du Luxembourg. De quoi affaiblir voire mettre à mal la majorité sénatoriale, composée des LR, mais aussi des centristes du groupe UC. Or ces derniers semblent parfois sous l’influence des sirènes macronistes. De quoi renforcer encore le rôle pivot du groupe centriste à l’avenir. Mais Gérard Larcher est apprécié au Sénat. Il saura continuer à jouer les rassembleurs. L’ancien ministre du Travail sait bien que la politique n’est pas qu’une affaire d’arithmétique partisane.
Difficultés d’exercice du mandat des maires
Après le décès accidentel du maire de Signes, cet été, la commission des lois du Sénat a lancé une grande consultation des maires sur les menaces et les agressions auxquelles ils sont confrontés. « Le maire n’est donc plus seulement "à portée d’engueulade" » s’était ému Gérard Larcher, qui se fait volontiers le porte-voix des élus locaux. L’ancien maire de Rambouillet est au chevet des élus locaux. La consultation débouchera sur des propositions qui pourraient nourrir le projet de loi sur le statut de l’élu, dont l’examen commence au Sénat.
Institutions : une réforme en suspens
C’est peut-être la réforme dont la gestation dure le plus longtemps depuis le début du quinquennat. Et rien ne dit qu’elle verra le jour, même avec l’ancien vétérinaire Gérard Larcher, à la manœuvre. Après des mois de discussions, de moments de tensions et de poker menteur entre l’exécutif et le Sénat, la réforme des institutions a été présentée en Conseil des ministres mercredi 28 août. Et ? C’est tout. Pour le moment, on en reste là. Le gouvernement ne compte pas l’inscrire à l’ordre du jour du Parlement tant qu’un accord avec le Sénat n’est pas trouvé au « préalable ». On attend la réaction de Gérard Larcher.
L’exécutif craint que les sénateurs, sans qui la Constitution ne peut être modifiée, plantent au milieu du gué le gouvernement et Emmanuel Macron avec. Mais officiellement, le canal de discussion est toujours ouvert. Le président de la commission des lois, Philippe Bas, ne ferme pas la porte. « Sur les principes généraux, nous sommes tout près de nous entendre » assure le sénateur LR de la Manche. Le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, est plus ferme et dénonce un « coup de com’ » du gouvernement.
Avant de toper, reste un gros de point de blocage sur la date des sénatoriales, que le gouvernement veut reporter à 2021 avec un renouvellement généralisé et non par moitié. Gérard Larcher avait déjà rappelé son attachement au renouvellement par moitié du Sénat. Le niveau de la baisse du nombre de Parlementaires, promesse d’Emmanuel Macron, est encore en discussion. Gérard Larcher y est prêt, mais il souhaite une réduction de 20% quand le chef de l’Etat propose 25%. Rien qui ne semble insurmontable. Quant aux 20% de proportionnelle, ils conviennent très bien aux sénateurs centristes. En revanche, les députés LR n’en veulent pas. Christian Jacob, à La Baule, a parlé de la « bataille de la Constitution » et d’un « combat » à mener contre la proportionnelle…
Sorti en octobre d’un livre, « Contre-pouvoir »
La rentrée de Gérard Larcher, c’est aussi un livre d’entretiens, écrit avec la journaliste du Figaro Marion Mourgue. Prévue le 9 octobre, la sortie de « Contre-pouvoir » – c’est le titre – tombe deux jours avant sa convention sur la reconstruction de la droite et du centre. Le président LR du Sénat y parle du Sénat et du bicamérisme bien sûr, mais aussi de ses relations avec Emmanuel Macron, ou encore de l’affaire Fillon. Gérard Larcher reviendra sur son parcours personnel. Parmi les entretiens, on trouvera notamment son père, Philippe. Pas impossible qu’on y parle aussi de chasse.