Pour le président socialiste du département de Seine-Saint-Denis, Emmanuel Macron devrait admettre « que les Français, consultés à trois reprises en juin et juillet, l’ont sanctionné ». Une éventuelle nomination de François Bayrou, reçu à l’Élysée ce vendredi matin, serait donc un mauvais signal.
Reçues par Élisabeth Borne, les associations d’élus font part de « leurs inquiétudes »
Par Lauriane Nembrot
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La Première ministre s‘y était engagée. Au cours des deux dernières semaines, Élisabeth Borne a multiplié les rencontres avec les représentants des groupes politiques, et les syndicats. Objectif : tenter de dialoguer et de tourner la page de la réforme des retraites, alors que la décision sur une validation totale ou partielle du texte par le conseil constitutionnel sera connue ce vendredi.
Mercredi 12 avril, c’était donc au tour des élus locaux de rencontrer la cheffe du gouvernement à Matignon. Pendant deux heures et demie, l’association des maires de France, l’union des agglomérations et l’Assemblée des départements France ont notamment pu échanger avec la Première ministre et le ministre des Territoires Christophe Béchu. Au sortir de cette rencontre, tous s’accordent à dire que « les échanges ont été constructifs », ou encore que « le dialogue a été franc ».
Tensions et fractures au sein de la société
Parmi les dossiers évoqués au cours de cette matinée de discussion, les tensions qui persistent partout en France en raison du projet de réforme des retraites porté par le gouvernement. « Il y a un climat de tensions très fort dans le pays, avec un sentiment très fort de colère qui s’exprime sur le terrain par rapport à la réforme des retraites », confie François Sauvadet, le président de l’ADF.
Les familles des classes moyennes vivent mal aujourd’hui. Tant qu’on n’a pas entendu ou ça, on est en difficulté.
Même constat dressé par Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente du réseau France urbaine qui réunit les agglomérations et les communautés de communes. « On a été beaucoup d’élus à dire qu’il y avait une urgence de comprendre à quel point le pays est fracturé », a déclaré l’élue, évoquant notamment des « fractures sociales et des fractures territoriales ». Celle qui appelle à l’apaisement souhaite éviter de « rajouter de la difficulté à la difficulté ».
Ces tensions sont exacerbées par le contexte économique marqué par une inflation galopante depuis le début de l’année. « Les familles des classes moyennes vivent mal aujourd’hui. Tant qu’on n’a pas entendu ou ça, on est en difficulté », alerte Johanna Rolland. Christophe Béchu, ministre des Territoires, assure à ce sujet que « les élus sont enracinés dans les territoires et certains ont fait part des mobilisations qui ont pu se tenir chez eux. Certains ont aussi fait part que les retraites n’étaient pas l’unique sujet de préoccupation des concitoyens ».
« On ne revient pas sur le pacte de Cahors »
Maintenant que le constat est dressé, « nous sommes déterminés à trouver des solutions adaptées à chaque territoire », assure de son côté le président délégué de Régions de France Renaud Muselier, qui a également pris part aux discussions à Matignon ce mercredi.
Nous voulons une vision partagée avec les départements pour que l’on puisse apporter des réponses concrètes à nos compatriotes.
Et pour travailler avec les élus locaux, Élisabeth Borne se serait engagée à ne pas revenir sur le pacte de Cahors. Datant de 2017, il encadre et régule les dépenses publiques des collectivités. Une position que fustigent certains élus locaux à l’instar de François Sauvadet. « Nous ne voulons pas le retour des contrats de Cahors. Nous ne voulons pas la contrainte. Nous voulons une vision partagée avec les départements pour que l’on puisse apporter des réponses concrètes à nos compatriotes », a encore déclaré le président du département de la Côte-d’Or. Pour l’actuel président de l’Association des départements de France, la priorité est d' « apporter des réponses à tous ceux et celles qui s’inquiètent pour leur avenir et qui ne voient pas d’issue.
Encourager le fonds vert
C’est maintenant à l’exécutif de plancher sur le volet des financements pour tenter de répondre aux doléances des élus locaux. Interrogé sur les prochaines étapes du calendrier, Christophe Béchu indique que des discussions vont avoir lieu entre le gouvernement et les élus locaux. Matignon précise aussi qu’un comité interministériel de la ville se tiendra au mois de juin D’autre part, « afin d’assurer une réelle « justice territoriale », le gouvernement présentera d’ici l’été deux plans d’ampleur en faveur des quartiers de la politique de la ville et des territoires ruraux », a également fait savoir l’équipe d’Élisabeth Borne ce mercredi.
Le gouvernement a annoncé la pérennisation du fonds vert au-delà de la seule année 2023.
Les sujets qui seront évoqués sont déjà connus. Au centre des discussions : la décentralisation, l’inflation, les ZFE (zones à faible émission). Enfin, l’échange de ce mercredi a permis aux élus locaux d’échanger avec le gouvernement sur la transition écologique. « La réussite de la planification écologique se jouera avec les collectivités territoriales, responsables d’une part essentielle de la mise en œuvre des grands chantiers du plan « France Nation Verte », fait savoir Matignon.
« Un agenda de travail commun de l’État et des collectivités pour atteindre les principaux objectifs et jalons de la planification écologique, et les leviers pour y parvenir » a pu être communiqué entre les parties prenantes. « À cet égard, le gouvernement a annoncé la pérennisation du fonds vert au-delà de la seule année 2023, afin d’accompagner au mieux la mobilisation de l’investissement public local pour la planification écologique », précise encore Matignon. En attendant, une nouvelle journée de mobilisation générale contre le projet de réforme des retraites porté par le gouvernement est prévue jeudi 13 avril à l’appel de l’intersyndicale.