Plus de six mois après le déclenchement de la guerre aux portes de l’Europe, c’est la prise de parole de la présidente de la commission était attendue. Arrivée dans l’hémicycle vêtue de jaune et bleue aux côtés de la première dame ukrainienne Ursula von der Leyen a d’emblée affiché son soutien indéfectible à Kiev face à la Russie de Vladimir Poutine.
Ursula von der Leyen « libérée »
« J’ai trouvé la présidente Ursula von der Leyen très libérée, je l’ai trouvé très présente physiquement avec Olena Zelenska qui était présente depuis la veille à Strasbourg, avec laquelle visiblement elle avait passé pas mal de temps. Je l’ai trouvé pleinement consciente, chargée de cette mission de l’Europe de soutenir l’Ukraine », affirme la française Fabienne Keller, du groupe Renew Europe, parti allié de la Commission. Cette stature de cheffe de guerre a séduit au-delà des alliés politiques d’Ursula Von der Leyen. « Le soutien européen au peuple ukrainien, c’est très important. Et c’est une des dimensions fondamentales de son discours », reconnaît Marisa Matias élue portugaise du groupe la Gauche, pourtant clairement dans l’opposition.
Mais si la cheffe de l’exécutif européen a plutôt convaincu sur son soutien à Kiev, sur les questions énergétiques, et les enjeux démocratiques, une petite phrase a suscité de nombreuses interrogations. Ursula Von der Leyen a plaidé pour « une nouvelle gouvernance économique », appelant à « redécouvrir l’esprit de Maastricht ».
« Nous nous sommes déjà aperçus que cette règle ne fonctionnait pas »
Un traité dont on va bientôt célébrer les 30 ans qui avait pour ambition de coordonner les politiques budgétaires nationales des Etats membres, afin d’éviter l’apparition de déficits budgétaires excessifs. En fixant comme objectif de maintenir le déficit en dessous de 3 % du PIB et les dettes publiques à un niveau inférieur ou égal à 60 % de leur PIB, le traité avait concentré les critiques de ceux qui y voyaient surtout une limite à la dépense publique. Des verrous budgétaires qui ont sauté avec la pandémie, et le déploiement de mécanismes de soutien à l’économie, et aux salariés comme en France.
Y revenir serait une grave erreur pour Marisa Matias, qui ne décolère pas. « Ça veut dire reprendre encore le pacte de stabilité et de croissance. Ce n’est pas le bon moment. Nous nous sommes déjà aperçus que cette règle ne fonctionnait pas¸ et pour moi c’est vraiment une surprise de tenir cela comme propos, dans ce genre de discours, dans un moment où la présidente elle-même dit qu’il y a encore un risque de récession économique. »
« Maastricht, c’était il y a 30 ans ! »
Même parmi ses alliés, cette référence ne passe pas non plus. « Il faut une philosophie de gestion budgétaire saine, mais celle-ci ne peut pas s’appuyer sur des critères anciens. 30 ans ! Maastricht c’était il y a 30 ans ! » Un jeu d’équilibriste à venir pour la présidente de la Commission européenne. Cette dernière veut à la fois que les Etats membres aient « davantage de compte à rendre » concernant leur dette publique, tout en ayant « plus de flexibilité sur leur trajectoire de désendettement » et « plus de souplesse pour investir ». La Commission d’Ursula von der Leyen formulera ses premières propositions en la matière dès le mois d’octobre prochain.
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